POW x Moraine : mesures annuelles au glacier d’Ossoue

POW x Moraine : mesures annuelles au glacier d’Ossoue

Nous étions quelques membres de POW (Laura, Florian, Guillaume et moi) à accompagner Pierre René de l’association Moraine sur une nuit au sommet du Vignemale le week-end passé.

Comme chaque année en fin de période estivale, nous participons à la réalisation des mesures d’ablation de ce glacier des Pyrénées : le glacier d’Ossoue.

Samedi 11 octobre 2025, 11h du matin sur Gavarnie

Nous retrouvons Pierre René et son équipe de l’association Moraine pour participer au traditionnel bivouac au sommet du Vignemale qui marque la fin de la saison de mesure du glacier d’Ossoue.
Nous sommes 9 au départ du barrage d’Ossoue (1825m) et avons RDV 1000m plus haut sur le glacier avec une jeune équipe de cinéastes, Capucine et Florent, qui réalisent un documentaire pour France 3.

Il fait un temps radieux et nous emboitons le pas alerte de Pierre qui a déjà emprunté cette portion du GR10 plus de 125 fois !
3h et demi plus tard nous arrivons enfin sur le glacier et cheminons de balises en balises pour relever les mesures d’ablation glaciaire. Nous observons les moulins formés par la fonte de la glace et découvrons une grotte glaciaire précaire formée à quelques mètres du socle rocheux. L’année prochaine elle aura disparue.

Au fil des mesures on constate que le mois de septembre n’a pas laissé de répit à l’Ossoue. La moyenne globale de l’ablation mensuelle est d’environ 1,2m, certes deux fois moins importante que l’impitoyable mois d’août. Le bilan glaciaire est de 3,5m, soit 3,2m en équivalent d’eau.
L’heure tourne, il est temps de gravir les 200m de rocher qui nous séparent du sommet du Vignemale (3298m) que nous atteignons vers 18h30. Le soleil se couche lentement laissant place à la morsure du froid que nous avions fini par oublier après cet été caniculaire. Il est temps de préparer nos points de bivouacs au sommet, les places sont limitées.

Pour ma part je choisis un repli 30m plus bas dans la grotte Paradis du Comte Russell. J’ai choisi la bonne option, les températures sont descendues à -5°C dans la nuit…
Le lendemain matin nous attendons que le soleil nous réchauffe avant de redescendre le Vignemale devenu de plus en plus pénible à gravir à mesure que le glacier se retire, puis nous regagnons tranquillement la vallée après avoir pris le temps de quelques mesures en vue d’établir le bilan glaciaire 2025.

Il aura perdu plus de 3,5 mètres d’épaisseur de glace au cours de l’été. Sur 24 années de mesures il s’agit du 4ème bilan de masse le plus déficitaire.

RDV en 2026 pour une nouvelle aventure en celui magnifique si chargé émotionnellement.

Emmanuel

Photos : Emmanuel Lazorthes, @laura_cantounet, Pierre René

Notre communauté a du talent Laura et son travail chez Fifteen

Notre communauté a du talent Laura et son travail chez Fifteen

Aujourd’hui on donne la parole à Laura, bénévole chez POW depuis un long moment, qui nous parle de son travail chez Fifteen : un acteur important du vélo, que vous ne connaissez pas forcément de nom mais qui se cache derrière des choses que vous avez peut-être déjà utilisées pour beaucoup d’entre vous !

Peux-tu te présenter et présenter rapidement ce que c’est Fifteen ?

Je m’appelle Laura et je travaille pour la société Fifteen en tant que Sales Manager France depuis Annecy où j’exerce en télétravail. Fifteen conçoit et fabrique des services vélos pour les collectivités, on a notamment développé un système de stationnement et de recharge de vélos électrique en libre service assez avant-gardiste. Nous sommes les leaders en Europe dans la conception de services vélos, avec des références sur tout type de villes, des grandes métropoles comme Paris Vélib, Le Vélo à Marseille, à l’international comme à Vancouver ou Helsinki, et dans pas mal de villes moyennes comme Epinal, Vichy, Avignon, Auxerre, où nous avons de superbes résultats d’usages. La mobilité urbaine, notamment à travers des solutions innovantes et écologiques, est au cœur de mon travail quotidien.

Parallèlement à mon activité professionnelle, je suis bénévole pour l’association Protect Our Winters (POW). Cette organisation rassemble les pratiquant·es de sports outdoor qui partagent la même passion pour la nature et l’environnement, avec pour mission de lutter contre le changement climatique et de préserver ces espaces fragiles qui souffrent en première ligne du dérèglement climatique. En tant qu’amoureuse de la montagne, je m’engage à protéger les paysages que j’aime tant, tout en sensibilisant d’autres passionné·es aux enjeux climatiques. Et comme notre fer de lance c’est la mobilité en montagne, ça rejoint complètement mon activité professionnelle sur un autre spectre !

 

Quand tu parles des villes où vous êtes présents et des résultats que vous avez qui sont hyper positifs, est-ce que tu pourrais nous partager quelques exemples différents de villes et quelques chiffres ?

Oui ! Pour se donner un ordre d’idée, je prends 3 exemples bien différents. 

Avignon, Vélopop = c’est 300 vélos en libre-service avec un lancement en juillet 2024
– On a déjà 7250 usagers uniques soit un équivalent de 7,8% de la population
– 90 000 trajets
– 280 000 km parcours
– 30 000 kg de CO2 évité

Auxerre
Auxerre est intéressant car c’est petite ville avec un service adapté, qui s’appelle Aux’R’M.
On propose des vélos en libre service courte et longue durée, directement en station ! Un usager peut souscrire à une offre de LLD à n’importe quelle heure en autonomie dans la rue. On envoie un petit kit de bienvenue à chaque souscription pour que l’usager puisse charger son vélo à la maison !
On compte 320 vélos en libre-service et 43 stations.

