Communiqué: Les Citoyens veulent faire partie des JOP

Communiqué: Les Citoyens veulent faire partie des JOP

Les citoyens veulent faire partie des Jeux !

POW France et l’IAE Université Savoie Mont Blanc ont conduit en partenariat, la première enquête indépendante et de grande ampleur sur la perception des Français sur Alpes 2030.

Cette enquête révèle trois enseignements majeurs : faible connaissance du projet Alpes 2030, confiance encore plus faible envers les ambitions environnementales des organisateurs, forte volonté de participation active des citoyens. 

Alors que les équipes opérationnelles du COJO se constituent, les attentes des citoyens se dessinent plus clairement pour la baisse des émissions de GES liées à l’organisation, en particulier celles liées aux transports.

L’enquête se base sur les réponses recueillies entre le 19/02/25 et le 04/04/2025 auprès de 1039 participants à travers la France. Le dispositif de diffusion a été déployé principalement en ligne, à travers les canaux de l’association POW France, mais aussi auprès d’un large réseau d’acteurs institutionnels, privés ou de la société civile comme le Comité de Massif des Alpes, le Cluster Montagne ou la FFS, afin de permettre à toutes les sensibilités de contribuer.

Caractéristiques du panel : 

  • • 52,2% de femmes, 47,2% d’hommes 
  • • 61% des répondants habitent dans les Alpes, dont 25% proviennent directement d’un site identifié hôte des JOP2030
  • • 75% n’ont pas de lien professionnel avec le tourisme en montagne, alors que 25% déclarent leur activité professionnelle comme étant liée à l’économie touristique de montagne.
  • • 78% des répondants pratiquent un sport historiquement représenté aux JOP d’hiver.

Les Français et les JOP Alpes 2030 : peu de visibilité mais un mandat clair pour les français

À 5 ans de la cérémonie d’ouverture, seulement 13% des répondants déclarent avoir une bonne connaissance des projets prévus dans les territoires hôtes.

89% des répondants déclarent avoir moyennement ou faiblement confiance (dont 59% faiblement confiance) dans la promesse des organisateurs quant à leurs ambitions environnementales. 

Trois priorités sont identifiées par les répondants :

Aménagement du Territoire et Mobilités

                                           Impact sur les Finances Publiques

                                                                    et Inclusivité pour les Populations Locales

Les Français souhaitent en moyenne à 88% des mesures qui permettent spécifiquement de réduire les émissions liées à l’organisation des JOP 2030 :

  • • 92% d’approbation pour Flécher 100% des investissements publics destinés aux infrastructures de transport vers des options bas carbone (rail, transports en commun…).
  • • 93% d’approbation pour Rendre accessible au moins 80% des sites des Jeux en train ou à défaut par d’autres transports en commun.
  • • 91% d’approbation pour Publier chaque année l’évaluation réalisée par un comité d’experts indépendants du plan climat des JOP et de sa mise en œuvre.
  • • 80% d’approbation pour Limiter le nombre de spectateurs venus en transport aérien en réservant 90% des billets aux spectateurs locaux.

 

Les répondants sont favorables à 83% à une participation active des citoyens à la construction de ces JO, via par exemple une convention citoyenne, des débats publics, des consultations, etc.

Cette enquête révèle que l’envie de contribuer au projet Alpes 2030 est aussi forte que la connaissance et la confiance dans le projet sont faibles. Hors, à ce jour, les citoyens n’ont jamais été consultés sur l’existence et la forme du projet Alpes 2030.

C’est un appel à réparer une vraie faille dans la vie démocratique de ces territoires, appel auquel les organisateurs devraient répondre au plus vite.

Antoine PIN

Directeur de POW France

A ce titre, POW France se tient d’une part à disposition du COJO pour partager plus précisément les enseignement de cette enquête, et d’autre part travaille actuellement à un projet pilote d’une Convention Citoyenne Olympique Aravis  (CCO), sur le bassin de vie Grand Annecy – Thônes – Aravis, afin d’identifier une série de mesure validées collectivement et à les porter auprès des instances organisatrices des Jeux.

La Trace une agence de voyage pas comme les autres

La Trace une agence de voyage pas comme les autres

Ce mois-ci, c’est le Mobility Month : pendant 1 mois, on fait un gros focus sur un sujet mobilité, et cette année, honneur au vélo ! Aujourd’hui on vous parle de La Trace, une agence de voyage pas comme les autres, avec qui on partage beaucoup de choses !

D’ailleurs à ce sujet, on vous donne rendez-vous le 25 septembre pour le retour des Conventions POWpulaires, avec une édition spéciale vélo en compagnie d’une membre de l’équipe de La Trace mais également de la FUB (Fédération françaises des Usagers de la Bicyclette) pour aborder plein de sujets et laisser place à toutes vos questions ! Lien pour s’inscrire ici 👇

La Trace, c’est une jeune agence de voyage à vélo, présente pour l’instant en Bretagne (mais ils devraient être présents partout en France en 2025), qui s’est donné comme mission de “Démocratiser le voyage à vélo”. Une mission qui nous parle fort chez POW, à l’heure où la pratique du vélo en France reste à la traîne par rapport à beaucoup de nos voisins Européens.

Concrètement, qui sont-ils ? Ce sont eux qui le résument le mieux !

La Trace, c’est une histoire de passion partagée par des cyclistes rêveurs, qui veulent que chacun, peu importe l’âge ou le niveau, puisse vivre la magie du vélo.

Une belle histoire au départ, qui met en avant de nombreux principes essentiels pour nous chez POW, notamment celui-ci : “peu importe l’âge ou le niveau” !
Ça fait partie des choses que l’on aime beaucoup chez La Trace : il y en a pour tout le monde ! Sur son appli, La Trace propose des itinéraires par niveaux : trace verte, trace bleue, trace rouge et trace épique, le tout en donnant la possibilité de choisir un itinéraire famille, de louer un vélo mécanique ou un vélo électrique etc.

C’est vrai que parler de grandes aventures, de longues et superbes routes, c’est cool. Mais si le travail de promotion du vélo ne s’adresse qu’à des cyclistes convaincus, on ne fait pas avancer le nombre de pratiquants, et donc le nombre de personnes qui peuvent avoir un impact positif écologiquement parlant en troquant le vélo contre la voiture par exemple. Pour ça, vous pouvez suivre leur blog, sur lequel des récits seront partagés (en attendant, si vous les avez ratés, retrouvez nos derniers articles, les récits de Louisa et de Zoé).

Pour aller plus loin et achever le fait de vous convaincre qu’ils et elles sont cools chez La Trace, on vous partage leur manifeste ci-dessous, tout fraîchement rédigé !
De quoi donner des envies pour de futurs week-end ou vacances, non ?!

Le récit de Louisa du voyage à vélo au féminisme

Le récit de Louisa du voyage à vélo au féminisme

Durant ce mois de la mobilité consacré au vélo, on partage beaucoup de choses diverses et variées, notamment sur notre Instagram que l’on vous conseille de suivre.
A l’heure des réseaux où la majorité du contenu que l’on consomme est très souvent du contenu court, aujourd’hui on vous propose de prendre le temps. Prendre le temps pour lire le récit de Louisa, son histoire avec le vélo, de ses débuts tardifs à son niveau actuel, entre mauvaises expériences et féminisme. Ce récit s’adresse à tout le monde, des personnes qui ont peur de “passer le pas” aux gens les plus expérimentés. Il est néanmoins dédié à toutes les femmes confrontées à des murs qu’elles n’ont pas encore franchis. En espérant que cet article en aidera certaines à faire tomber quelques briques.

 

Ô Canada !

Comme tout le monde, j’ai fait du vélo enfant, mais c’est bien plus tard que ma réelle histoire d’amour avec ce dernier a commencé. Ayant grandi dans la vallée de Chamonix, je n’ai jamais trop été attirée par le vélo. Ici, les sports principaux c’étaient plutôt le ski ou le trail, notamment à cause du territoire qui n’était vraiment pas simple pour quelqu’un qui débute.
Pour vous dire, entre 15 et 20 ans, j’ai dû faire 2 fois du vélo de route avec un copain, et j’ai trouvé ça horrible ! J’avais un vélo pas du tout adapté et je m’étais juste dit que ce n’était pas pour moi.

Mon histoire avec le vélo a commencé loin, très loin de Chamonix : au Canada ! A 21 ans je suis partie vivre au Québec. Alors que j’avais du mal à me créer un nouveau cercle social, je me suis réfugiée très vite dans le sport. Il s’avère qu’à ce moment-là le VTT était en plein essor là-bas, il y avait beaucoup de stations de basses altitudes où le terrain s’y prêtait parfaitement, donc je me suis acheté un vélo et j’ai commencé à apprendre les bases, avant de me faire des potes de fil en aiguille grâce à ça. Ce début d’idylle avec le vélo à travers les forêts canadiennes, ça a duré un peu plus de 3 belles années au final, avant de rentrer au bercail.

Quand je suis rentrée en France, j’ai voulu continuer le VTT, avant de rapidement décider d’essayer autre chose : le vélo de route. 1 an après mon retour, me voilà prête à me lancer dans ma 1ère expérience de bikepacking. J’ai toujours eu besoin de passer beaucoup de temps seule, donc c’était l’évidence pour moi d’essayer.
Au Québec, j’avais fait quelques week-ends en mode VTT/camping, mais rien de plus.
Cette fois j’étais décidée, motivée, je vais partir longtemps en autonomie, mon vélo, mon matos et moi, rien ni personne de plus. Spoiler ? Ça a été une des pires expériences de ma vie.

