Jets privés : Et la justice sociale dans tout ça ?

Jets privés : Et la justice sociale dans tout ça ?

JETS PRIVES : Et la justice sociale dans tout ça ?

Les jets privés ! Ah, notre sujet préféré du moment ! On a pris un peu de temps avant de vous en parler, car comme souvent on aime bien attendre de voir les différentes réactions et prises de positions sur ce genre de sujet. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a pas été déçu ! Deux camps s’opposent :
– d’un côté, les amish-bobo-écolo-radicaux qui voudraient le taxer, voire l’interdire, en criant sur tous les toits que les riches seraient de gros pollueurs avec leurs gros avions
– de l’autre, les membres du gouvernement et autres gens rationnels, ceux qui luttent “VRAIMENT” contre le réchauffement climatique en expliquant que c’est un faux sujet qui ne concerne que quelques dixièmes de pourcent d’émissions de GES à l’échelle du pays.

Alors, on en pense quoi chez POW ?! Que disent les chiffres ? Est-ce que c’est vraiment important les jets, alors que l’extrême majorité de la planète est trop pauvre pour les prendre ? Il fallait qu’on prenne le temps d’en parler, pour recentrer le débat et répondre aux “arguments” qui volent par-ci par-là depuis quelques jours.

D’abord, d’où on part ? Le sujet des jets privés est mis sur la table depuis quelques mois grâce à des comptes qui partagent publiquement les vols en jets privés de milliardaires, comme “l’avion de Bernard” sur Instagram. L’objectif de la démarche est de sensibiliser sur l’impact colossal des plus grosses fortunes et “rendre visible l’injustice climatique par un exemple simple : les déplacements”. Parce que oui, l’impact des jets est monstrueux et loin de toutes politiques publiques.
Un rapport, publié en mai 2021 par l’ONG Transport & Environnement, montre des chiffres affolant :
– un jet privé serait entre 5 et 14 fois plus polluant que des avions commerciaux (par passager)
– un jet privé peut émettre environ 2 tonnes de CO2… par heure, soit le total du bilan carbone qu’un français devra émettre en 2050

Et des chiffres qui pourraient vous assommer pour le week-end, il y en a à la pelle.
En 2019, un vol sur dix au départ d’un aéroport français était un jet privé. Et la MOITIÉ réalisaient un vol de moins de 500km. Autant vous dire que sur de telles distances, le comparatif explose en vol. Comme le montre le très bon graphique de Vert, pour faire Paris-Nice, c’est 3,46kg de CO2 en TGV, contre 3140kg en jet, soit presque mille fois plus.

 

 

Face à ce sujet, le député Julien Bayou a lancé une pétition pour interdire l’usage des jets privés et a l’intention de faire une proposition de loi pour y arriver.
Mais où est le problème alors ? Les jets privés sont le transport le plus polluant de très loin, et si vous suivez POW depuis un moment vous le savez : le transport est le 1er secteur d’émissions de GES en France. Cela devrait donc faire consensus. Sauf que…

La défense du gouvernement, à l’instar d’Elisabeth Borne, pointe du doigt que les jets privés, à l’échelle globale, ne seraient qu’une toute petite partie des émissions.
A quoi bon s’en occuper alors ? Agnès Pannier-Runacher, notre ministre de la transition énergétique, va même jusqu’à expliquer au micro de France Inter pourquoi “le fait que les écologistes en fassent un combat montre à quel point ils sont à côté de la plaque “.

Oui c’est vrai, pourquoi interdire les jets alors que c’est une partie infime des émissions en fait ?

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, de nombreuses personnes sont montées au créneau pour défendre les jets privés : ce serait une privation de liberté, cela ne concerne que 0,04 % d’émissions mondiales, les milliardaires créent de l’emploi bla bla bla… Et ce par énormément de personnes qui ne voyageront jamais en jet privé !
Mais le simple fait de proposer d’interdire quelque chose fait frissonner tout un pan de la population. Nous sommes en période de crise ? D’accord, mais ne touchez pas aux jets privés, ne touchez pas au golf, ne touchez pas aux yachts…
Balayons un peu les arguments. Sur l’emploi, on connaît la chanson ! Le chantage au chômage est parmi les arguments les plus utilisés quand il s’agit de défendre les entreprises et de préserver le statu quo.
Mais alors l’utiliser ici, c’en est presque surréaliste. Pourtant, c’est bien ce qu’a fait Olivier Veran. Attention, ceci est une cascade réalisée par un professionnel, n’essayez pas de reproduire ça chez vous.

Malheureusement, il suffit de se rendre dans les espaces commentaires Twitter de posts sur les jets pour se rendre compte que ce genre d’argument est répandu.