Marseille
En 2022 nous avons remplacé la flotte de vélos 100% mécaniques, en passant à une flotte 100 % électrique : les usages ont été multipliés par 2,5 sans augmenter le nombre de vélos (2000 en tout).
– Marseille c’est colossal, il y a 50 000 trajets par mois avec LeVélo
Depuis son lancement c’est:
– 180 000 usagers
– 5 282 576 trajets
– 16 427 244 km parcours
– 1 097 780 kg de CO2 évités

Proposer des vélos électriques peut sembler contre-intuitif d’un point de vue écologique, mais c’est en réalité bien plus efficace que d’offrir des vélos mécaniques, et ce pour plusieurs raisons :
– Un vélo électrique remplace 3 à 4 fois plus de trajets initialement effectués en voiture qu’un vélo mécanique
– Il touche un plus large public, y compris ceux qui ne sont pas habitués à faire du vélo, en leur offrant une alternative crédible à la voiture
– Les vélos électriques sont plus inclusifs et accessibles à une diversité d’usagers
– Ils permettent d’effectuer des trajets plus longs (en distance, pas vraiment en temps)
– Ils sont particulièrement adaptés aux déplacements domicile-travail

Cependant pour que ces avantages aient un véritable impact écologique, il faut remplir certaines conditions : le vélo doit être éco-conçu, et ses batteries doivent être durables, c’est-à-dire robustes, réparables et recyclables. Chez Fifteen, nos vélos sont conçus en France à Vanves, assemblés dans les Hauts-de-France, et les batteries sont fabriquées, réparées et recyclées à Clermont-Ferrand.

Est-ce que vous êtes présents dans des villes de montagne ? Si non, pourquoi ?

Non pas vraiment, on ne cible pas spécifiquement les territoires de montagne, en raison de divers défis opérationnels (comme la décharge rapide des batteries due au froid, les sols glissants en hiver, la neige, etc). Ceci dit, je serais ravie d’échanger avec des élus de territoires de montagne pour explorer et approfondir ces enjeux si certains nous lisent !

Sans rentrer dans trop de technique, mais vous rentrez en contact avec qui exactement quand vous voulez intégrer votre service à une ville ? Est-ce que quelqu’un qui lira l’article et qui vit dans une ville où il n’y a pas de services vélos peut par exemple envoyer un message à sa mairie pour parler de vous et demander que l’arrivée d’un service du genre soit étudié ?

Oui avec plaisir, chaque collectivité a un service mobilités ou transports. Il ne faut pas hésiter à leur soumettre l’idée. Je pense que c’est même une très bonne chose d’avoir des initiatives citoyennes sur ces sujets-là ! 

Est-ce que tu as de la visibilité sur le nombre de villes qui ont un service Fifteen ou similaire, ça peut être pertinent de voir la marge qu’on a encore !

En France, il y a eu le recensement suivant en 2022*:
– 74 services vélos en libre-service (VLS)
– 271 service de location longue-durée (LLD)
*Chiffre établi d’après le recensement effectué par l’Union Sport & Cycle en 2022
Les territoires ne cessent de s’équiper, donc c’est difficile d’avoir une vision exhaustive à ce jour ! Mais si vous n’avez rien dans votre ville, tentez le coup !

C’est quoi la plus petite ville où vous êtes installés et est-ce que c’est une démarche de votre côté d’intégrer des villes encore plus petites ?

Il est vrai qu’il fut un temps où les services vélos étaient principalement destinés aux grandes villes et métropoles. Aujourd’hui, c’est impressionnant de constater à quel point les vélos se sont durablement implantés dans des territoires plus petits, moins denses et plus ruraux ! Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que ces zones sont souvent celles où un service vélo a le plus d’impact. En effet, ces territoires manquent parfois d’alternatives en matière de transports en commun, et un service de vélos devient alors une véritable solution pour les déplacements du quotidien. Fifteen a largement contribué à cette tendance, notamment depuis le lancement en 2020 de ses stations ultra-compactes, qui sont très abordables et faciles à installer, même pour des collectivités avec un budget limité. La plus petite ville où nous sommes implantés est Landerneau en Bretagne, qui compte 15 700 habitants, et environ 30 % de la population utilise ou a utilisé le service !

Plus personnellement, est-ce que tu peux partager quelques mots sur ton engagement chez POW ? Est-il complémentaire à ton travail ?

Mon engagement chez POW me permet d’explorer une autre facette de la lutte pour le climat, et de m’entourer de personnes qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes craintes que moi. Nous nous sommes organisés en un réseau assez intéressant dans chaque région de France et il commence à y avoir une jolie communauté à Annecy. On s’inspire les uns les autres ! Si chez Fifteen, je me concentre sur la mobilité urbaine, chez POW, je me focalise sur la protection des environnements naturels, notamment les montagnes. Les deux engagements se complètent parfaitement, car ils reposent sur une même conviction : il est essentiel d’agir pour préserver notre planète, que ce soit en ville ou dans les espaces naturels.

Qu’est-ce qui t’as motivé à t’engager, que ce soit dans ton boulot ou chez POW ? Et c’est quoi toi ton rapport au vélo ?