 

Le bingo de la galère

Je vous la fais courte, mais je décide de partir 2 semaines et demie (ambitieuse la meuf !). Malheureusement, j’ai choisi la pire destination possible pour un trip vélo je pense : direction Madère (pour les nuls en géo qui ne veulent pas décoller de mon histoire passionnante le temps de faire une recherche Google, c’est un archipel vers le Portugal).
Pourquoi là-bas ? Bonne question ! Au départ je devais aller aux Lofoten en Norvège, avant de me dire “en fait flemme d’aller jusqu’à là-bas” et de tomber sur Madère je ne sais plus comment. Je checke une carte, je vois une route qui semble faire le tour d’une île qui n’est pas très grande, donc je me dis que 2 semaines et demie ce sera largement suffisant !
En plus je vois très peu de ressources concernant le bikepacking à Madère sur internet, donc je me dis que c’est génial, au moins il ne devrait pas y avoir trop de monde (ne faites jamais comme moi). Niveau équipement ? Je n’avais pas de vrai vélo de route, avec des grosses sacoches dans lesquelles j’allais pouvoir mettre plein de trucs, même des bouquins ! (ne faites jamais comme moi, bis). Donc tout ça étant prêt, direction un endroit que je ne connais pas, sur lequel je n’avais trouvé aucune ressource bikepacking, avec aucune expérience pour ce genre de trip, équipée n’importe comment, chargée à bloc niveau confiance en moi… Mais qu’est-ce qui pouvait bien mal se passer ?!

En fait, à peu près tout. Sans rentrer dans le détail de ce voyage que j’ai surnommé Madère La Galère, car cela prendrait des pages et des pages d’article, ou un podcast de 2 heures pour tout raconter, mais ça a été l’une des pires expériences de ma vie. Pas pire expérience vélo hein, vous avez bien lu.
Déjà, l’île n’était pas du tout adaptée au voyage à vélo : il y a des jours où je passais plus de temps à pousser mon vélo qu’à pédaler tellement les pentes étaient trop raides, surtout pour mon vélo qui était bien trop lourd pour moi. Se rajoute à ça l’énorme difficulté pour trouver des endroits où dormir puisque le camping sauvage est quasiment interdit partout (comment ça c’est le genre de choses qu’on vérifie avant le départ ?). Surtout, j’ai vécu un enchaînement de péripéties improbables… Ce genre de situation où je me suis retrouvé à gérer seule une blessure avec un problème de matos à 21H30 à l’autre bout de l’île, à 2H de la moindre population qui aurait pu m’aider, sans réseau téléphone et la nuit qui commençait à tomber. Ambiance ! Résultat, je suis rentrée au bout de 4 jours. Désillusion totale.

C’est impossible en quelques lignes de transmettre l’expérience que fût Madère pour moi. Pourtant, je peux le dire avec le recul, ces 4 jours m’ont totalement changé. Ça a mis du temps avant que je puisse le digérer et en faire quelque chose de positif, pendant longtemps, ça a juste été une écorchure à vif. Après cette expérience, je ne suis pas repartie en voyage à vélo seule pendant 2 ans. Parce qu’au-delà de cette dernière, ce qui a suivi après fût aussi compliqué.

Retour à la maison ! 

Me voilà donc de retour en France, revenant de l’enfer, avec en prime une vie perso chaotique et 2 semaines de vacances encore devant moi ! C’est cool le vélo, on repart quand ?! En fait, bientôt. Je ne pouvais pas rester chez moi à me morfondre sur mon échec et j’avais le sentiment que ce n’était pas la pratique du vélo le problème, mais l’ensemble de choses entourant mon voyage.
Je me décide à me racheter le 1er vélo de route semblant potable que je trouve d’occasion (parce que la compagnie a perdu mon vélo, qui est revenu endommagé 3 semaines plus tard, décidément…) et j’envoie un message à une amie qui était équipée, expérimentée et dispo pour partir quelques jours avec elle dans le Sud avant que d’autres amis puissent se joindre à nous. Un concours de circonstances qui m’a permis de ne pas divorcer du vélo, de mettre un pansement sur une plaie qui allait mettre du temps à cicatriser.

A force d’entendre toutes ces remarques, de faire face à ces questionnements, ces jugements, j’ai fini par douter de leur véracité, à admettre que peut-être, oui, en tant que femme, des voyages solo à vélo ce n’était pas pour moi.

Être une femme seule à vélo

Après ce petit périple bien accompagnée qui a sauvé la suite de mes vacances, s’est suivie une longue période de doutes, de remise en question, de honte… Surtout, une période durant laquelle je me suis retrouvée confrontée aux innombrables remarques du monde concernant mon échec, me renvoyant à ce que j’étais avant tout : une femme seule à vélo.
C’est après Madère que débute profondément mes réflexions autour du féminisme, grâce ou à cause du fait que j’ai très vite été ramenée à ça quand il était question d’aborder mon voyage à Madère : “En même temps tu pars toute seule en tant que femme, à quoi tu t’attendais ?” “Pourquoi t’es parti comme ça toute seule en vélo ?” “En tant que femme seule, c’était sûr que t’allais avoir des problèmes”

Ce genre de phrases venant d’un peu tout le monde : familles, amis, et même des gens que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam qui se permettaient ce genre de remarques dès qu’il savait que j’avais osé partir seule. Que ce soit de la méchanceté, de l’arrogance, du mépris ou de l’inquiétude, il y avait toujours une constante : faire le lien entre le fait que ça se soit mal passé et le fait que je suis une femme.
Tout ça m’a transpercé. Quand j’étais au Québec, je n’avais jamais été confronté à des remarques sexistes, jamais on ne m’a sous entendu que parce que j’étais une femme je ne pouvais pas avoir les mêmes pratiques que les hommes. Donc en revenant en France, je ne voyais pas pourquoi ce serait différent. Il s’avère que c’est le cas et que ça a mis longtemps avant que je l’accepte et que j’en tire du positif.

On me demande souvent quel a été le déclic pour “passer le cap” de voyager seule à vélo pour la première fois. Mais le cap était naturel pour moi au début ! Je suis partie avec beaucoup d’enthousiasme mais aussi beaucoup d’insouciance à Madère, je ressentais limite une forme de fierté au fait de partir à l’arrache. C’est ce qui m’a valu une double claque. Une claque là-bas et une claque en revenant. Une claque en échouant, et une claque en entendant en boucle que mon échec était une évidence du fait que je sois une femme. C’est après ça que j’ai mis du temps à passer ce fameux cap, à me dire que j’en étais capable. A force d’entendre toutes ces remarques, de faire face à ces questionnements, ces jugements, j’ai fini par douter de leur véracité, à admettre que peut-être, oui, en tant que femme, des voyages solo à vélo ce n’était pas pour moi.

L’expérience de Madère et ce que j’ai vécu avec le retour en France a été tellement puissant que ça a pris du temps avant que je puisse voir la chose avec du recul, avant d’en faire une force.

Here we go !

Alors comment j’ai fait pour repartir ? D’abord, j’ai pris le temps. Comme dit plus haut, mon premier vrai voyage à vélo seule après Madère est arrivé 2 ans après. Entre temps, j’ai pris le temps de digérer, et de continuer à faire ce que j’aimais : pédaler. J’ai énormément amélioré mon niveau de pratique en partant une journée par ci, un week-end par là.

A côté de ça, je suis partie seule en voyage, mais pas à vélo, en van, pendant 6 mois. Un moyen pour moi de distinguer la pratique du vélo au fait de voyager seule, et de pouvoir (m’)affirmer que l’aventure Madère n’était ni liée à la pratique du vélo, ni au fait de voyager seule, et que chaque pan se tenait très bien indifféremment. Brique par brique donc, accepter de prendre le temps. En parallèle, j’ai aussi évoluée au niveau de mes convictions et mes connaissances sur le féminisme, ce qui m’a permis ensuite d’être plus sereine et plus encline à être pédagogue face aux gens qui m’interpellent sur mes choix.

Si au début ça m’agaçait (voir même me mettait en colère), aujourd’hui, quand on me demande si je n’ai pas peur, si je ne crains pas « d’avoir des problèmes » ça me donne envie de passer des heures à expliquer mon cheminement, avec compassion. A tout reprendre depuis le début pour qu’on comprenne bien ce que la peur est, par essence, et pourquoi elle est aujourd’hui en partie ce qui rend notre société malade (ou du moins ce qui l’empêche de guérir). Ça me donne envie de raconter qu’autrefois j’en emportais toujours une poignée avec moi, dans le fond d’une de mes sacoches, parce que c’était normal, tout à fait rationnel, voire rassurant, d’avoir peur. Puis comment, un jour, je suis parvenue à les déposer sur le bord d’une route de campagne et je suis partie sans me retourner. Ca me donne envie à chaque fois de dire à toutes celles et ceux qui pensent que je fuis quelque chose, ô combien ils se trompent. Car quand je pars seule à vélo, je ne suis pas en cavale, je suis en voyage. Je ne m’échappe de rien, j’agrandi l’espace dans lequel je me sens en sécurité. Je ne m’en vais pas, je vais vers le monde.

Toute la bouteille que j’ai acquise maintenant en voyage solitaire – grâce notamment à Madère – est venue dégager une partie du brouillard présent dans ma tête concernant ma légitimité, mes capacités, la peur des imprévus… Mais pour me retrouver aujourd’hui dans LA zone, celle où j’ai assez de connaissances matérielles, assez de connaissances de la pratique et assez de confiance en moi, il a fallu que j’explore les extrêmes et que je fasse plein d’erreurs. Et c’est ok, peu importe ce que l’on peut vous dire, peu importe votre identité de genre.

 

Si au début les remarques m’agaçaient, aujourd’hui ça me donne envie de passer des heures à expliquer mon cheminement, avec compassion. […] Quand je pars seule à vélo, je ne suis pas en cavale, je suis en voyage. Je ne m’échappe de rien, j’agrandi l’espace dans lequel je me sens en sécurité. Je ne m’en vais pas, je vais vers le monde.

Quelques conseils à retenir dans tout ça ?