Pourtant, dire “oui mais des emplois sont concernés”, c’est :
1/ Nier la part que représente les jets privés dans les voyages purement loisirs. On vous renvoie vers la dernière enquête Mediapart sur le sujet (vidéo en libre accès), ou les données publiques des comptes cités plus haut.
2/ C’est tout simplement vouloir que rien ne change. Si des changements entraînent des suppressions d’emplois, la transition en créera également énormément. Plus on anticipera, moins les changements seront brutaux. Car, spoiler : quand des cultures seront détruites, des forêts brûlées, des secteurs totalement mis à l’arrêt, vous lui expliquerez comment au changement climatique qu’il doit se calmer car il va créer du chômage ?

 

Balayons également tout de suite ce qui a pu être mentionné par certains membres du gouvernement : ne pas interdire mais éventuellement taxer davantage.
On parle d’une tranche de la population pour qui l’argent est quasi illimité, qui pense vraiment que taxer davantage aura pour effet de réduire ces pratiques ? Selon le même rapport, un propriétaire de jet privé moyen possède une fortune de 1,3 Milliard d’euros.

Taxer les plus aisés reste un symbole pour donner l’impression que tout le monde est mis à contribution en fonction de ses moyens et de son empreinte carbone. Mais les plus aisés peuvent se permettre ce type de transport. L’incitation prix aura alors peu d’impact, ne permettant pas de baisser le nombre de vols et les émissions de CO2

Aurélien Bigo

Chercheur sur la transition énergetique des transports


Le GIEC dit très clairement que TOUS les secteurs doivent évoluer. Alors que ce soit pour défendre des emplois ou en disant “oui mais ça ne concerne que x%” d’émissions de GES, cela ne tient pas de défendre les jets privés. C’est bien à cause de cette politique du “le voisin d’abord” qu’on en est là actuellement. On fait face à un problème systémique, cela ne suffira pas de taxer un peu plus ceci, ou de demander gentiment cela.
Et quand on voit comment Yamina Saheb, autrice de rapport du GIEC sur BFMTV, se fait attaquer par une éditorialiste sur le sujet, on se demande comment peut-on parler d’écologie en France aujourd’hui ?
Les jets privés sont le symbole ultime d’une inégalité sociale et écologique, si l’on ne peut pas y toucher, on ne peut toucher à rien…

En fait, la seule bonne manière de parler d’écologie pour notre gouvernement, c’est de cibler le pan de la population plus large, à commencer par les ménages les moins aisés. Comme lorsque Agnès Pannier-Runacher, nous expliquait il y a quelques mois que les français n’avaient pas les bons réflexes pour sauver la planète, “comme lorsqu’on ferme la lumière mais qu’on va envoyer un mail un peu rigolo à nos amis avec une pièce jointe, et qu’on aura consommé beaucoup plus d’énergie”.
Au-delà de l’aspect purement erronée d’une telle intervention, pointer du doigt le mail avec pièce jointe paraît davantage OK que de s’attaquer aux jets privés. Quand Emmanuel Macron parle de la fin de l’abondance, il semble plus logique pour les membres du gouvernement de parler de couper le wifi, ou encore de mettre un pull, que de cibler le bilan carbone des milliardaires, pour tous les arguments énoncés plus haut.

Tous ces arguments, qui se veulent être clamés par des gens rationnels, face à des partisans de “l’écologie punitive” nient la réalité climatique et surtout, nient le fait qu’il n’y aura pas de transition écologique sans JUSTICE SOCIALE.
Alors petit rappel sur ce que c’est, la justice sociale.
La justice sociale, c’est considérer que les efforts des citoyen.nes doivent être proportionnels à leur impact.
La justice sociale, c’est créer une transition énergétique qui ne laisse personne sur le carreau, pendant que d’autres sont intouchables. 
La justice sociale, c’est avoir en tête que + de 12 millions de Français.es sont en situation de précarité énergétique quand on évoque la nécessité de baisser le chauffage.
La justice sociale, c’est être capable d’imposer des mesures drastiques aux personnes avec un bilan carbone de plusieurs milliers de tonnes par an, quand les 50% les plus pauvres en France ont une empreinte moyenne de 5 tonnes.

Aujourd’hui, le rapport sur les inégalités mondiales montre à quel point il existe des disparités en termes d’impacts selon les revenus. Pourtant, c’est bel et bien les pays les plus pauvres ou les pans de populations les plus pauvres qui sont et seront les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique.
Alors le message n’est pas de dire “tant que les plus riches ne feront rien, on fera rien”. Chez POW on se bouge toute l’année pour agir à différentes échelles, il est évident que chacun doit faire des efforts sans attendre que le voisin ou l’autre là bas fasse le premier pas. Mais il est criminel de laisser croire que chacun a les mêmes efforts à faire.

La justice sociale, c’est avoir tout cela en tête quand on aborde la transition écologique.

Interrail, l aventure façon POW !

Interrail, l aventure façon POW !

INTERRAIL, l’aventure façon POW !

Cet été, je (Trevis, le responsable éditorial de ton asso préférée) me suis lancé dans un périple avec un Global Ticket Interrail, ce pass qui permet de prendre le train partout en Europe, une bonne façon de découvrir plein de pays sur les rails. Alors que ce soit pour vous donner envie, ou pour en savoir plus sur cette façon de vadrouiller, je vous partage mon expérience !