J’ai vraiment découvert le vélo en 2020. C’est à ce moment-là que j’ai eu mon réveil écologique. À l’époque, je bossais dans une entreprise qui fournissait des services aux aéroports, et le COVID a accéléré les choses : licenciement économique, déménagement à Annecy. J’ai repris possession de mon temps et de mon espace. En plus, j’ai été profondément marquée par la vision des stations de ski désertes pendant l’année blanche qui a suivi. Ça m’a frappée de voir à quel point on défigurait nos montagnes et l’impact que le ski a en termes de surconsommation des ressources. Ça m’a vraiment dégoûtée. C’est là que j’ai radicalement changé mes habitudes : j’ai intégré le vélo à mes trajets quotidiens et j’ai presque complètement laissé tomber le ski alpin pour le remplacer par le ski de randonnée. J’avais envie de réduire au maximum mon impact. Côté pro, j’ai aussi voulu faire bouger les choses, contribuer positivement à la société. En somme, pour moi, le vélo, c’est bien plus qu’un moyen de transport, c’est un outil extraordinaire pour les loisirs, les voyages, et l’aventure !

Un dernier message aux personnes qui vont te lire, peut-être à des gens qui hésitent à s’engager davantage en faveur du climat ? 

Je pense qu’il est urgent de mettre notre énergie et notre intelligence pour des entreprises à impacts qui sont alignées avec nos valeurs et nos enjeux. Le télétravail est un des héritages positifs du COVID et cela permet à des personnes comme moi de travailler depuis la Haute-Savoie sur des projets à impacts à l’échelle nationale. J’en suis ravie, il faut en profiter et ne pas hésiter à postuler dans des entreprises qui façonnent le nouveau monde de manière plus durable, avec des missions sociales justes. La transition écologique passe aussi par nos métiers au quotidien. Je serais ravie d’échanger avec vous sur ces sujets, vous pouvez me contacter via LinkedIn (Laura Dahan)🙂

 

 

 

 

 

Extrême droite, pire ennemi du climat ?

Extrême droite, pire ennemi du climat ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, si vous êtes surpris.e.s que l’on parle de l’extrême droite frontalement, vous pouvez retrouver la position de POW sur le sujet ici.

Chez POW, on a toujours pointé du doigt les actes anti-écologiques du gouvernement en place, car être apartisan ne veut pas dire que l’on est apolitique, bien au contraire. Et après la victoire écrasante de l’extrême droite aux élections européennes et la dynamique actuelle, il nous paraissait essentiel de mettre en lumière le danger que représente l’accession au pouvoir du Rassemblement National (RN) pour le climat. Spoiler : dans son programme pour les législatives, le RN ne mentionne absolument pas le climat. Le mot n’apparaît même pas. Entre le RN et le climat, la relation semble donc bien inexistante… on vous en parle dans tous ces points.

 

    • – Justice Climatique 🤝 Justice Sociale 
    • – Ne pas seulement freiner, mais reculer ! Même sur la mobilité… 
    • – Un climatodénialisme très fort
    • – L’extrême droite, ce sont les scientifiques qui en parlent le mieux
    • – Le RN, ennemi des associations 
Justice Climatique 🤝 Justice Sociale 

La transition écologique sera juste, ou ne sera pas. Il est impossible de penser climat sans penser inégalités sociales et économiques. Les classes les plus populaires sont celles qui subissent le plus les effets du changement climatique. A l’inverse, les personnes les plus riches contribuent le plus à accélérer ce dernier et en sont les moins impactées. En France, 63 milliardaires émettent plus de gaz à effet de serre que la moitié de la population (~34 millions de personnes) et à l’échelle mondiale, 1% des plus riches polluent autant que 66% des plus pauvres.

Le souci avec le RN, c’est que ni le climat, ni la lutte contre les inégalités ne sont une priorité. Loiiiin de là. La politique économique du parti va largement en faveur des grosses entreprises, étant toujours très à l’écoute des gros lobbies industriels. Il vote systématiquement en défaveur des lois visant à protéger les plus modestes et réduire les inégalités, telles que le rétablissement de l’impôt sur la fortune, qui permettrait de financer une grande partie de la transition écologique.

De nombreux économistes renommés s’opposent d’ailleurs au programme du RN, montrant qu’il s’agit d’un programme bancal, qui ne résoudra aucunement les problèmes d’inégalités économiques, et donc sociales, et donc écologiques du pays.

Ne pas seulement freiner, mais reculer ! Même sur la mobilité…


Le programme du RN ne se contente pas de ne rien faire, il veut aussi reculer, et sur de nombreux points. L’intégralité des points, en réalité. Déjà, le RN vote systématiquement contre les lois environnementales, autant en France qu’en Europe (contre la taxation du kérosène, contre la loi de restauration de la nature, contre l’interdiction des polluants éternels (PFAS)…).

Sur les énergies renouvelables, en juin 2024, Marine Le Pen a affirmé que ces dernières n’étaient “ni propres ni renouvelables”, et souhaite démanteler toutes les éoliennes du pays. Elle ne souhaite investir que dans le nucléaire, et ne prévoit aucunement de sortir des énergies fossiles, qui sont la plus grande source d’émissions de GES dans le monde.

 

Concernant la mobilité, notre sujet phare chez POW, elle n’apparaît tout simplement pas dans les 22 mesures du programme du RN. Il n’y a RIEN DU TOUT. Pour trouver des informations sur ce sujet, il faut aller fouiller dans un cahier thématique tout au fond de leur site. Et là, surprise, le RN prévoit “d’assurer le respect du droit à la mobilité individuelle”. Tout ce contre quoi il faut aller. C’est-à-dire que le RN souhaite détaxer les carburants, revenir sur l’interdiction de la vente des voitures thermiques en 2035 (qui sont la principale source d’émissions de CO2 du pays), supprimer les Zones à Faible Emission, et ne mentionne absolument pas le train.