Vous vous doutez bien, si je raconte un bout de mon histoire avec le vélo, ce n’est pas par égotrip. Aujourd’hui j’ai vraiment à cœur de partager des retours d’expérience à qui a envie de l’entendre, pour espérer faire sauter des verrous que des personnes, notamment des femmes, peuvent se mettre. C’est pour ça que quand vient le moment d’apporter des conseils, je suis divisée. Si je devais m’adresser à l’ancienne Louisa qui s’apprête à partir pour Madère, je pourrais être tentée de lui expliquer la vie, de lui dire fais ci, fais pas ça, prend le temps… Mais avec le recul, ce qui prédominerait, c’est de l’encourager et de m’en tenir à des conseils techniques. Oui Madère fût une expérience difficile, qui a laissé beaucoup de marques, comme d’autres expériences bonnes ou mauvaises en ont laissé. Mais ces marques font ce que je suis actuellement. Je n’ai jamais eu autant confiance en mes capacités de “bikepackeuse” qu’aujourd’hui, car j’ai pris le risque de me faire mal à un moment, comme j’ai su m’écouter et prendre le temps à d’autres.

Alors mon conseil numéro 1, ce serait le suivant : écoutez-vous !
Prenez des conseils techniques, des recommandations à droite à gauche évidemment (par exemple, ne prenez pas d’ énormes bouquins dans vos sacoches) mais dans le but de réaliser ce que vous avez envie de faire. Des conseils qui vous éviteront de vous retrouver à pousser votre vélo pendant 4h parce qu’il est trop lourd, mais laissez de côté les faux conseils qui remettent en cause votre envie de départ (surtout s’ils vous sont donnés par un homme bland CSP+ passé la trentaine, je dis ça, je dis rien…).
Dans ce sens, je vous partage une longue liste de contenus à la fin de l’article.

Nous les nanas, on part avec un handicap de départ car on n’est pas poussées, pas supportées de la même manière que les hommes. Alors c’est vraiment de la sororité pour moi de dire ça : il est important que nos expériences se fassent, qu’on en ressorte avec des clés de compréhensions et que ça fasse de nous des femmes plus indépendantes. Je pense que c’est ce que je dirais à ma fille si j’en avais une, tout en espérant qu’à l’avenir le climat ambiant changera. Car oui, si je me mets dans la peau d’une maman qui lirait mon texte par exemple, forcément je comprendrais qu’elle me dise qu’elle n’a pas la même inquiétude si son fils part seul que si c’est sa fille qui part. Mais il est justement là le problème, ça ne devrait pas être normal. J’ai envie qu’on arrête de considérer qu’une femme seule à vélo c’est moins safe qu’un homme, car même si c’est encore vrai, c’est de toute façon moins safe d’être une femme dans la rue, d’être une femme tout court.

L’une des raisons pour lesquelles j’ai commencé à voyager seule, c’était parce que je voulais me prouver des choses à moi-même. Aujourd’hui si je continue, c’est aussi pour prouver des choses au reste du monde.

Petite (oups, grande) liste de ressources vélo-femmes-aventure etc.

Ressources bikepacking :

Films inspirants de femmes à vélo :


Comptes insta inspirants de femmes ou de groupes de femmes qui font du vélo :

  • @sistersinthewildeu
  • @le.grew
  • @girlsgonegravel
  • @breakfast_cc
  • @gow_girlsonwheels
  • @thewcollectivee
  • @samisauri
  • @desertusbikus
  • @fastwontlast.cc


Podcasts :

  • Épisode : Les baladeurs, solo et à vélo de Bretagne en Iran, avec Isabel Del Real
  • Épisode : Ultra Talk, épisode #219 avec Caroline Prigent
  • Épisode : Ibex Talk, épisode #10 avec Camille Albisser
  • Chaîne : Le Grew
  • Chaîne (anglais) : Girls Gone Gravel
  • Chaîne (anglais) : Femme Cyclist Podcast
Aventure à vélo : En Suède, tout roule pour Zoé !

Aventure à vélo : En Suède, tout roule pour Zoé !

Il y a ces moments dans la vie où rien ne va. J’exagère un peu, mais mon premier voyage à vélo est tombé à pic, un mois où rien n’allait. Mon périple a marqué le début d’un été où tout s’est mis à rouler –  et c’était magique. Je vous raconte !

30 ans, ça se fête !

Quand, en janvier 2023, je reçois l’incontournable message « Save the date » pour les 30 ans de mon amie Romina, je réponds un grand OUI sans aucune hésitation. Ayant récemment déménagé à Stockholm, elle prévoit de fêter l’événement sur une péninsule proche de la ville et son anniversaire tombe le week-end du Midsommar [célébration du solstice d’été en Suède]. Une occasion à ne pas manquer !

Après ce petit moment d’euphorie, retour à la réalité : ça fait loin pour un week-end et j’évite de prendre l’avion pour mes escapades. Consciente de l’empreinte carbone que peut générer son invitation en Suède, Romina suggère aux invité·e·s de compenser leur trajet par des donations à la place des cadeaux d’anniversaire. Personnellement, ça me semblait un peu trop simple comme solution. Alors, j’étudie mes options depuis Strasbourg, en Alsace, où j’habite. Un voyage en train ? Pourquoi pas. Ou alors… y aller à vélo ? J’avais justement envie de sortir de ma zone de confort. L’idée avait germé.

Et quand y’a plus qu’à…

Quelques jours plus tard, je reçois un coup de fil de mon ami Lucas. Je lui fais part de mon projet et je lui propose de m’accompagner. Il n’a même pas besoin d’y réfléchir avant de me dire oui. Même si j’étais prête à partir seule, je suis soulagée à l’idée d’être à deux. Il s’agissait quand même de mon premier voyage à vélo.

On s’est rapidement mis d’accord sur les grandes lignes : départ de Trelleborg dans le sud de la Suède, puis cap sur les petits chemins à travers le pays jusqu’à Stockholm. Ça nous faisait un peu plus de 800 km avec environ 5 500m de dénivelé positif (oui, le pays n’est pas si plat que ça), soit une bonne dizaine de jours à vélo. Là-bas, le camping sauvage est autorisé, ce qui nous épargnait la recherche de logements. Il n’y avait plus qu’à poser nos congés et à réserver nos transports. Pour le reste, on s’est laissé porter !

Une insomnie et c’est parti !

Juin 2023 : c’est parti ! Au départ de Berlin on prend le train jusqu’à Rostock puis un ferry* de nuit jusqu’à Trelleborg, dans lequel j’ai tout de suite regretté de ne pas avoir pris de boules Quies. Notre journée à vélo démarre avec un peu de sommeil en retard, mais dans la bonne humeur. On roule le long du bord de mer puis à travers la campagne. À chaque coup de pédale, je m’éloigne un peu plus de mes préoccupations du quotidien. Seuls deux questionnements existentiels persistent : que va-t-on manger ? Et où qu’on va-t-on dormir ? 

Pour notre fin d’étape, on choisit le premier lac sur notre tracé. Il nous attend après un peu plus de 90 km. Un high five et on saute dans l’eau, l’aventure commence bien !

Un duo de choc devient une petite meute

À travers des petits villages aux maisons rouges, des chemins bordés de lupins, des forêts à perte de vue et des lacs plus beaux les uns que les autres, on continue notre chemin. Assez rapidement je perds toute notion du temps. Après deux jours j’ai l’impression d’être partie depuis deux semaines. Le troisième jour, j’arrête de compter. Enfin presque.

Le quatrième jour, on accueille Lina, la copine de Lucas, à la gare d’Älmhult. Pour elle aussi, c’est le premier voyage à vélo et elle se prend rapidement au jeu : rouler, manger, rouler, nager, manger, dormir, repartir… Avec son maillot sur lequel est écrit « No sweat, no candy » [« Pas de sueur, pas de bonbons »], Lina instaure une nouvelle tradition : le passage au stand de bonbons dans tous les supermarchés. Après l’effort, le réconfort. 

Réconfortante, mais aussi réjouissante, voilà comment je décrirais l’arrivée de notre dernier covoyageur : Josh, l’ancien colocataire de Lucas et un bon ami de Romina. À moins de 300 km de Stockholm, il nous rejoint pour la dernière ligne droite. Cet inconnu avec qui j’allais partager la tente pour les prochaines nuits a été un réel coup de cœur amical. Josh participait non seulement au bon équilibre au sein du groupe, mais il a aussi été à l’origine du hurlement instauré lors de nos passages dans les tunnels : « aouuuuwwww ! ». C’était la naissance d’une meute à vélo. Et la fin de toute prise au sérieux.

Fin heureuse et prometteuse

Arrivés à Stockholm puis sur les lieux de la fête, on était comblés. L’insomnie du début, les douleurs aux genoux – et celles aux fesses –, la journée de pluie, et les piqûres de moustique ont toutes été oubliées. Il nous restait simplement un profond sentiment de bonheur et de la gratitude pour ce qu’on venait de vivre ensemble. Ce n’était certes pas un grand exploit sportif, mais ça nous a montré que, même sans entraînement, on pouvait vivre des aventures mémorables avec les endorphines en prime. 

Et j’y ai pris goût ! Depuis la Suède je suis partie sur la route des vins d’Alsace, j’ai longé le Danube pour retourner à ma ville d’Erasmus, Budapest, et plus récemment, je suis rentrée chez mes parents en Bavière depuis Strasbourg. Ce qui me plaît particulièrement lors de ces escapades, c’est de redécouvrir des chemins que je prenais avant en voiture ou en train. J’aime le fait que changer de mode de transport rend plus créatif dans la planification de voyages, mais aussi les rencontres qui se font sur le chemin et ce sentiment d’être hors du temps lorsque je suis en mouvement. J’ai envie de remercier Romina de m’avoir envoyé ce « Save the date » en janvier 2023 : tack så mycket Romina !