Alors pour poser le tableau et vous en dire un peu plus sur mon rapport à Interrail, j’avais découvert ces tickets il y a quelques années, en partant pour un trip uniquement Grande-Bretagne. Car oui, Interrail c’est des tickets pour l’Europe entière, mais il existe également une multitude de billets qui donne accès à tous les trains d’un seul pays (ou d’une zone géographique, comme le Bénélux ou la Grande-Bretagne). J’avais fait un trip de 20 jours entre l’Angleterre, l’Ecosse et le Pays de Galles, je ne partais donc pas de zéro en terme d’organisation. Alors quand je suis tombé sur l’offre anniversaire à l’occasion de leur 50 ans (on reparlera de l’argent plus bas) avec ma copine on s’est dit que c’était l’occasion de viser un voyage plus grand !

C’est comme ça qu’on a commencé à se lancer sur des idées de pays à faire à travers l’Europe Centrale. On avait “que” 15 jours, donc le nombre de pays devait être limité… mais ça c’était sans compter sur notre incapacité à se décider ! Donc rapidement on est parti sur un plan “se débrouiller pour profiter d’un maximum de pays en le moins de temps possible”. On a pris la carte d’Interrail (ici) et on a réfléchit au trajet qu’on pourrait faire, en optimisant notre parcours du mieux que possible !
Résultat ? Le programme sera l’Allemagne avec Berlin, la République Tchèque avec Prague, l’Autriche avec Vienne, la Slovénie avec Ljubljana, la Croatie avec Zagreb et Split, et l’Italie avec Gênes, les Cinque Terre et Milan… Et ce en partant le vendredi 29 juillet au soir et en repartant le lundi 15 au matin. Les vacances pour se reposer, ce sera pour plus tard !

Là vous vous dites peut-être que pour un tel programme, il faut une organisation rodée plusieurs mois à l’avance… Alors je rassure celles et ceux dans le fond qui n’ont pas cette habitude, l’organisation du voyage a commencé 15 jours avant le départ ! Etant donné que je connaissais déjà Interrail, je me suis dit “pas de problèmes, ce sera simple”.
Sauf que je n’avais pas pris en compte : le fait qu’on était au mois d’août, que je faisais beaucoup + de pays, qu’avec l’offre 50 ans énormément de personnes auraient des pass, que de nombreux trains seraient à réservation obligatoire… Bref, malgré les maux de têtes que ça a amené, le plan est prêt, c’est parti pour l’aventure !

L’heure du départ est arrivée, premier arrêt, Berlin ! On part de Bourgogne direction Paris, puis Paris-Strasbourg, Strasbourg-Offenburg, Offenburg-Cologne de nuit, puis Cologne-Berlin pour une arrivée en milieu de matinée sur la capitale allemande. Le trajet le plus long du voyage pour commencer ! (Pour celles et ceux qui voudraient découvrir Berlin, je vous rassure ce périple n’est pas le seul moyen de s’y rendre, vous pouvez facilement trouver un trajet avec un seul changement en journée et ce sera relativement rapide)
Deux jours dans la capitale, évidemment c’est peu pour faire le tour, mais c’est déjà bien pour s’imprégner de l’histoire que cette ville contient. Au-delà des différents monuments et mémorial, si vous y alliez, ne ratez pas East Side Gallery, un morceau du mur de Berlin de 1,3km de long, entièrement recouvert de street art d’artistes du monde entier. Tellement fort et symbolique.

Après Berlin, direction Prague ! Rien de plus facile que de passer de la capitale allemande à la capitale tchèque, un train direct en quelques heures et le tour est joué. Si vous visez un trip autour de l’Allemagne, Prague est un détour obligatoire ! Plus belle capitale de notre voyage, je pourrais écrire un article juste sur cette ville. C’est la destination où l’on est resté le plus longtemps (3 jours) et c’était le bon choix. Prague a en plus le génial avantage de se parcourir très facilement à pied en se perdant dans les différentes ruelles, à la découverte d’une culture et une histoire du pays extrêmement riche et encore très récente (on avait sollicité un guide français super cool pour des visites originales, ça a tout changé dans notre séjour), une architecture complètement dingue… Si en plus vous aimez la bière (avec modération bien sûr, même si ce n’est pas le mot préféré des Tchèques qui sont les plus gros consommateurs du monde), Prague est le paradis qui vous attend.

Après Prague, escale rapide à Vienne, juste une journée ! Comme le trajet précédent, train direct assez facile, rien à signaler. Sinon, il est évidemment difficile de parler d’une ville en y restant si peu de temps, mais si c’est une capitale qui vous tente, sachez qu’elle est depuis peu accessible en train de nuit depuis Paris ! Un bon moyen de mettre un pied en Autriche… ou de faire une escale avant Prague ahah !