Que ce soit à échelle nationale ou européenne, le RN s’oppose à tout ce que POW défend. Tous leurs votes sur l’ensemble des sujets vont à l’encontre du climat et de la justice sociale. Pour approfondir sur ce point, même s’il ne mentionne que les mesures européennes, vous pouvez retrouver notre scoreboard pour vous rendre compte de la fibre écologique fantôme de ce mouvement.

Un climatodénialisme très fort

“Il ne faut pas se baser uniquement sur les données du GIEC” dont les membres “ont parfois tendance à exagérer”Thomas Ménagé député RN sortant et candidat, août 2023. Marine Le Pen a également déclaré que le GIEC a “toujours été alarmiste”.


“Le 3 janvier 2024, la Suède a enregistré les températures les plus basses depuis 25 ans, avec -43 degrés. À cette heure, nous n’avons pas encore de commentaires du GIEC.”Christophe Barthès, député RN sortant et candidat, janvier 2024. Ce dernier est également connu pour avoir émis des doutes sur la pertinence des termes “réchauffement” ou “dérèglement” du climat, et s’est questionné sur la durée du changement climatique, considérant qu’on ne sait pas ce qu’il en sera “dans 10 ans” et que ça ira peut-être mieux.

Remettre en cause les travaux du GIEC, qui regroupe des centaines de scientifiques renommés du monde entier pour produire des rapports sur les dernières données du changement climatique, est extrêmement grave, mais ne semble pas faire peur au RN qui fait preuve d’un climatodénialisme fort et n’hésite pas à le faire publiquement. Alors que pourtant… :

 

L’extrême droite, ce sont les scientifiques qui en parlent le mieux

 

De nombreux scientifiques renommés, comme Jean Jouzel ou Valérie Masson-Delmotte, s’inquiètent et s’expriment dans les médias face aux risques que représenterait le RN au pouvoir pour le climat. Jean Jouzel, mondialement reconnu pour ses travaux au sein du GIEC, a par exemple déclaré que  « Le RN n’a aucune ambition en termes de lutte contre le changement climatique. C’est le vide. »

On en a donc profité pour demander à des scientifiques proches de POW s’ils souhaitaient s’exprimer sur le sujet. Voici les précieux retours que l’on a eus des glaciologues Luc Moreau et Jean-Baptiste Bosson, et d’Anaïs Bigot, géoscientifique en glaciologie, géomorphologie et climat.

Je dirais qu’il faut absolument voter pour quelqu’un qui a un programme solide pour l’environnement. Il y en a qui ont des programmes qui sont vides, comme le dit Jean Jouzel. Pourquoi ? Parce que l’environnement, c’est la base, pour être en bonne santé et pour être en vie. Pour pouvoir faire de la politique, du business, jouer, s’amuser, travailler, apprendre, on est obligés d’être vivant.e.s. Comme le dit Yvan Chouinard “on ne fait pas de business sur une planète morte”. Aujourd’hui, on se doit de préserver cet environnement, de le réparer, d’avoir les bonnes solutions, et on n’a pas une minute à perdre vu qu’il y a un certain temps entre la décision et les actes. Et il y a un temps de réponse énorme dans l’environnement ! Aujourd’hui il y a des saisons où la couche d’ozone se reconstitue parce qu’on a pris les bonnes décisions il y a 30 ou 40 ans. Et les glaciers, bien sûr, sont très importants, parce qu’ils équilibrent le climat. Moins il y aura de glace et de neige, plus ça va se réchauffer car les surfaces seront de moins en moins blanches. Donc voter pour quelqu’un qui a un programme solide pour l’environnement, parce que c’est la base pour être vivant.e.s, pour pouvoir vivre sur cette planète, qui est la seule.

Luc Moreau, glaciologue

Face aux crises que nous avons générées, le changement climatique, la dégradation de la nature, la disparition des glaciers, la modification du cycle de l’eau, nous devons absolument réagir. Partout la montée de l’extrême droite est la pire des options possibles, celle du laisser faire et de la haine, celle qui empêche le futur. Nous devons réapprendre à vivre ensemble et nous engager à la hauteur des enjeux. Le choix qui est devant nous sera déterminant, pour nous, les générations futures et la planète. Allons voter contre l’extrême droite et pour le vivant.

Jean-Baptiste Bosson, glaciologue

Je ne suis pas là pour exposer pour qui voter, mais je sais que mon cœur, ma raison ainsi que mon travail dans les sciences naturelles me disent de voter pour un parti qui considère le climat comme une priorité absolue. J’estime que l’une des missions des géoscientifiques est d’alerter sur l’importance de prioriser des partis politiques qui considèrent réellement le climat et mettent des moyens en œuvre. Parce que ce sont ces personnes qui disposent de réels pouvoirs pour mettre en place des lois, des restrictions, des limitations capables de suivre les recommandations scientifiques. D’ici 2100, quoi que l’on fasse aujourd’hui, le niveau des mers et océans va augmenter d’1m10. Mais si on ne fait rien, ce sera 4m, et ainsi de suite avec le temps qui défile et des politiques qui n’agissent pas… Il suffit de faire 500 m en voiture pour contribuer à la fonte de l’équivalent d’1 kg de glace. Et c’est 180 millions de personnes qui vont devoir bouger à cause de la montée des eaux. C’est plutôt cela qui devrait interpeller, surtout le RN et ses électeurs qui semblent tant s’inquiéter des flux migratoires. Voter pour le climat est une affaire de toutes et tous, et est une priorité.