*Je suis consciente qu’il y a plus vert que le ferry, mais je n’ai pas entamé ce voyage dans l’optique de jouer l’écolo parfaite. Il faut bien commencer par des petits pas. 

Note de POW France : Le ferry reste une meilleure alternative à l’avion pour plusieurs raisons, de son potentiel de décarbonation au fait qu’il est pris plus souvent sur de plus petites distances, comme ici dans l’aventure de Zoé. Si le sujet de l’impact du ferry vous intéresse et que vous voulez savoir comment calculer son impact, un article ici

“Protéger l’outdoor, c’est politique”

“Protéger l’outdoor, c’est politique”

 Défendre l’outdoor, c’est politique. C’est s’engager. S’engager pour le vivant, la biodiversité, et pour mieux vivre ensemble. 

C’est la mission de Protect Our Winters en France depuis sa création, notre ADN : “ porter et amplifier la voix de la communauté outdoor en faveur du climat, du vivant et de la justice sociale.Le cœur de notre travail consiste donc à lutter, avec vous, en faveur de changements systémiques, pour qu’ensemble nous obtenions des politiques publiques à la hauteur des enjeux climatiques et sociaux.

 

La société que nous défendons est une société bas-carbone et juste. 

Elle a besoin d’engagements environnementaux forts sur le climat, la mobilité, les espaces naturels et la transition énergétique. Elle a besoin d’accompagner ses citoyen.nes les plus fragiles et de responsabiliser celleux qui en ont les moyens et le devoir.

Elle a besoin d’abolir une violence devenue systémique pour plus d’humanité dans nos relations sociales.

 

Cette société ne peut pas exister avec un gouvernement d’extrême droite.

Un gouvernement prêt à revenir en arrière sur presque tous les sujets environnementaux. Un gouvernement dangereux sur la question du droit des femmes et plus largement des minorités, et prêt à remettre en cause des libertés fondamentales. Un gouvernement dont les responsables politiques ont systématiquement voté, ces dernières années, à Paris comme à Strasbourg, à l’encontre des combats que nous portons: développement des énergies renouvelables, taxation du kérosène,  Loi sur la restauration de la nature, Zéro Artificialisation Nette, taxation des supers profits, restauration de l’ISF, interdiction des PFAS…et la liste est longue.

 

Il faut donc faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher cette éventualité. Se battre sur le terrain politique. Car protéger l’outdoor, c’est politique, plus que jamais. 

Il y a urgence à ce que chacun.e d’entre nous se sente investi.e de cette responsabilité et de ce pouvoir politique, en retrouvant le chemin des urnes pour faire advenir cette société à laquelle nous aspirons. En fait, aujourd’hui, c’est la seule action qui compte vraiment. Car sans cela, tous nos efforts, individuels ou associatifs, seront vains. 

 

Nous appelons notre communauté – au sens le plus large – les passionné.es de sport et de pratiques en pleine nature, les amoureux.ses de la montagne et des espaces naturels, depuis les habitant.es de ces derniers jusqu’à celleux qui ne voient les sommets que trop peu à leur goût, ou tout simplement tous celleux qui souhaitent que les futures générations puissent respirer et pratiquer des activités dehors à se mobiliser. Tous ces gens, c’est vous, c’est nous ! Nous avons un pouvoir, prenons-le !  Emparons-nous du sujet, prenons la parole, sensibilisons autour de nous, et avant tout allons voter le 30 Juin et le 7 juillet prochains pour faire rempart à l’extrême droite et défendre nos convictions.

 

Soyez assuré.es que de notre côté on ne lâchera rien. Le mouvement Protect Our Winters continuera toujours de lutter en faveur d’une société bas-carbone et juste. 

 

Ride. Bike. Climb. VOTE

Une saison sans avion  le témoignage de Coline Ballet-Baz

Une saison sans avion le témoignage de Coline Ballet-Baz

Le récit de Coline

Cela faisait quelques années que l’envie de ne plus prendre l’avion me trottait dans la tête, par conviction écologique. Et j’ai décidé au début de cette saison d’hiver 23/24 de mettre cette envie en pratique, pour voir par moi-même si tous les freins pré-supposés à cette démarche étaient fondés, ou pas : peur de mécontenter certains sponsors, de manquer certaines opportunités pour filmer ou de ne plus être invitée sur certains évènements importants… Grosso modo peur de ne plus pouvoir continuer ce métier en arrêtant de prendre l’avion.

Au final cette annonce a été très bien reçue par les marques et personnes avec lesquelles je travaille, la saison a été remplie de tournages pour divers projets dans nos merveilleuses Alpes (qui plus est bien enneigées cette saison !), le budget et la fatigue dus aux longs trajets en avion et décalages horaires qui s’en suivent ont été remplacés par plus de temps en montagne et sur les skis 🙂

Loin de moi l’envie de porter un jugement sur les personnes qui voyagent en avion avec ce texte, nous n’avons pas tous.tes les mêmes réalités, je l’ai moi-même beaucoup pris à l’époque des compétitions internationales, et surtout le système écocidaire qui ne prévoit pas de taxe sur kérosène des avions, fait qu’il est malheureusement souvent beaucoup plus abordable de prendre l’avion plutôt que le train. POW a fait un post sur le comparatif train/avion, à partir d’un rapport de Greenpeace.

Mais cette démarche fait sens pour moi à plusieurs niveaux : diminuer mon bilan carbone de femme française bien au-delà des limites qui pourraient être fixées pour rester dans les Accords de Paris 1 ; ralentir le rythme parfois trop effréné de nos vies occidentales ; apaiser un peu les contradictions environnementales liées à ma pratique professionnelle du ski (il en reste encore !) ; apprendre à plus connaître les montagnes autour de chez nous, leur nivologie, leur évolution au fil d’une saison d’hiver ; diminuer la logistique et les coûts énormes liés aux déplacements en avion ; rêvasser en musique derrière la vitre d’un train plutôt que d’attendre dans les files interminables des contrôles de bagages… 

Envisager les futures saisons de cette manière me rend très heureuse et apaisée, continuer à prévoir des tournages pour le ski et des aventures en montagne dans un périmètre accessible en train ou en voiture, en réduisant peut-être la fréquence de ces voyages et en prenant plus de temps pour le local… ce qui ne rendra les périples restants que plus savoureux !

Comparaison par POW du bilan carbone des trajets de Coline sur les deux dernières saisons :

Sur les 2 saisons, des trajets en voiture pour un total de 500km environ ont été effectués

Saison d’hiver 2022/2023

– Train : A/R de Grenoble à Innsbruck (798km) : 2,34kg CO2eq en TGV

– Train : A/R de Grenoble à Saint Anton Am Arlberg (767km) : 2,25 kg CO2eq en TGV

– Avion : A/R à Whistler (Canada) (8313km) : 1264 kg CO2eq

– Avion : A/R de Lyon à Tromso (Norvège) (2770km) : 520kg CO2eq

TOTAL : 1788,59 kg CO2eq

    Saison d’hiver 2023/2024

     – Train : 3 A/R de Grenoble à Innsbruck : 3 x 2,34 kg CO2eq en TGV = 7,02 kg CO2eq

    TOTAL : 7,02 kg CO2eq

    Le Mot de POW 

    Comment prendre la parole en tant qu’athlète sur des enjeux environnementaux, quand on n’est pas parfait ?

    Une large question auxquelles une réponse simple convenant à tout le monde n’existe sans doute pas pour des personnes qui vivent des ces pratiques, face à une audience plurielle. Le problème, c’est qu’en l’absence de réponse unique, l’issue est souvent celle de ne pas le faire. Ne pas prendre la parole malgré une envie, malgré des convictions, malgré un oeil alerte sur les changements qui ont lieu.
    Alors comment on fait ? Chez POW, on pense que notre rôle, c’est à la fois d’être présent et alerte pour pointer du doigt les comportements et manquements vis-à-vis des enjeux climatiques des uns, tout se tenant disponible pour accompagner chaque volonté de prendre la parole et d’évoluer avec sincérité des autres.
    La clé pour débloquer un tel dilemme : la transparence.

    Dans un monde où les réseaux sociaux sont omniprésents – que cela nous plaise ou non – prendre la parole sur des pratiques et engagements écologiques est essentiel, pour contrebalancer l’influence néfaste pour le climat de personnes sans connaissances ou sans scrupules. Récemment, nous étions avec la chercheuse Garance Bazin lors de la Convention POWpulaire du mois de mai, qui a publié une étude nommée : «EN MODE AVION» L’emprise de la publicité et des influenceurs.
    Elle démontre comment l’impact des réseaux sociaux font affluer les mauvaises pratiques, même chez des publics plutôt sensibilisés aux enjeux.
    L’idée dans tout ça, ce n’est pas que les athlètes remplacent les instagrameurs voyages, mais d’accepter collectivement que des personnes non parfaites prennent la parole malgré le fait que ces derniers prennent encore l’avion, que ce soit pour parler de leurs pratiques quand elles apparaissent plus vertueuses, ou quand il s’agit de porter une voix plus forte en faveur de mesures écologiques, comme la taxation du kérosène et le développement du ferroviaire.
    Oui, quand on fait des efforts au quotidien, on ne veut pas qu’un ou une athlète viennent “donner des leçons”. Mais ce n’est pas l’intention de la plupart des personnes avec qui échangent POW, bien au contraire. Cet aspect est si souvent une crainte, que c’est un frein à la moindre prise de parole.
    Aujourd’hui, il ne faut pas réclamer de la perfection dans les efforts, mais de la transparence et de la sincérité. Si ces critères sont réunis, il est parfaitement entendable qu’un individu dénonce l’impact de l’avion qui est impossible à remettre en cause (et chez POW le sujet de la mobilité, debout sur la table que sous le tapis) et des politiques publiques qui ne vont pas dans le bon sens. On peut parfaitement dénoncer que le kérosène ne soit pas taxé, tout en prenant l’avion car encore nécessaire ou compliqué à éviter pour des professionnels.
    POW s’engage à accompagner chaque athlète qui souhaiterait être accompagné dans une démarche de prise de parole. On a vraiment besoin que toutes les énergies sensibles à ces questions se battent dans le même sens, que chacun accepte de jouer les cartes qu’il a en main.