Après Vienne, Ljubljana ! Là on est sur un trajet un peu plus long (environ 7h), mais c’est direct, et surtout vous passerez par le chemin de fer Semmering : une portion de train de 41km , inscrite au patrimoine de l’Unesco, traversant viaducs et autres ponts en haute montagne, offrant des paysages spectaculaires. Regarder par les fenêtres, c’est profiter en oubliant presque où l’on se rend.
Avant la Slovénie, on venait de marcher à travers 3 capitales et l’envie de retrouver de la nature commençait à arriver très fortement. Ca tombe bien, on avait choisi le pays idéal pour ça. La Slovénie, souvent appelée le coeur vert de l’Europe, c’est près de 60% du pays qui est de la forêt. Sa capital Ljubljana, met la nature et la question écologique au centre de son développement. C’est notre pays coup de cœur du voyage, tant c’est un paradis pour les randonneurs et autres amoureux de la nature. En 2 jours, on a pu profiter des endroits les plus réputés, comme le Lac Bled et les gorges de Vintgar, ou encore les grottes de Postojna (grotte touristique la plus grande d’Europe, fascinante !) tant tout se fait très bien en train ou en bus au départ de la capitale. Vraiment, pour une mise au vert ailleurs qu’en France, la Slovénie est l’endroit idéal. C’est pas la destination la plus directe en train, mais ça reste dans l’ordre du possible, et si vous passez par Vienne, vous apprécierez prendre le temps pour vous y rendre.

Jusqu’ici, pas de galères de train ? Vous trouvez ça bizarre ? Et bien nous aussi, on commençait à se poser la question de quand ça arriverait. On se disait que c’était trop facile alors qu’on allait arriver dans notre 5ème pays : la Croatie. Ljubljana-Zagreb, sur le papier c’est simple, quelques heures dans un train direct et c’est dans la poche ! Bon, petit retard d’une heure et quelque annoncé. C’est le premier, pas de quoi en faire toute une histoire, après d’autres problèmes, on arrivera tard le soir mais on arrivera. Mais c’est à partir de ce moment là qu’on a découvert que le train pour se rendre et voyager à l’intérieur de la Croatie, ce n’est pas une bonne idée. C’était la première fois que je voyais un tableau en gare annoncer tous ses trains en retard, sans exception. De la demi-heure à des retards de plusieurs heures. On a quand même réussi à prendre un train de nuit de Zagreb à Split, en étant chanceux avec un train en retard “que” de 45 minutes. Alors oui les lacs de Plitvice sont l’une des choses les plus incroyables que l’on ait vu, et Split, bien qu’étant une très mauvaise idée en août est jolie, mais en train à l’intérieur du pays, c’est pas le bon plan ! Si vous vous y rendez, prévoyez plutôt de bouger en bus.

On arrive à la partie la moins bas-carbone du voyage, le ferry. Pour passer de Split à l’Italie (Ancone) on a pris le ferry sur 250km. Alors même si selon l’Agence européenne de l’environnement, le ferry pollue 3 fois moins que l’avion, ce n’est pas l’idéal, notamment pour le rejet de particules ultrafines. Donc on ne peut pas parler de moyen de transport “écologique”. Mais le ferry permet de traverser des eaux d’un pays à l’autre sur des distances courtes. Alors un long trajet en train combiné à une petite partie en ferry reste de très très loin une façon plus écologique de voyager que de prendre l’avion. Fin de la parenthèse ferry, et direction Gênes pour découvrir les Cinque Terre !

Là aussi, pas forcément le meilleur plan en plein milieu du mois d’août. Les Cinque Terre pour celles et ceux qui ne connaissent pas, c’est 5 villages à flanc de falaise au bord de la mer les uns à côté des autres, qui forment l’un des endroits les plus touristiques d’Italie. Par contre, rien de plus simple que de le faire en train. Les Cinque Terre (à environ 1h de Gênes) sont reliés par des trains qui circulent toute la journée. Un ticket est mis en place et vous permet de passer d’un village à l’autre quand vous le voulez dans la journée. Et si vous voulez la plus belle vue possible tout en usant vos jambes, vous pouvez passer d’un village à l’autre par différents sentiers par des chemins de randonnées plus ou moins longs et difficiles. De ce qu’on a pu constater, l’Italie a un réseau ferroviaire très bien relié pour un voyageur, donc au vu de se proximité avec la France, ça en fait une destination idéale à découvrir en train !
Je vous passe les détails du retour par Milan jusqu’à Paris (nous on a du faire un changement en Suisse, mais il existe un train direct) qui vient clôturer un voyage unique dont je me souviendrai toute ta ma vie.