Anaïs Bigot, géoscientifique en glaciologie, géomorphologie et climat

Le RN, ennemi des associations 

Entre sa brutalité vis-à-vis des manifestants écologistes, et ses attaques multiples contre les associations, notre travail sous le RN ne sera clairement pas le même. L’extrême droite attaque souvent les militants écologistes dans ses discours, n’hésitant pas à les insulter de “khmers verts” en référence aux “khmers rouges”, un mouvement politique Cambodgien extrêmement violent et coupable d’un génocide qui a tué 2 millions de personnes, une attaque très grave et d’un extrême irrespect pour les victimes de ce terrible génocide.

De plus, Anaïs Sabatini, députée RN des Pyrénées Orientales, a réclamé la suppression des subventions à l’association France Nature Environnement en 2023, reflétant le fait que le travail des associations environnementales est largement mis en péril par l’extrême droite. Dans la même lignée, à la suite des mobilisations contre les méga-bassines à Sainte-Soline, des députés RN ont soutenu la dissolution des Soulèvements de la Terre que l’on évoque dans cet article. Le parti a aussi lancé une pétition sur son site pour la dissolution de ce qu’il appelle des “milices d’extrême gauche”, qui montre une nouvelle fois le danger qui pèse sur les collectifs écologistes.

Pour faire face au danger que représente l’extrême droite pour le climat et la justice sociale, chacun.e a un rôle à jouer, que ce soit en faisant de la pédagogie pour montrer la réalité de ce parti aux personnes qui seraient charmées par leurs sirènes, ou surtout en encourageant toutes celles et ceux qui ont des valeurs et des convictions à l’opposé des leurs, mais qui n’auraient pas (encore) l’intention d’aller voter.

Collectivement, mobilisons-nous. La force du collectif est immense !

N PY récompense l avion et ignore le train

N PY récompense l avion et ignore le train


On passe parfois à côté d’infos qui méritent l’expression de notre mécontentement citoyen : cet hiver, N’Py (un groupement de 8 stations dans les Pyrénées) proposait d’offrir 2 jours de forfait de ski aux personnes prenant l’avion de Paris à Tarbes grâce à un partenariat avec l’aéroport de Tarbes/Lourdes et la compagnie Volotea.
Une offre lunaire, à l’heure où les rapports s’enchainent les uns après les autres, pour montrer à quel point nous fonçons dans le mur, à quel point chaque hiver est pire que le précédent…

Si certains pourraient défendre ça en expliquant que ça ne représente pas un si “grand” nombre de personnes, l’offre nous fait bondir pour 2 raisons principales : 
– l’empreinte des personnes venant en avion par rapport à si elles venaient en train est quand même majeur
– surtout, le symbole est catastrophique

Pendant que l’on se bat pour que les choses avancent en terme de mobilité, que le réseau ferroviaire s’améliore, que l’on alerte sur l’impact des transports qui ne faiblit pas… Voir de telles offres constitue un déni de la réalité scientifique. 
Il y a quelques semaines, nous partageions un article sur la situation dramatique des glaciers pyrénéens et leur rôle de lanceurs d’alerte. il faut croire que même les stations les plus proches n’entendent pas les cris de ces derniers.

Mais passé l’indignation, on s’est dit qu’il fallait agir et partager cette dernière aux acteurs du terrritoire. On a écrit une lettre ci-dessous invitant au dialogue et au changement sur ce sujet, envoyée il y a plusieurs semaines. 
Nous n’avons cependant pas encore eu de réponse, malgré des retours d’acteurs du territoires nous partageant que des stations de N’PY n’étaient pas au courant de l’initiative, et qu’un dialogue avait commencé en vue de l’hiver prochain.

Alors pour nous aider à faire réagir, vous pouvez déjà écrire via leur formulaire de contact pour les interpeller (interpeller ne veut pas dire insulter, restons bienveillants et portons un message constructif), afin de partager à N’PY ce que vous pensez de l’initiative et ce que vous aimeriez voir être mis en place. Et si vous êtes sur le territoire, n’hésitez pas à solliciter les élus/professionnels des stations concernées.

JO d Hiver 2030 en France on en est où

JO d Hiver 2030 en France on en est où

EDIT : Le 25 mars Antoine Pin, directeur de Protect Our Winters France, était invité à une pour une table ronde sur les Jeux Olympiques 2030, autour de la grande question : Comment aligner un méga événement avec les enjeux écologiques ?
Il était accompagné autour de la table de David Lappartient (President du CNOSF), Perrine Pelen (directrice générale des Mondiaux 2023) et Emma Haziza (Hydrologue).

L’occasion pour nous de prendre la parole pour rappeler des points importants au débat, comme le fait que le projet est porté sans consultation publique, ou encore qu’il est nécessaire qu’un organe indépendant avec une réelle capacité d’arbitrage soit impliqué. On vous laisse découvrir ça, et (re)lire ce qu’on a écrit il y a quelques semaines pour comprendre notre positionnement sur ces JO 2030.

Depuis plusieurs semaines le sujet des Jeux Olympiques d’Hiver 2030 anime le monde de la montagne et une partie du monde du sport. Entre les déclarations de Laurent Wauquiez, les oppositions grandissantes, ou notre tribune mettant sur la table des critères environnementaux pour des jeux “durables”, on vous propose un récap de ces dernières semaines et notre avis détaillé sur tout ça !

Une candidature sortie du chapeau

La France a officialisé sa candidature pour l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030 le 7 novembre. Portée par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, la candidature française a été la seule retenue par le CIO le 29 novembre, écartant les candidatures de la Suède et de la Suisse, scellant (quasiment) le destin des Jeux d’hiver ouvrant la prochaine décennie.