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    1. Selon le rapport Faire sa part de Carbone 4 par exemple, est mentionné le chiffre de 2 tonnes CO2eq, mais ce n’est pas un chiffre exact à atteindre, mais plutôt un cap pour se rendre compte que nos empreintes actuelles ne sont pas compatibles .

    Exemples de victoires Européennes !

    Exemples de victoires Européennes !

    L’une des raisons principales qui nous a motivé à créer la campagne RIDE BIKE CLIMB VOTE avec POW Europe, c’est que le Parlement Européen est vraiment une clé pour l’environnement, un endroit où l’on peut obtenir des victoires ! Ces dernières années le Parlement Européen est monté (doucement mais sûrement on l’espère) en puissance sur les sujets environnementaux. Mais il reste énormément à faire et l’équilibre est fragile à l’approche de ce nouveau mandat, alors on vous propose de faire un focus sur une poignée de victoires récentes avec des pistes de batailles que l’on espère remporter/faire avancer dans les années à venir. De quoi (se) motiver autour de soi à aller voter dimanche !

    La Loi Restauration de la nature

    Elle fixe comme objectif de restaurer au moins 20% des terres et des mers de l’UE d’ici 2030 et l’ensemble des écosystèmes ayant besoin d’être restaurés d’ici 2050. Elle devrait permettre de “restaurer les écosystèmes dégradés dans tous les pays de l’UE, de contribuer à la réalisation des objectifs de l’UE en matière de climat et de biodiversité et d’améliorer la sécurité alimentaire.”
    Pour aller plus loin

    L’interdiction de la vente de véhicules thermiques d’ici 2035 
    Si cela paraît loin, l’interdiction de la vente de véhicules thermiques est une bonne nouvelle, et un marqueur fort pour la transition de l’automobile mais plus généralement pour la transition des transports.
    On aura l’occasion d’en reparler chez POW, mais beaucoup de choses peuvent se passer d’ici là. La mesure est remise en cause par beaucoup de gens, et si des victoires peuvent s’obtenir, elles peuvent aussi se perdre si la tendance au Parlement bascule dans le mauvais sens.
    Pour aller plus loin 

    L’inscription du crime d’écocide dans la législation européenne

    Cette directive est un symbole fort et un marqueur juridique majeur et inédit.
    La directive o
    blige les Etats membres à condamner pénalement une gamme étendue d’infractions, comme le commerce illégal du bois ou l’épuisement des ressources en eau. Cela peut aller jusqu’à 5% du chiffre d’affaires annuel ou 40 millions d’euros.
    Votée le 27 février, c’est encore trop récent pour observer la moindre conclusion puisque les Etats membres ont 2 ans pour transposer ces règles dans leurs législations nationales.
    Pour aller plus loin

    La résolution contre l’exploitation minière des fonds marins en Norvège

    Un sujet loin de la montagne, mais qui est l’un des symboles incarnant le plus au niveau européen une victoire citoyenne. Car c’est bien grâce à une mobilisation majeure d’ONG et de citoyens que le sujet a pu être présent sur la table et que la bascule s’est faite.
    Le Parlement Européen a voté en faveur d’une résolution sur la décision de la Norvège d’autoriser l’exploitation des fonds marins (qui n’est pas membre de l’Union Européenne). Tous les pays sont appelés à soutenir un moratoire internationale. 
    Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à suivre des acteurs au coeur du sujet comme l’ONG Bloom. Récemment, une coalition citoyenne pour la protection de l’océan s’est créée.
    Pour aller plus loin 

    Ce ne sont que quelques exemples, des victoires il y en a eu d’autres. Surtout, on en attend encore beaucoup dans les années à venir ! Quelques exemples de sujets sur lesquels le Parlement Européen a le pouvoir

    Sur le transport, notre sujet phare, le Parlement peut faire beaucoup de choses, avec le pouvoir de faire avancer les choses à l’échelle de tous les pays pour davantage de justice sociale (comme sur les taxes) ou davantage de synergie (comme sur les trains pour le report modal).
    Dans les années à venir, on plaidera pour :

    – Une taxation du Kérosène des avions pour investir des milliards dans des transports moins carbonés et rééquilibrer la balance avion vs train

    – Soutenir massivement le transport ferroviaire en Europe, notamment pour que l’on voit émerger un réseau de train de nuit bien plus important

    Le Parlement, c’est aussi le pouvoir d’agir à grande échelle pour une justice sociale plus juste en taxant les ultras riches, les superprofits et les pratiques les plus polluantes qui vont avec (jets privés, yachts, produits de luxe).
    C’est aussi la possibilité d’interdire définitivement les PFAS, le Glyphosate et autres produits dangereux. Le Parlement Européen a un réel impact nos vies, malgré l’inertie de ces décisions ou l’opacité sur ce qu’il s’y passe.
    Les années à venir seront décisives, beaucoup d’objectifs sont à atteindre pour 2030. Le Parlement qui sera élu ce dimanche, c’est donc celui qui fera en sorte que ces objectifs soient atteints ou non d’ici la fin de la décennie. De quoi se motiver pour mettre le bureau de vote sur le trajet de sa balade dimanche non ?

    Dernière chose : en tant qu’ONG, beaucoup de choses se jouent. Quoi qu’il arrive, le travail de POW et de toutes les assos continuera. Mais ce dimanche, on a l’occasion de se faciliter un tout petit peu le travail. On ne va pas choisir qui fera ou ne fera pas. On va choisir avec qui on va discuter ou contre qui on va devoir se battre dans les 5 années à venir.

    Elections Européennes : les meilleurs arguments pour aller voter

    Elections Européennes : les meilleurs arguments pour aller voter

    Elections Européennes : les meilleurs arguments pour aller voter

    Le 9 juin auront lieu les Élections Européennes, une échéance majeure pour la suite de la décennie et d’une importance colossale pour les sujets environnementaux. Si vous nous suivez depuis un moment, vous savez que chez POW on assume clairement se mêler de la politique : on encourage au vote, on parle des scrutins, on pointe notre doigt sur les (in)actions politiques, on sollicite, on interpelle et on donne des outils à la communauté lorsqu’une occasion sur un sujet se présente pour que vous puissiez nous aider et agir avec nous. La raison à tout cela est simple : l’écologie est politique. Alors on le fait toujours de façon non-partisane, c’est-à-dire que jamais on ne prônera un parti en particulier. Chacun vote avec ces convictions, et on se dit que si vous nous suivez, on en partage un certain nombre ! Mais si l’on ne parle pas des échéances politiques, on ne se focalise que sur les petits gestes individuels, une direction qui n’est pas la nôtre. C’est pour ça qu’aujourd’hui, on vous partage une batterie d’arguments pour vous convaincre ou vous aider à convaincre autour de vous de l’importance des Elections Européennes !

    • ➡️ Les prochaines Européennes auront lieu à la fin de la décennie, donc c’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de décider qui va voter les législations européennes. Ce qui se joue le 9 juin aura un impact durant des années. Quand on sait que chaque jour compte dans la lutte contre le réchauffement climatique…
    • ➡️ C’est au Parlement Européen qu’on a eu les plus grandes victoires en faveur du climat ces dernières années. Alors que ce n’est pas la joie à échelle nationale, avoir une Europe qui pousse un peu l’ambition climatique, ce serait loin d’être du luxe… Les victoires, on vous en parle bientôt sur nos réseaux et ici dans un nouvel article!
    • ➡️ Les Elections Européennes donnent souvent place à une abstention très forte. Une raison de plus pour se mobiliser ! moins de gens votent, plus notre vote a du poids ! En plus, contrairement à la présidentielle, ici on vote pour des listes. Selon chaque pourcentage, chaque liste aura (sauf si en-dessous de 5%) un certain nombre d’eurodéputés. Ce qui veut dire que chaque vote peut faire pencher la balance pour qu’il y ait un député de plus d’un côté, un de moins de l’autre… Ce qui est d’autant plus important que souvent les votes sont très serrés au Parlement !
    • ➡️ En France, notre vote a un poids énorme puisqu’on est le 2ème pays à élire le plus d’eurodéputés derrière l’Allemagne, avec 81 élus (On en parle dans un post Instagram dédié ici). On représente sans doute le pays qui a le plus d’influence en Europe dans les échanges. Ce serait mieux de ne pas y envoyer trop de gens qui se fichent royalement du climat non ?
    • ➡️ On estime à 190 millions de personnes faisant partie de ce qu’on pourrait appeler “la communauté outdoor” en Europe. C’est environ le nombre de personnes qui ont voté en 2019. Les passionnées de montagnes, de forêts, d’océans, sont largement suffisamment nombreux pour faire pencher la balance dans la direction de la protection de ces espaces naturels. Suffit de se motiver les uns et les autres !

    Des arguments, il y en a encore d’autres ! Jusqu’à la veille du 9 juin, on va tâcher de partager du contenu sur les réseaux pour essayer de convaincre un maximum de personnes de se déplacer aux urnes pour voter en faveur de gens qui défendent le climat. Pour ça on a besoin de vous, alors partagez autour de vous !

    Notre communauté a du talent Laura et son travail chez Fifteen

    Notre communauté a du talent Laura et son travail chez Fifteen

    Aujourd’hui on donne la parole à Laura, bénévole chez POW depuis un long moment, qui nous parle de son travail chez Fifteen : un acteur important du vélo, que vous ne connaissez pas forcément de nom mais qui se cache derrière des choses que vous avez peut-être déjà utilisées pour beaucoup d’entre vous !

    Peux-tu te présenter et présenter rapidement ce que c’est Fifteen ?