Maintenant, si j’ai réussi à vous donner l’envie et quelques idées pour votre prochain voyage, je vais vous donner des conseils. Parce que l’aventure en train avec Interrail c’est cool, mais c’est pas toujours simple. Alors premier conseil, qui peut sembler bête : posez des questions !
Sur Facebook, vous pourrez trouver un groupe qui s’appelle Interrail Travelers. Dessus, j’ai trouvé des gens qui connaissent très bien le réseau européen, les bons plans ou les choses à éviter selon les pays… être sur ce groupe m’a permis d’apprendre énormément de choses pour mes prochains voyages. Ce n’est pas une manière de botter en touche, mais il y a tellement de possibilités différentes avec Interrail, qu’avoir un groupe de milliers de personnes prêts à vous aider, c’est précieux !
2ème conseil : Interrail ne vaut pas TOUJOURS le coup. Là, j’ai payé mon pass Interrail au moment de l’offre anniversaire, soit 250 euros au lieu de 500 euros. Il existe évidemment des pass moins chers, selon le nombre de jours de voyages que vous allez effectuer etc. Mais Interrail offre surtout une flexibilité et la possibilité de prendre des trains partout en Europe plus facilement. Si votre objectif c’est de faire 1 ou 2 capitales sans forcément bouger à l’intérieur du pays, le mieux est de calculer à l’avance combien devrez vous couter les billets par rapport à Interrail (sachant qu’avec Interrail, il y a de nombreux trains dont il faut quand même payer la réservation – qui selon les pays, va de quelques euros à un peu plus cher). En résumé, Interrail est une possibilité pour voyager en Europe, mais n’est pas la seule manière. Vous pouvez vous rendre à Berlin pour 70 euros par exemple.
Autre conseil dans la lignée de la question économique : cherchez vos trajets manuellement, puis voyez pour réserver sur différentes compagnies. Réserver avec la SNCF ne vaut pas toujours le coup, parfois vous gagnerez pas mal d’argent à réserver sur le site de la compagnie du pays. Si vous partez en Europe Centrale, le site OEBB est votre ami ! Sur le site d’Interrail, vous pouvez trouver des cartes qui vous représenteront le réseau européen. Et de notre côté on vous prépare un guide Insta bientôt, pour vous donner des idées de voyages en train, comment les effectuer etc.

Aujourd’hui le réseau européen est loin d’être parfait, voyager en train ce n’est pas forcément simple. Mais il existe une multitude de possibilités qui ne sont pas forcément aussi chères et aussi complexes qu’on peut l’imaginer, alors ne fermez aucune porte, laissez vous rêver !
C’est pour encourager à rêver autrement qu’on décide de vous partager ce genre d’aventures, que ce soit la mienne ou tant d’autres. Les mouvements en faveur du climat ont besoin d’apporter un imaginaire, de montrer que renoncer à l’avion ce n’est pas renoncer à voyager, c’est simplement le faire autrement. Durant le voyage, pas une seule fois je ne me suis ennuyé dans le train : entre discussions et rencontres, jeux de cartes, séries, livre, musique, (et sommeil aussi, vu les heures de réveils !) le train c’est une ode à profiter du voyage et pas que des destinations. On a je pense tous intérêt à incorporer et partager cet aspect de l’aventure, à quitter le tout immédiat, à abandonner l’idée que c’est normal d’aller dans un pays à l’autre bout de l’Europe en peu de temps en sautant dans un avion, où le temps d’attente à l’aéroport sera plus long que le voyage… Bref, à tendre non plus vers des vacances à l’autre bout du monde, mais bel et bien revenir à l’essence même du voyage…

 

Législatives : Pourquoi notre génération ne vote pas ?

Législatives : Pourquoi notre génération ne vote pas ?

Législatives : Pourquoi notre génération ne vote pas ?

À moins que tu aies réussi à être hermétique à l’actualité, le sujet dont on va te parler aujourd’hui, tu l’entends depuis quelques jours : l’abstention !
Mais attends ! Ici, pas de questions de t’expliquer que t’es un.e mauvais.e citoyen.ne ou je ne sais quoi d’autre du style.
Nous on a plutôt essayé de comprendre les différentes raisons qui pouvaient pousser quelqu’un à ne pas voter, et tenter de trouver les bons mots pour y répondre.

On peut comprendre que pour certain.es cela n’intéresse pas, voire énerve de nous voir encore parler des législatives, et promis, c’est la dernière fois avant un loooong moment . Mais des raisons de ramener autant le sujet sur la table, on en a un bon paquet.
Et la 1ère est que les tranches d’âges qui sont le moins allés voter, c’est le coeur de cible de POW : 

  • 69 % des 18-24 ans et 71% des 25-34 ans se sont abstenus

ZOOM SUR 4 GROUPES DE RAISONS

1. “Dégoûté.e par les politiques” “Voter ne changera rien”

Ce rejet de la politique, il est compréhensible, et on pourrait discuter des heures des raisons valables l’expliquant.
Pour autant, face à l’immensité des enjeux sociaux et écologiques auxquels nous faisons et allons devoir faire face, pas le choix : cela passera irrémédiablement par des décisions politiques. On a écrit un article qui explique très facilement en quoi les législatives peuvent changer la donne pour le climat.
En tant qu’association, les décisions de l’Assemblée et l’écoute des député.es peuvent radicalement changer notre travail durant les 5 prochaines années.
De plus, on l’a vu lors du premier tour, des résultats sont très serrés. Chaque voix compte. Et si en tant que jeunes on abandonne les urnes, alors il sera extrêmement difficile d’avoir notre mot à dire sur l’avenir que l’on veut dessiner.