Cette candidature a entraîné et entraîne énormément de réactions et de désaccords de la part de collectifs de citoyens, d’associations… La 1ère chose mise en avant : le manque de concertation totale des citoyens. Les choses se sont faites très rapidement, sans qu’à aucun moment les populations n’aient été sollicitées. Le collectif NO JO (un collectif historiquement en opposition aux Jeux Olympiques) pointe du doigt : “une candidature faite dans l’urgence, décidée par nos présidents de régions sans consultation des citoyens”. Une tribune demandant un référendum sur les jeux a d’ailleurs été publiée, mettant en avant le fait que “si la France organise les JOP d’hiver 2030, c’est parce que les autres ont refusé”. Car oui, les candidats sont de moins en moins nombreux : l’Espagne et le Japon, initialement dans la course, ont récemment enterré leurs espoirs d’organiser les Jeux d’hiver.
Faut dire que les raisons de faire marche arrière et les arguments nourrissant l’opposition sont nombreux : entre les impacts écologiques majeurs, les conditions climatiques qui se dégradent d’année en année ou encore les montants stratosphériques qui vont devoir être dépensés… Il y a de quoi faire !

Organiser des Jeux Olympiques va devenir de plus en plus compliqué face aux réalités environnementales. Bien avant 2030, nos modes de vie doivent changer, et les Jeux, avec toute l’importance qu’ils représentent pour nos sociétés, ne peuvent pas échapper à la règle.

Alors quid des Jeux d’Hiver 2030 et des conditions dans lesquelles ils se dérouleront ? Ces enjeux semblent être pris au sérieux, puisque Laurent Wauquiez a déclaré vouloir organiser les « premiers JO d’hiver durables » en faisant des Alpes « la première montagne durable au monde pour les JO 2030 ». Rien que ça !

Des conditions incontournables 

En réaction à la candidature française, POW France avec 19 ONGs et plus d’une centaine d’athlètes, d’élus, de professionnels et habitants des territoires de montagne, de scientifiques, ou d’experts de l’environnement et de l’événementiel, ont travaillé collectivement pour définir ce que seraient les conditions environnementales pour des Jeux d’Hiver compatibles avec le respect des limites planétaires et bénéfiques pour les populations et les territoires.
On a donc posé 17 conditions essentielles et complémentaires, au regard des connaissances scientifiques actuelles, à respecter pour pouvoir prétendre qu’un événement d’une telle ampleur puisse espérer être compatible avec les enjeux écologiques. Vous pouvez les retrouver ici, avec le lien du document de travail rentrant dans le détail sur chacun d’eux.
Depuis, nous effectuons un travail de fond pour faire valoir l’importance de ces conditions et tenter d’instaurer un dialogue avec toutes les entités concernées par ces Jeux.

Plusieurs signataires de la tribune ont été sollicités pour un rendez-vous à l’Elysée avec plusieurs conseillers pour discuter de ces conditions. Antoine Pin, directeur de POW France, était parmi les personnes sur place pour participer aux échanges et faire valoir l’importance du travail effectué. Sans rentrer dans le détail des échanges, ce rendez-vous fut l’occasion d’aborder les points de la tribune, notamment pour voir quel point est la responsabilité de qui et sur quels points des accords et des désaccords étaient ancrés pour l’instant.

Un dialogue rompu avec la région

Les principaux intéressés avec qui une discussion doit avoir lieu, ce sont les présidents des régions AURA et PACA : Laurent Wauquiez et Renaud Muselier. Et c’est bien là que ça coince déjà. Si les déclarations publiques de Laurent Wauquiez pourraient laisser penser à première vue (et avec beaucoup d’optimisme) que les enjeux environnementaux seront au centre des réflexions en interne, la réalité semble bien différente. Suite au rendez-vous à l’Elysée, l’acteur économique Outdoor Sports Valley, qui était présent sur place, a vu ses adhérents (dont POW fait partie) recevoir un courrier annonçant que la région retirait sa subvention annuelle de 620 000 euros, au motif que OSV était signataire de la tribune et qu’un représentant avait participé au rendez-vous à l’Elysée. Une réaction qui témoigne de beaucoup de choses, mais pas d’une envie de dialoguer autour des enjeux écologiques et de la tribune avec les acteurs des territoires. Vous pouvez retrouver notre réaction sur le sujet ici.
Des discussions sont en cours entre OSV et la région concernant cette décision (réaction d’OSV ici ). Nous espérons que cette dernière saura revoir sa position.

En démocratie, l’organisation des JO en 2030 devrait se faire avec une concertation de la population, en travaillant avec l’ensemble des acteurs du territoire, notamment les associations et ONG environnementales. C’est la trajectoire inverse qui est en train d’être prise.

C’est quoi la suite ?

La prochaine échéance concernant le destin des Jeux d’hiver 2030 est juillet prochain, date à laquelle la candidature sera officialisée. Nous allons travailler durant les mois à venir au fait de mettre sur toutes les tables les conditions environnementales partagées dans la tribune. Un courrier a été rédigé et envoyé au nom du collectif porteur de la tribune afin de demander un rendez-vous à toutes les instances liées à l’organisation de ces jeux : élus régionaux, nationaux, mais aussi le CIO ou autres fédérations. (disponible ici). D’ici là, nous vous tiendrons régulièrement au courant de l’avancée du travail effectué. Nous allons également partager du contenu sur l’impact des jeux d’hivers plus largement, afin de montrer avec un maximum de données à l’appui l’importance de remettre en question le modèle existant.

POW, vous êtes pour les JO alors ?!