    Je m’appelle Laura et je travaille pour la société Fifteen en tant que Sales Manager France depuis Annecy où j’exerce en télétravail. Fifteen conçoit et fabrique des services vélos pour les collectivités, on a notamment développé un système de stationnement et de recharge de vélos électrique en libre service assez avant-gardiste. Nous sommes les leaders en Europe dans la conception de services vélos, avec des références sur tout type de villes, des grandes métropoles comme Paris Vélib, Le Vélo à Marseille, à l’international comme à Vancouver ou Helsinki, et dans pas mal de villes moyennes comme Epinal, Vichy, Avignon, Auxerre, où nous avons de superbes résultats d’usages. La mobilité urbaine, notamment à travers des solutions innovantes et écologiques, est au cœur de mon travail quotidien.

    Parallèlement à mon activité professionnelle, je suis bénévole pour l’association Protect Our Winters (POW). Cette organisation rassemble les pratiquant·es de sports outdoor qui partagent la même passion pour la nature et l’environnement, avec pour mission de lutter contre le changement climatique et de préserver ces espaces fragiles qui souffrent en première ligne du dérèglement climatique. En tant qu’amoureuse de la montagne, je m’engage à protéger les paysages que j’aime tant, tout en sensibilisant d’autres passionné·es aux enjeux climatiques. Et comme notre fer de lance c’est la mobilité en montagne, ça rejoint complètement mon activité professionnelle sur un autre spectre !

     

    Quand tu parles des villes où vous êtes présents et des résultats que vous avez qui sont hyper positifs, est-ce que tu pourrais nous partager quelques exemples différents de villes et quelques chiffres ?

    Oui ! Pour se donner un ordre d’idée, je prends 3 exemples bien différents. 

    Avignon, Vélopop = c’est 300 vélos en libre-service avec un lancement en juillet 2024
    – On a déjà 7250 usagers uniques soit un équivalent de 7,8% de la population
    – 90 000 trajets
    – 280 000 km parcours
    – 30 000 kg de CO2 évité

    Auxerre
    Auxerre est intéressant car c’est petite ville avec un service adapté, qui s’appelle Aux’R’M.
    On propose des vélos en libre service courte et longue durée, directement en station ! Un usager peut souscrire à une offre de LLD à n’importe quelle heure en autonomie dans la rue. On envoie un petit kit de bienvenue à chaque souscription pour que l’usager puisse charger son vélo à la maison !
    On compte 320 vélos en libre-service et 43 stations.

    Marseille
    En 2022 nous avons remplacé la flotte de vélos 100% mécaniques, en passant à une flotte 100 % électrique : les usages ont été multipliés par 2,5 sans augmenter le nombre de vélos (2000 en tout).
    – Marseille c’est colossal, il y a 50 000 trajets par mois avec LeVélo
    Depuis son lancement c’est:
    – 180 000 usagers
    – 5 282 576 trajets
    – 16 427 244 km parcours
    – 1 097 780 kg de CO2 évités

    Proposer des vélos électriques peut sembler contre-intuitif d’un point de vue écologique, mais c’est en réalité bien plus efficace que d’offrir des vélos mécaniques, et ce pour plusieurs raisons :
    – Un vélo électrique remplace 3 à 4 fois plus de trajets initialement effectués en voiture qu’un vélo mécanique
    – Il touche un plus large public, y compris ceux qui ne sont pas habitués à faire du vélo, en leur offrant une alternative crédible à la voiture
    – Les vélos électriques sont plus inclusifs et accessibles à une diversité d’usagers
    – Ils permettent d’effectuer des trajets plus longs (en distance, pas vraiment en temps)
    – Ils sont particulièrement adaptés aux déplacements domicile-travail

    Cependant pour que ces avantages aient un véritable impact écologique, il faut remplir certaines conditions : le vélo doit être éco-conçu, et ses batteries doivent être durables, c’est-à-dire robustes, réparables et recyclables. Chez Fifteen, nos vélos sont conçus en France à Vanves, assemblés dans les Hauts-de-France, et les batteries sont fabriquées, réparées et recyclées à Clermont-Ferrand.

    Est-ce que vous êtes présents dans des villes de montagne ? Si non, pourquoi ?

    Non pas vraiment, on ne cible pas spécifiquement les territoires de montagne, en raison de divers défis opérationnels (comme la décharge rapide des batteries due au froid, les sols glissants en hiver, la neige, etc). Ceci dit, je serais ravie d’échanger avec des élus de territoires de montagne pour explorer et approfondir ces enjeux si certains nous lisent !

    Sans rentrer dans trop de technique, mais vous rentrez en contact avec qui exactement quand vous voulez intégrer votre service à une ville ? Est-ce que quelqu’un qui lira l’article et qui vit dans une ville où il n’y a pas de services vélos peut par exemple envoyer un message à sa mairie pour parler de vous et demander que l’arrivée d’un service du genre soit étudié ?

    Oui avec plaisir, chaque collectivité a un service mobilités ou transports. Il ne faut pas hésiter à leur soumettre l’idée. Je pense que c’est même une très bonne chose d’avoir des initiatives citoyennes sur ces sujets-là ! 

    Est-ce que tu as de la visibilité sur le nombre de villes qui ont un service Fifteen ou similaire, ça peut être pertinent de voir la marge qu’on a encore !

    En France, il y a eu le recensement suivant en 2022*:
    – 74 services vélos en libre-service (VLS)
    – 271 service de location longue-durée (LLD)
    *Chiffre établi d’après le recensement effectué par l’Union Sport & Cycle en 2022
    Les territoires ne cessent de s’équiper, donc c’est difficile d’avoir une vision exhaustive à ce jour ! Mais si vous n’avez rien dans votre ville, tentez le coup !

    C’est quoi la plus petite ville où vous êtes installés et est-ce que c’est une démarche de votre côté d’intégrer des villes encore plus petites ?

    Il est vrai qu’il fut un temps où les services vélos étaient principalement destinés aux grandes villes et métropoles. Aujourd’hui, c’est impressionnant de constater à quel point les vélos se sont durablement implantés dans des territoires plus petits, moins denses et plus ruraux ! Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que ces zones sont souvent celles où un service vélo a le plus d’impact. En effet, ces territoires manquent parfois d’alternatives en matière de transports en commun, et un service de vélos devient alors une véritable solution pour les déplacements du quotidien. Fifteen a largement contribué à cette tendance, notamment depuis le lancement en 2020 de ses stations ultra-compactes, qui sont très abordables et faciles à installer, même pour des collectivités avec un budget limité. La plus petite ville où nous sommes implantés est Landerneau en Bretagne, qui compte 15 700 habitants, et environ 30 % de la population utilise ou a utilisé le service !

    Plus personnellement, est-ce que tu peux partager quelques mots sur ton engagement chez POW ? Est-il complémentaire à ton travail ?

    Mon engagement chez POW me permet d’explorer une autre facette de la lutte pour le climat, et de m’entourer de personnes qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes craintes que moi. Nous nous sommes organisés en un réseau assez intéressant dans chaque région de France et il commence à y avoir une jolie communauté à Annecy. On s’inspire les uns les autres ! Si chez Fifteen, je me concentre sur la mobilité urbaine, chez POW, je me focalise sur la protection des environnements naturels, notamment les montagnes. Les deux engagements se complètent parfaitement, car ils reposent sur une même conviction : il est essentiel d’agir pour préserver notre planète, que ce soit en ville ou dans les espaces naturels.

    Qu’est-ce qui t’as motivé à t’engager, que ce soit dans ton boulot ou chez POW ? Et c’est quoi toi ton rapport au vélo ?

    J’ai vraiment découvert le vélo en 2020. C’est à ce moment-là que j’ai eu mon réveil écologique. À l’époque, je bossais dans une entreprise qui fournissait des services aux aéroports, et le COVID a accéléré les choses : licenciement économique, déménagement à Annecy. J’ai repris possession de mon temps et de mon espace. En plus, j’ai été profondément marquée par la vision des stations de ski désertes pendant l’année blanche qui a suivi. Ça m’a frappée de voir à quel point on défigurait nos montagnes et l’impact que le ski a en termes de surconsommation des ressources. Ça m’a vraiment dégoûtée. C’est là que j’ai radicalement changé mes habitudes : j’ai intégré le vélo à mes trajets quotidiens et j’ai presque complètement laissé tomber le ski alpin pour le remplacer par le ski de randonnée. J’avais envie de réduire au maximum mon impact. Côté pro, j’ai aussi voulu faire bouger les choses, contribuer positivement à la société. En somme, pour moi, le vélo, c’est bien plus qu’un moyen de transport, c’est un outil extraordinaire pour les loisirs, les voyages, et l’aventure !

    Un dernier message aux personnes qui vont te lire, peut-être à des gens qui hésitent à s’engager davantage en faveur du climat ? 

    Je pense qu’il est urgent de mettre notre énergie et notre intelligence pour des entreprises à impacts qui sont alignées avec nos valeurs et nos enjeux. Le télétravail est un des héritages positifs du COVID et cela permet à des personnes comme moi de travailler depuis la Haute-Savoie sur des projets à impacts à l’échelle nationale. J’en suis ravie, il faut en profiter et ne pas hésiter à postuler dans des entreprises qui façonnent le nouveau monde de manière plus durable, avec des missions sociales justes. La transition écologique passe aussi par nos métiers au quotidien. Je serais ravie d’échanger avec vous sur ces sujets, vous pouvez me contacter via LinkedIn (Laura Dahan)🙂

     

     

     

     

     

    On ne sait pas vivre sans glaciers

    On ne sait pas vivre sans glaciers

    On ne sait pas vivre sans glaciers, génétiquement, on n’a pas ça dans notre ADN. Si on perd les glaciers, on va vers quelque chose où l’on sort complètement des radars de l’histoire de l’humanité, de l’histoire récente du vivant sur la planète, et on prend quand même des gros risques.