2. “Je ne me reconnais pas dans l’offre politique” “Il n’y a personne pour qui j’ai vraiment envie de voter”

Parfois, on a envie de voter. Mais le casting ne nous fait franchement pas rêver… Pour répondre à ça, on vous partage un tweet d’Elliot Lepers, militant, que l’on trouve à la fois amusant et réaliste :

Evidemment, c’est du cas par cas, et on n’incite pas à voter “quoi qu’il arrive”.
On sait que les scénarios selon les circonscriptions peuvent vraiment rebuter certain.es.

Mais l’idée est de casser le mythe de la solution “parfaite”. On aura toujours des choses à reprocher à des candidat.es. Mais à force d’attendre la solution idéale, il sera trop tard pour nous et pour le climat.

3. “Je n’y suis pas allé car je n’ai pas fait les bonnes démarches”

Pas inscrit.e sur la bonne liste ? Pas réussi à faire procuration ?
Pour la procuration, c’est beaucoup plus simple qu’on ne le pense et se fait en quelques étapes.
1/ Trouve quelqu’un qui veut bien voter pour toi
2/ Inscris toi sur maprocuration.gouv
3/ Valide ton identité dans un commissariat ou gendarmerie
4/ La personne qui vote pour toi reçoit un mail de confirmation et pourra voter pour toi dans ton bureau de vote

Tu peux le faire jusqu’à ce week-end, il n’est pas trop tard !

4. “Je n’étais pas au courant qu’il y avait un vote”

Pour certain.es, les législatives sont passées sous les radars. Il faut dire que par rapport à la présidentielle, la place médiatique et politique accordée aux législatives est dérisoire.
Et c’est là qu’on a toutes et tous un rôle à jouer : parlons-en !
Au vu des chiffres, on a forcément des abstentionnistes dans notre entourage. Alors voter c’est bien, mais en discuter, c’est encore mieux ! Passons au-delà de la réticence à aborder la politique, et parlons de l’importance de l’Assemblée, des enjeux qui en découlent… Osons convaincre !

Aujourd’hui, une vague de chaleur commence. Une vague de chaleur qui devrait battre des records de précocité, avec des impacts majeurs, tant sur nous que sur la biodiversité, l’agriculture… Le GIEC est clair : avec le réchauffement climatique, ce genre de phénomènes arrivera de plus en plus fréquemment, avec une intensité de plus en plus élevée !
Il y a urgence à agir ! Et cette semaine, le meilleur moyen de le faire, c’est de voter dimanche pour des personnes dont l’écologie sera au cœur de leur mandat !

Législatives : Par ici le guide !

Législatives : Par ici le guide !

Le 12 et 19 juin, c’est les législatives ! Une nouvelle élection cruciale pour le fonctionnement du pays. Historiquement, c’est une échéance bien moins saisie par les électeurs.trices que la présidentielle, malgré le fait qu’elles se suivent et qu’elle soit d’une importance majeure. Alors on fait le point ! À quoi ça sert concrètement ? Quels enjeux pour l’écologie ? Notre rôle en tant que défenseur du climat et passionné.e de montagnes ?
Condensé d’informations à lire et à partager avant le premier tour !

Un peu plus d’un mois s’est passé depuis la réélection du Président Emmanuel Macron, et un nouveau gouvernement vient d’être nommé. Le bilan du dernier quinquennat a été décrié à de nombreuses reprises par son manque de mesures en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique (on se rappelle de la Loi Climat qui a renié tout le travail de la Convention Citoyenne sur le sujet), et a même été condamné par le tribunal administratif de Paris pour inaction climatique. Malgré cela, les nominations des deux ministres Agnès Pannier-Runacher et Amélie de Montchalin – respectivement en charge de la transition énergétique et de la transition écologique – ne sont pas porteuses d’espoir pour la suite, et ne laissent pas penser que ce nouveau quinquennat change de direction.
C’est donc dans un climat tendu (sans mauvais jeu de mot) que vont arriver les législatives et la course à la majorité !

Les législatives, à quoi ça sert ?

Les législatives servent à élire les 577 député.es qui vont siéger à l’Assemblée Nationale, l’une des deux chambres formant le Parlement, à côté du Sénat.
Concrètement, le travail principal des député.es, c’est de travailler à l’élaboration de textes de loi, d’en débattre et de les voter.
Sont votés soit des projets de loi du gouvernement, soit des propositions de loi directement de parlementaires. Ils et elles peuvent également proposer des amendements – c’est à dire des modifications partielles ou totales d’articles de loi. Les député.es travaillent en commission, sur des thématiques précises, pour aboutir à créer les textes de loi de demain. Mais ce travail, ils ne le font pas tout seul dans leur coin, mais en compagnie du Sénat, par le biais de ce qu’on appelle : La Navette Parlementaire !