Quand on a dit tout ça, est-ce qu’on a répondu de manière tranchée à la question que l’on nous pose le plus :  pour ou contre les JO d’Hiver ?
En fait, on est partagés ! D’un côté, les JO restent pour les amoureux de sport un moment unique, important pour des athlètes de nombreuses disciplines peu mises en avant en dehors de cette occasion, que c’est LA compétition censée représenter l’essence du sport à travers des valeurs d’union, d’interculturalité, d’inspiration pour les plus jeunes…
MAIS force est de constater en regardant les éditions récentes comme Beijing ou encore les sujets entourant Paris 2024 comme la destruction de coraux pour l’épreuve de surf à Tahiti, que ce dont on est témoin c’est loin d’être la meilleure représentation du sport et de l’esprit olympique. Et on n’est clairement pas sur des événements pouvant être considérés comme compatibles avec les enjeux environnementaux.

Aujourd’hui, si le CIO, les organisateurs et tous les acteurs contribuant à l’organisation des Jeux sont dans une bulle étanche aux constats scientifiques et aux alertes qui en découlent, l’objectif doit être de percer cette bulle. On le répète : bien avant 2030, nos modes de vie doivent changer, et les Jeux, malgré toute l’importance qu’ils représentent pour nos sociétés, ne peuvent pas échapper à la règle. Le sport en général n’a pas à être placé au-dessus des enjeux de survies que représentent les enjeux écologiques.
Alors dans un premier temps, l’objectif qu’on souhaite accomplir avec le travail fait sur la tribune, c’est de mettre sur la table de tout le monde ce qui devrait être respecté pour prétendre parler de “jeux durables” et de rappeler que si ces critères ne sont pas pris en compte, alors les organisateurs devront assumer d’organiser des jeux qui ne sont pas compatibles avec les limites planétaires, avec l’opposition citoyenne qui en découlera.

Nous comprenons que de nombreuses personnes soient d’ores et déjà opposées à l’organisation pure et simple de Jeux Olympiques. Cela amène à grande une question que notre société doit rapidement se poser : est-il possible d’imaginer des manifestations sportives internationales compatibles avec l’Accord de Paris ?

Chez POW on n’a pas encore la réponse. On a choisit d’adopter cette stratégie pour faire bouger les lignes, en prenant en compte l’impact que cela pourrait avoir dans le monde du sport en général que de faire bouger les lignes au niveau des Jeux Olympiques. Nous prenons à bras le corps le sujet 7 ans avant, en se disant qu’il est encore temps de dialoguer. Notre position sera forcément amenée à évoluer selon les réactions et positionnements des différentes parties prenantes dans les mois/années à venir. En attendant, on continuera d’aborder le sujet avec transparence et honnêteté comme on s’efforce de le faire sur tous les autres sujets !

On ne peut que vous inviter à venir nous partager votre avis sur les réseaux sociaux et à débattre sur le sujet avec respect et bienveillance.

Retour sur le One Planet Polar Summit

Retour sur le One Planet Polar Summit

Il y a quelques semaines, Garance et Laura de la Team POW se sont rendues au One Planet Polar Summit, le tout premier sommet international consacré aux glaciers et aux pôles. Un sommet international pour les pôles et les glaciers, mais pour quoi faire ? Est-ce que ça a été utile ? On vous dit tout !

Si vous nous suivez vous le savez, les glaciers et les pôles jouent un rôle indispensable dans la régulation du climat, du cycle de l’eau, la montée du niveau des mers, l’effet d’albédo, l’accès à l’eau, etc.
Ils sont les moteurs du changement climatique ! Les enjeux liés à la cryosphère sont environnementaux mais aussi sociaux, commerciaux, et géopolitiques. Et surtout ces enjeux sont globaux, ce qui signifie que le monde entier est concerné d’une façon ou d’une autre car ce qui se passe aux pôles ne reste pas aux pôles. 

Aujourd’hui, les régions polaires et les glaciers vont très mal et les récents constats scientifiques font tous peur : l’Arctique sera privé de banquise d’été dès 2030, l’Antarctique n’a jamais eu une couverture de glace aussi faible, l’Arctique se réchauffe 4 fois plus vite que le reste de la planète (le Svalbard 6 à 8 fois plus vite, nos glaciers français c’est 2x plus vite) et le Groenland est responsable – à lui seul – de 17% d’élévation du niveau des mers. Même si les pôles nous semblent être des régions lointaines, notre quotidien est directement lié à eux.  Alors il était grand temps qu’un maximum de pays se réunissent pour traiter de ce que le GIEC considère comme l’une des 10 menaces majeures du réchauffement climatique : la fonte des glaces. Et si la cryosphère est en voie de disparition aujourd’hui, c’est à cause des trop fortes émissions de GES et de la combustion d’énergies fossiles pour les activités humaines.

C’est dans ce cadre que le Président de la République, Emmanuel Macron, et l’Ambassadeur des pôles et des enjeux maritimes, Olivier Poivre d’Arvor, ont initié le One Planet Polar Summit. Ce sommet s’est déroulé le 8, 9 et 10 novembre au Museum national d’Histoire naturelle de Paris et il a rassemblé chercheurs, scientifiques, ONG, explorateurs, fondations et représentants des peuples autochtones pour faire part des constats et observations scientifiques aux leaders politiques. Parmi tout ce monde il y avait des noms connus comme : Jim Skea, Valérie Masson Delmotte, Christophe Béchu, l’Institut Paul-Emile Victor ou encore Jean Jouzel. Du côté des scientifiques, une des attentes principales de ce sommet était de voir la Stratégie Polaire d’avril 2022 obtenir un financement. Parallèlement, l’enjeu pour les ONGs était de mobiliser tous les acteurs pour motiver les pouvoirs publics à passer à l’action et obtenir des engagements fermes de la part des leaders politiques. En parallèle de ce sommet se tenait le Forum de Paris sur la Paix. Lors du sommet, les différentes personnalités politiques ont insisté sur le fait que l’équilibre de la paix dans le monde dépend largement de la gestion de l’Arctique et de l’Antarctique. Ce One Planet – Polar Summit s’inscrit dans la continuité du One Forest Summit du 1er et 2 mars 2023 qui été dédié aux forêts tropicales.