    Jean-Baptiste Bosson, glaciologue

    En 2050, à cause des émissions de gaz à effet de serre, tous les glaciers des Pyrénées et 34% du volume de glace dans les Alpes européennes auront disparu. Quelles sont alors les conséquences de la fonte des glaciers ? Biodiversité, écosystèmes, ressources, territoires, populations… Les conséquences semblent être multiples

    Bien que les glaciers nous paraissent parfois lointains, nous sommes intimement liés à eux, et leur fonte extrêmement rapide et massive est un phénomène inédit auquel nous devons prêter la plus grande attention comme le dit si bien Jean-Baptiste Bosson.

    Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de rappeler qu’il s’agit de parler des glaciers condamnés et dont la fonte à grande échelle est inévitable. Il reste de nombreux glaciers de montagne à préserver.

    Sommaire des enjeux abordés dans l’article :

    • Un bouleversement de la biodiversité et des écosystèmes
    • Des sécheresses à répétition et une gestion de l’eau perturbée
    • Faire face à une instabilité climatique en montagne et dans les pratiques
    • Les glaciers, de véritables régulateurs du climat
    • Comment sommes-nous liés aux glaciers ?
    Un bouleversement de la biodiversité et des écosystèmes

    Le recul des glaciers de montagne affecte tout d’abord la nature elle-même, avec toute sa biodiversité et ses écosystèmes. D’après le GIEC, la composition et l’abondance des espèces de montagne ont considérablement changé avec la réduction des couvertures neigeuse et glaciaire. Les espèces locales sont de plus en plus menacées, notamment pour celles qui dépendent directement de la glace. Quand les glaciers disparaissent, c’est tout un habitat naturel qui disparaît avec eux : c’est le cas notamment du petit invertébré tardigrade qui vit auprès des glaciers.

    Comme nous le rappelle Jean-Baptiste Bosson, “La nature a horreur du vide. Si on perd quelque chose d’un côté, on gagne quelque chose de l’autre”. Là où vivaient les glaciers auparavant, on observe l’apparition de nouveaux habitats vêtus de cailloux de sédiments, de nouvelles rivières, de nouveaux lacs, de nouvelles pelouses… ainsi que l’arrivée de nouvelles espèces dans ces zones comme le cerf, ayant besoin de forêt pour vivre.

    Mais ce phénomène ramène de la compétition entre les espèces avec le développement d’espèces “exotiques” envahissantes pour celles déjà installées depuis longtemps. La fonte des glaciers questionne donc les différentes habitabilités de la Terre et tend à bouleverser la biodiversité actuelle.

    Des sécheresses à répétition et une gestion de l’eau Perturbée

    Les glaciers permettent de réguler le courant des rivières qui va inévitablement être perturbé par leur fonte. Sur le long terme, comme la régénération glaciaire est réduite, le volume d’eau qui coule dans les rivières de montagne sera de plus en plus faible et rendra les périodes de sécheresse de plus en plus intenses.

    « Les glaciers sont comme un immense compte en banque à la base, qui se superpose au cycle de l’eau. Ce compte en banque devient très petit et de ce fait, les débits diminuent parce qu’on perd de ce surplus qu’était le stock. »

    Jean-Baptiste Bosson, glaciologue

    Cette image est frappante et nous invite à économiser drastiquement ce stock. Au vu des sécheresses de l’été 2022 et de l’hiver 2023, cet enjeu est de la plus haute importance. Les glaciers de montagne sont les châteaux d’eau de nombreuses régions du monde, et permettent de mettre en place l’irrigation et l’énergie hydro-électrique. Tous ces phénomènes vont être affectés et avoir des impacts sur nos usages quotidiens, sur l’agriculture, ainsi que sur l’électricité, en touchant en priorité les populations locales.

    Selon les années, les glaciers des Alpes représentent environ 40% du débit du Rhône. Sans glaciers, le débit du Rhône tend à diminuer drastiquement, surtout en été où le besoin en eau est le plus important. La vallée du Rhône, avec environ 12 000 000 habitants et une grande zone de production maraîchère, va être fragilisée. De plus, l’eau sera de plus en plus chaude et les centrales électriques seront plus difficiles à refroidir.

    En mars 2023, le lac des Bouillouses dans les Pyrénées-Orientales, alimenté par les précipitations et les glaciers, a vu stopper sa production hydroélectrique par manque d’eau. L’eau et les glaciers sont une richesse énergétique essentielle, aujourd’hui mise en péril. Et pour en savoir plus sur les glaciers des Pyrénées, retrouve notre article sur le sujet ici.

    Faire face à une instabilité climatique en montagne et dans les pratiques

    L’été, les fortes chaleurs et la fonte des glaciers accélérée engendrent une hausse du débit des rivières. En été 2023, cela a été difficile pour certains refuges, notamment dans les Ecrins. Alors que certains ont fermé par manque d’eau, la fonte des glaciers combinée à des orages violents ont provoqué des crues torrentielles comme au refuge Châtelleret dans l’Oisans où certaines installations ont été endommagées par un torrent de boue emportant avec lui d’énormes blocs de pierre. Ces crues-là sont amenées à se répéter, provoquant un risque récurrent à prendre en compte.

    Les glaciers représentent un héritage culturel précieux dans nos vallées. L’effondrement de ce patrimoine naturel va avoir des effets néfastes sur nos pratiques en montagne qu’il est nécessaire de réinventer. En termes de sécurité, certains itinéraires deviennent dangereux dû à des éboulements dévastateurs. On se rappelle de l’effondrement d’une partie du glacier de la Marmolada en Italie en 2022 qui a provoqué la mort de plusieurs personnes. En France la même année, l’accès au couloir du Goûter pour l’ascension du Mont Blanc était interdite à cause de chutes de pierres dues à l’assèchement du couloir. Dans certaines régions, des pratiques sont amenées à disparaître : le club alpin français de Perpignan n’a pas pu organiser de sorties de cascade de glace en 2024 comme c’était le cas auparavant. 

    Il est aussi important de relever que les activités en montagne sont directement liées au tourisme et à l’économie locale, qui risquent également de souffrir de la fonte des glaciers qui inquiète notamment les guides de haute montagne.

    Luc Moreau

    Arthur Vaillant

    Les glaciers : de véritables régulateurs de climat

    Les glaciers, en couvrant 10% des terres émergées de la planète, ont un véritable rôle de régulateurs du climat. Connu sous le nom d’effet albédo, leur surface blanche contribue à renvoyer une grande majorité du rayonnement solaire et à réguler le réchauffement planétaire et leur fonte. Pour en savoir plus, retrouve notre article sur le lien entre neige et glace ici.

    « La température de l’eau des rivières sur plus que 100 km, en s’éloignant des glaciers du  Massif du Mont-Blanc, est encore de 13° alors que les autres rivières sans glaciers autour ont une température de l’eau d’environ 20°. » Ce que veut nous dire Jean-Baptiste Bosson, c’est que les glaciers permettent de créer des microclimats, auxquelles on s’est habitués et sur lesquels on s’est développés, en ventilant et rafraîchissant tout une vallée par exemple. 

    Ils permettent aussi aux scientifiques de surveiller les évolutions du climat. En effet, la neige, en se compactant pour devenir de la glace, va piéger des bulles d’air. En les analysant, nous pouvons connaître l’histoire du climat avec la composition de l’atmosphère depuis 800 000 ans.

    Les glaciers sont nos meilleurs alliés pour comprendre ce qui s’est passé jusqu’à maintenant depuis les 800 000 dernières années.

    Et sans l’Homme, il n’y a pas de changement climatique profond en ce moment sur Terre. Aujourd’hui, aucun pays ne respecte ses engagements climatiques et ne comprend l’urgence de l’enjeu. Il y a un boulot énorme à faire et on écoute pas assez cette voix des glaciers.

    Jean-Baptiste Bosson, glaciologue

    Leur perte signifie une réduction des données disponibles pour observer les futurs changements du climat à l’échelle locale, alerter sur ces derniers et les anticiper. Et, rappelons-le, le travail des scientifiques est primordial pour nous permettre d’agir sur le changement climatique et anticiper au maximum. Ce dont ils témoignent n’est pas le fruit d’un changement naturel mais bien d’un changement dû activités humaines qu’il est essentiel de prendre en compte. Ce que l’on vit est inédit et doit nous alerter quant aux nouvelles conditions d’habitabilité de l’humain sur la planète Terre. Peut-être est-ce dans l’écoute de ce que les glaciers ont à nous dire que nous devons user de nos efforts ?

    Comment sommes-nous liés aux glaciers ?

    Les glaciers, les forêts, les animaux, n’importe quoi qui te connecte à la nature, plus tu t’y connecte, plus ça s’horizontalise, et tu te rends compte que tu fais partie de cette bonne histoire des glaciers. Mais les glaciers, comme le phoque, comme la petite fleur qui pousse sur ton balcon, la biodiversité, le vivant, le non vivant sur Terre, tout ce qui nous entoure, tout cela nous rattache à l’histoire de la vie, au cosmos, à nos enfants qui arriveront après nous, ça nous connecte à une grande ligne qui parle d’un passé lointain et qui va très loin dans le futur et dans laquelle on est un tout petit maillon. 1

    Jean Baptiste Bosson, glaciologue

    Depuis l’existence de l’homo sapiens il y a 300 000 ans, les grands glaciers ont toujours été présents en influançant le climat dans lequel on vit et dans lequel on a développé notre habitabilité. Sans glaciers, la température de la Terre serait beaucoup plus élevée et le niveau marin beaucoup plus haut.Comme mentionné au début de l’article, pour Jean-Baptiste, c’est très clair : “On ne sait pas vivre sans glacier, génétiquement, on n’a pas ça dans notre ADN. Si on perd les glaciers, on va vers quelque chose où l’on sort complètement des radars de l’histoire de l’homme, de l’histoire récente du vivant sur la planète et on prend quand même des gros risques.”