 

Lorsqu’une chambre débat et vote un texte, ce-dernier est ensuite envoyé dans l’autre chambre.
Il y a de nouveau un débat, un vote, et si jamais durant cette nouvelle délibération, l’issue n’est pas la même, cela repart dans l’autre chambre. Ce va-et-vient, c’est la navette parlementaire !
Des désaccords continus peuvent aboutir sur une commission mixte paritaire (avec 7 député.es et 7 sénateurs ou sénatrices) demandée par le Premier Ministre, ou conjointement par le président de chaque assemblée, pour essayer d’aboutir sur accord.
La façon dont se font les lois en France est un peu complexe, mais on vous a trouvé une super vidéo qui vous explique tout de manière très simple en 3 minutes ! 

 

Mais le plus important à retenir, et qui rend aussi forte l’importance des législatives, c’est qu’en cas de désaccords continus : c’est l’Assemblée Nationale qui tranchera !
La majorité au sein de l’Assemblée garantie donc un pouvoir immense pour faire passer des textes et dessiner les mesures politiques du quinquennat.
En cas de majorité pour le Président, ce qui arrive le plus fréquemment, il limite fortement les obstacles pouvant entraver ses décisions. 
Mais il existe un cas où les choses sont différentes…

La Cohabitation, le rêve de l’opposition

Si un parti d’un autre camp politique que le Président obtient la majorité, alors une cohabitation est imposée. Dans ce cas, le Président doit alors nommer un Premier Ministre de ce parti, et ce dernier nommera un nouveau gouvernement, qui cohabitera avec le Chef de l’Etat. C’est rare, mais c’est arrivé 3 fois depuis le début de la Vème République, même si ça n’est plus arrivé depuis 2002 et le passage au quinquennat.

Cet objectif de cohabitation est l’objectif ultime des camps de l’opposition les plus ambitieux. Il permettrait à un chef de parti de devenir Premier Ministre et de pouvoir passer à l’Assemblée nombre de mesures sans que le Président n’ait l’autorité, même si évidemment les pouvoirs du Chef de l’Etat restent nombreux.
Mais les législatives, ce n’est pas la majorité ou rien, heureusement ! 

Les pouvoirs de l’Assemblée

Plus on a de député.es, plus on a de pouvoirs à l’Assemblée. Voici différents paliers : 

15 députés : Création d’un groupe parlementaire. C’est le “minimum” pour espérer peser dans l’Assemblée. Cela permet d’avoir davantage de temps de parole, pouvoir demander des suspensions de séance, demander le vote en scrutin public, plus de moyens de financiers etc.

58 députés : Possibilité de déposer une motion de censure contre le gouvernement, c’est-à-dire un recours qui s’oppose au gouvernement et qui, s’il obtient la majorité, a théoriquement le pouvoir de renverser le gouvernement. On dit bien théoriquement, car en réalité, la motion de censure tient plus de la symbolique pour montrer un fort désaccord à un moment qu’un réel contre-pouvoir, au vu de sa difficulté à être adopté.
Plus d’infos ici

185 députés : Avec 185 parlementaires (ici, les membres du Sénat comptent aussi !), soit 1/5ème des membres du Parlement, vous pouvez lancer une procédure de référendum d’initiative partagée. Vous lancez un référendum, qui devra recueillir 1/10ème des voix du corps électoral, soit 4,7 millions de signatures. Avoir un groupe de député.es aussi nombreux assure donc la possibilité de saisir la voix des citoyen.nes sur un bon nombre de sujets !
Plus d’infos ici

289 député.es : Majorité à l’Assemblée, et donc la garantie d’avoir, si l’ensemble des député.es votent la même chose, l’issue du vote en votre faveur.

Au delà du travail principal qui consiste à réfléchir, débattre et voter des textes de loi, les député.es ont un autre rôle important : avoir un œil sur les actions du gouvernement.
On l’a vu plus haut avec certains pouvoirs, mais de manière générale, les député.es possèdent des outils qui vont permettre d’interpeller les membres du gouvernement par des questions, notamment des questions orales qui ont lieu 2 fois par semaine et qui sont médiatisées. Si la réalité montre qu’il est toujours difficile de s’opposer à une majorité, plus un camp politique a de sièges, plus il formera un contre-pouvoir. C’est extrêmement important d’avoir ça en tête pour expliquer l’importance des législatives autour de soi : chaque député.es compte !
Et en ce qui concerne la protection du climat et de la biodiversité, c’est primordial d’avoir le plus grand nombre possible de député.es sensibles à ces questions !