Pour marquer l’ouverture de ce sommet, POW était présent aux côtés d’autres ONGs (comme nos voisins de Mountain Wilderness) et glaciologues pour demander la mise en place de 4 mesures fortes et immédiates pour protéger les glaciers, incluant notamment un arrêt définitif des aménagements sur glaciers en vue d’activités touristiques (coucou le glacier de la Girose).
 Vous pouvez lire et signer cet appel ici !


Les deux premières journées étaient consacrées à un forum scientifique qui a regroupé l’ensemble de la communauté scientifique internationale avec notamment les experts du GIEC et de l’IPBES. Séparés dans des salles différentes, ces trois groupes de travail avaient pour objectif de préparer les recommandations politiques. Les scientifiques sont venus présenter leurs travaux à tour de rôle. Le mercredi 8 au soir, s’est tenu le lancement de la Fondation Albédo pour la Cryosphère. Cette fondation était annoncée dans la Stratégie Polaire pour 2030 intitulée “Équilibrer les extrêmes” et elle a été créée sous l’égide du CNRS par Frederik Paulsen, milliardaire et explorateur suédois qui souhaite soutenir la recherche polaire française.
La deuxième journée a permis de poursuivre le travail de la première, mais c’était également l’occasion de parler des écosystèmes post-glaciaires. En effet, protéger les glaciers est essentiel mais il faut déjà anticiper la protection des espaces et écosystèmes post-glaciaires. Une étude parue à la fin de l’année 2022 a démontré que d’ici la fin du siècle on aura perdu la moitié des glaciers sur Terre, ce qui signifie que de nouveaux écosystèmes vont apparaître suite à la fonte des glaciers et qu’il faut d’ores-et-déjà s’attaquer à la protection de cette future nature. Et c’est notamment le message qu’entend porter le maire de Bourg Saint Maurice, Guillaume Desrues, avec la mise en place d’un projet pédagogique autour de l’Aiguille Rouge. Au cours de sa prise de parole, le maire de BSM a insisté sur le fait que le ski est une activité qui doit faire preuve de résilience et d’adaptation face à la disparition des glaciers. Il a d’ailleurs souligné : Il faut une transition de modèle économique et cet engagement doit notamment passer par le ski.(NDLR: en France, 8 domaines skiables permettent de skier sur un glacier)

 

Conclusions :

Que faut-il retenir de ce premier sommet ? L’aboutissement de ce sommet c’est l’Appel de Paris pour les glaciers et les pôles qui combine les recommandations scientifiques mais aussi celles de la société civile et qui a été signé par 30 pays. Parmi ces pays, on ne retrouve pas les pays arctiques.

À l’occasion de sa déclaration le 9 novembre, Emmanuel Macron a notamment annoncé : 

  • 1M pour la recherche polaire
  • Un nouveau navire à capacité glace pour la flotte océanographique française qui portera le nom de Michel Rocard
  • La rénovation et la modernisation des stations Durmont d’Urville et Concordia en Antarctique en minimisant leurs impacts sur l’environnement 
  • Renforcement du budget de l’IPEV (Institut Paul-Emile Victor)
  • Sa volonté de créer des aires marines protégées pour l’Arctique et l’Antarctique. 

Concernant les glaciers de la métropole, le Président appelle à une concertation pour voir la totalité des glaciers de la métropole en protection forte (actuellement c’est 60% des glaciers qui sont en aire protégée de niveau fort). Une annonce qui a rendu optimiste de nombreuses personnes, comme celles militant pour l’arrêt des travaux sur le glacier de la Girose.
Sauf que comme souvent, derrière les annonces, il faut éviter de se réjouir trop vite, car quand on dit qu’une concertation va avoir lieu, ça veut dire que : 1. ça va prendre du temps 2. pour l’instant ça n’engage à rien. 


En attendant, on tient à rappeler encore et encore que l’efficacité de ces mesures est conditionnée à la réduction de nos émissions de GES (induisant la sortie de notre dépendance des énergies fossiles et l’application de l’accord de Paris.) Ce qui a d’ailleurs été souligné dans les recommandations de la société civile et les recommandations des scientifiques, car augmenter le budget de la recherche, c’est très bien. Mais ne pas augmenter drastiquement toutes actions limitant le réchauffement climatique, ça l’est beaucoup moins et ça rend inutile la 1ère mesure.

 

Rappelons ici que malgré cet appel, aucune mesure ne sera efficace si nous ne réduisons pas de manière drastique nos émissions de gaz à effet de serre et restons en dessous des 1,5°C de réchauffement.

Lydie Lescarmontier

Glaciologue

Le point positif à retenir néanmoins, c’est que la mobilisation -notamment entre ONG et scientifiques – ça marche (parfois, mais c’est la note positive qui fait du bien) et c’est nécessaire afin de faire remonter des sujets à la classe politique. Maintenant, à nous de rester vigilants sur la concrétisation des différentes paroles et surtout, à nous de veiller à ce que des engagements forts soient pris sur d’autres sujets (comme le transport évidemment !).

Les experts mondiaux ont donné une feuille de route pour l’action sur la cryosphère. Nous avons maintenant besoin du courage politique des dirigeants pour la mettre en œuvre

Geneviève Pons

Directrice honoraire de la Commission Européenne

On prend bonne note !