    Parce que c’est aussi cela, ressentir les conséquences de la fonte des glaciers, c’est nous questionner sur leur place dans ce monde et son rôle important, plus encore que notre propre existence. Ils sont avant nous habitants et composantes de la Terre, mais souffrent d’autant plus de ce réchauffement climatique qui nous accable. Qu’attendons-nous pour écouter cette voix qui nous alerte ?

    Il est urgent d’agir pour préserver les glaciers qui résistent encore aux effets du changement climatique, ce qui ne se fera pas sans une volonté collective et politique forte dans le sens de la réduction des émissions de gaz à effets de serre.

    Par Nicolas Vaillant, bénévole La Voix des Glaciers.


    1. Réflexion inspirée de la mention du livre de Bernadette Bensaude-Vincent intitulé “Temps-paysage: Pour une écologie des Crises”. Elle nous invite à penser l’humain et le non-humain -vivant et non vivant- sur une même échelle. A savoir que nous sommes tous composés de lignes et que l’enchevêtrement de ces lignes forme notre existentialité au sein même du paysage. Il s’agit alors de sortir de notre situation surplombante pour nous plonger dans l’immanence et reconsidérer ce qui nous entoure, ici la nature..

    Neige et glace : un lien étroit bouleversé par le changement climatique

    Neige et glace : un lien étroit bouleversé par le changement climatique

    Au début de l’année 2024, grâce au suivi réalisé par Simon Gascoin, on a observé un très faible enneigement dans tous les massifs montagneux du territoire français : le record du plus faible enneigement a été battu dans les Pyrénées et dans les Alpes. Si le manque de neige a un impact certain sur la pratique des sports d’hiver et le tourisme, on voulait aborder dans cet article le lien étroit qui existe entre la neige et les glaciers. Car si la fonte des glaciers est surtout visible en été, elle dépend fortement des chutes de neige hivernales.

    La couverture neigeuse 1 dans les Alpes françaises et suisses était de seulement 36% début février, un record depuis 1990. Dans les Pyrénées, la neige recouvrait 8% de l’intégralité du massif alors que 40% était recouvert un mois plus tôt. Le recul de l’enneigement est en moyenne de 12% par décennie dans les Alpes du Nord, 20% dans les Alpes du Sud et 7% dans les Pyrénées.

    L’évolution de l’enneigement dans les Alpes et les Pyrénées

    Une étude parue en 2021 a évalué l’évolution de l’enneigement depuis 1970 sur l’ensemble des Alpes. Elle met en évidence une perte de 14 à 20 cm de hauteur de neige en moyenne altitude (1000-2000 m). Dans les Alpes du Sud, l’enneigement a diminué d’environ 4 cm par décennie depuis 1970, et dans les Alpes du Nord, cette diminution est de l’ordre de 3 cm. 

    Pour aller un peu plus dans le détail, le Groupe Régional d’Experts sur le Climat dans la région PACA (GREC Sud) a synthétisé les données de cette étude pour les Alpes du Sud. En moyenne altitude, il a été constaté une perte de près d’un mois d’enneigement depuis 50 ans. Depuis 1970, l’épaisseur moyenne de la couche neigeuse a diminué d’environ 10 cm en dessous de 1000 m, et de près de 20 cm entre 1000 m et 2000 m d’altitude avec une perte de 35 cm mars/avril.

    Concernant la haute altitude, là où se situent les glaciers, la couche de neige a diminué de 15 cm en moyenne, une régression moins forte due aux températures qui y restent plus négatives au cours de l’hiver. On note toutefois une perte de plus de 40 cm en avril/mai. La durée de neige au sol y a diminué de 5 jours depuis 1970. C’est bien moins important que la moyenne globale d’1 mois, mais les effets n’en sont pas moins conséquents, la haute montagne étant un milieu extrêmement fragile.

    Du côté des Pyrénées, une étude menée par l’Observatoire pyrénéen du changement climatique montre une baisse de la hauteur moyenne de neige et de la durée d’enneigement entre 1958 et 2017, malgré des tendances réparties différemment sur l’ensemble du massif. En effet, le manteau neigeux a diminué en moyenne de 20 cm à 2100 m d’altitude, passant de plus d’1 m de neige à environ 80 cm. A 1500 m d’altitude par contre, la hauteur moyenne de neige n’a pas beaucoup bougé, avec une couche moyenne de 18 cm sur les 60 ans étudiés.

    On le rappelle, début février, l’enneigement a été le plus bas jamais mesuré depuis 24 ans où la surface et l’épaisseur du manteau neigeux étaient au plus bas. Les importantes chutes de neige qui ont suivi début mars ont permis de revenir dans des moyennes de saison, toutefois, et nous le verrons plus bas, cela ne permet pas de freiner la fonte des glaciers car ces fluctuations d’enneigement ne permettent pas de former de la glace de manière pérenne.

     

    Selon les scénarios du GIEC, basés sur plusieurs seuils de réchauffement planétaire, on prévoit pour 2050 dans les montagnes françaises une couverture neigeuse réduite de 10 à 40 %. Cette diminution passera de 30 à 80 % d’ici 2100. Tout comme pour préserver les glaciers, il est fondamental de respecter le seuil des 1,5° de réchauffement fixé par les Accords de Paris si on veut conserver un enneigement décent en montagne.

    Les impacts de l’affaiblissement de l’enneigement sur les glaciers

    Station de Porté-Puymorens (66) début février 2024. Par Nicolas Vaillant.

    Glacier sombre, sans couche de neige. Par Arthur Vaillant.

    La neige va se transformer d’abord en névé, qui est une forme plus compacte que la neige. On appelle névé typiquement de la neige qui a survécu au moins 1 an à une saison de fonte. Il se compacte ensuite de plus en plus pour former de la glace. La durée de formation de cette glace dépend des latitudes sous lesquelles se trouvent les glaciers. En Alaska par exemple, la glace se forme à une profondeur de névé d’une dizaine de mètres et va mettre environ 5 ans.

    Romain Millan, glaciologue

    Le manque d’enneigement pendant l’hiver est donc extrêmement critique pour cette période d’accumulation. Le glaciologue pyrénéen Pierre René nous apprend que “pour les glaciers des régions tempérées, il y a deux saisons contrastées : une où le glacier grossit parce qu’il neige, la saison hivernale, et une saison d’été où la neige et la glace fondent. En théorie, pour les glaciers, la saison d’hiver dure 8 mois. Sur cette période, on considère que les glaciers ne fondent pas.

    Afin d’évaluer si un glacier est en équilibre, a accumulé de la neige ou est déficitaire, il faut regarder la surface recouverte de neige à la fin de l’été et voir quelle part du glacier encore en neige n’aura pas fondu, et inversement. Pour qu’un glacier soit en équilibre, 60% de sa surface doit être encore enneigée.

    Donc 60% de la surface totale du glacier doit encore être recouverte par de la neige de l’hiver à la fin de l’été, et si c’est le cas il est équilibré. Et pourquoi c’est 60% – 40% pas 50 – 50, parce que la surface de neige qu’il reste sur le glacier compense tout ce qui a fondu au niveau de la glace à nu, de la zone d’ablation. Et comme la neige a une densité plus faible que la glace, il faut un peu plus de neige en surface que de glace pour compenser. Dans les Pyrénées, en 2023, la moyenne est de 2%, on est donc très moin des 60% qu’il faut pour que les glaciers se maintiennent.

    Pierre René, glaciologue

    Ces explications sont également valables pour les Alpes, comme nous l’explique la glaciologue Delphine Six. Toutefois, elle fait une distinction importante entre la très haute et la moyenne altitude, qu’on ne retrouve pas dans les Pyrénées où les altitudes sont moins élevées (en dessous de 3 500 m contre de nombreux sommets à plus de 4000 m dans les Alpes).

    Il faut vraiment distinguer deux choses. En très haute altitude, au-delà de 3000 m, il n’y a aucune tendance statistique. Cette année par exemple, on a pris un record d’accumulation depuis quelque temps. Par contre ce qu’on observe, c’est un déséquilibre dans les zones basses des glaciers, effectivement parce qu’en hiver on a de moins en moins de neige. Les grands glaciers comme la Mer de glace ou le glacier d’Argentière qui descendent jusqu’à 2000 m subissent des épisodes de pluie en hiver qui font fondre le manteau neigeux. Et quand le printemps arrive, on n’a pas de neige pour protéger le glacier, donc il se retrouve très vite en glace dans les parties basses. Donc forcément quand il est en glace, il est plus sombre, il capte plus le rayonnement et il fond plus vite…

    Delphine Six, glaciologue

    Il s’agit du principe de l’albédo que nous explique Romain Millan : “Plus une surface est sombre et plus elle va absorber du rayonnement, et donc fondre dans le cas d’un glacier. C’est pour cela aussi que les océans, très sombres, se réchauffent très vite.”

     

    Les glaciers dépendent donc directement de la neige, un lien qui se retrouve bouleversé par les effets du changement climatique car comme l’a tristement dit Camille Etienne en parlant des neiges éternelles, les névés : “ces étendues blanches n’ont d’éternelles plus que le nom.” C’est l’une des raisons pour lesquelles Camille a voulu lancer La Voix des Glaciers, pour faire entendre cette voix et vous permettre de vous en saisir. Avoir accès à ces informations est essentiel pour comprendre et prendre conscience de la situation des glaciers. Le savoir est la première étape de l’engagement, et on peut encore faire en sorte que certaines de ces neiges restent éternelles. La fenêtre d’action est courte, mais nous pouvons encore la saisir !


    1. Empilement de couches de neige sur le sol correspondant à des chutes de neige successives. La couverture neigeuse ou manteau neigeux recouvre les massifs de montagne au cours de l’hiver qui se retrouvent blancs pendant plusieurs mois consécutifs.