 


Les législatives, un enjeu colossal pour l’écologie

Les législatives sont la dernière échéance nationale avant 2026 (en 2024 auront lieu les européennes). Quand on sait à quel point chaque année compte, on saisit alors l’importance des 12 et 19 juin. Durant ces 5 dernières années, un grand nombre d’avancées auraient pu être prises pour le climat, notamment grâce aux travaux de la Convention Citoyenne, qui avaient abouti sur 149 propositions. C’est bien dans l’hémicycle que seront votés les futures mesures pour répondre aux alertes du GIEC, pour respecter les accords de Paris, pour réagir à la condamnation pour inaction climatique par la justice… Les législatives sont souvent délaissées : après la présidentielle on peut se demander à quoi sert cette élection, cela entraîne un rejet et un abandon encore plus fort de la politique, la campagne fait très peu de bruits médiatiquement… 
C’est donc à chacun.e d’entre nous de saisir le caractère immanquable de cette échéance. En tant que défenseur de la cause écologique et passionné.e de montagnes, notre rôle est crucial : près d’un quart des communes du territoire sont localisés au sein d’un massif, et près de 2 communes sur 10 sont des communes de montagnes.
Quand on connaît tous les défis à relever pour préserver nos territoires, la (très) longue liste des choses à améliorer ou à mettre en place… les législatives représentent un enjeu colossal !

 

 

Pour gagner, parlons-en !

La première chose que vous pouvez faire, c’est en parler autour de vous. Si la présidentielle était naturellement dans la tête de tout le monde, ici la situation est différente. Alors partagez cet article autour de vous, pour donner clés en mains en quelques minutes l’essentiel. Et surtout, invitez le sujet à votre prochaine discussion !
L’équation des législatives est assez simple : les plus fortes mobilisations l’emporteront.
Nous pouvons donc faire en sorte à veiller que dans nos circonscriptions, ce soit bien des candidat.es attentif.ves aux sujets que l’on défend qui l’emporteront !

Chez POW, on aime bien allier nos actes à nos paroles. Alors quand on dit qu’il est important de parler de ça toutes et tous ensemble, et bien on met en place quelque chose pour le faire à notre échelle : la Convention POWpulaire !
Si vous nous suivez attentivement sur les réseaux, vous savez déjà de quoi on parle. Pour celles et ceux dans le fond pour qui ce n’est pas le cas, pas de problèmes, rattrapage ici.
En quelques mots : on instaure un rendez-vous mensuel en visio pour discuter ensemble de différents sujets, dont une bonne partie que VOUS aurez décidé d’aborder, on partage des informations, nos sentiments, et on réfléchit ensemble à des initiatives ! Cela permettra à la fois de créer un espace d’échange collectif, mais aussi d’alimenter le travail de plaidoyer de l’association à l’avenir !
Le meilleur moyen pour comprendre de quoi on parle ? Tu viens à la première, dès ce soir mercredi 1er juin à 18h30 ! (on te remet le lien d’inscription ici, cadeau).
Et si tu l’as raté, suis nous sur les réseaux et viens à la prochaine !

Glaciers pyrénéens : Tant pis pour le Sud ?

Glaciers pyrénéens : Tant pis pour le Sud ?

Glaciers Pyrénéens : Tant pis pour le Sud ?

Les glaciers pyrénéens sont les plus touchés par le réchauffement climatique en France. Ils présentent une régression de superficie de 90% depuis 1850 contre 50% pour les Alpes. Le climat régional, son emplacement ainsi que son altitude (Le massif de Maladeta, le plus haut, culmine à 3400m) expliquent la fragilité de ces glaciers, souvent mis de côté par rapport à ceux des Alpes. S’il faut évidemment continuer de mettre en avant la situation des glaciers de l’Est de la France, on voulait mettre un peu de lumière sur ces glaciers trop souvent oubliés, et qui ne méritent pas moins d’attention.

Cet article synthétise le rapport de l’association Moraine, couvrant la période 2020-2021. Créée en 2001, L’association Moraine est l’Observatoire des Glaciers des Pyrénées françaises. Elle a donc pour objectif de suivre annuellement leur évolution (longueur, surface, volume).

L’association Moraine est l’unique entité effectuant des suivis réguliers des glaciers pyrénéens français. De plus elle travaille étroitement avec les glaciologues espagnols afin de partager des informations sur l’ensemble du massif.

L’association Moraine se base sur trois indicateurs pour étudier l’évolution des glaciers :
– Les variations de longueur des glaciers
– Les variations de surface des glaciers
– Les variations d’épaisseur des glaciers

Signification des indicateurs

Variations de longueur des glaciers
La variation de longueur est mesurée au niveau du front glaciaire, c’est-à-dire la partie inférieure du glacier, entre un été et le précédent. En effet, chaque été, le front présente une régression due aux hausses des températures saisonnières.

Variations de surface des glaciers
Il s’agit d’étudier l’évolution de la superficie des glaciers sur une large période.

Variations d’épaisseur des glaciers (ou bilan de masse)
C’est le paramètre le plus représentatif. Pour mesurer cette variation, des sondes sont placées afin de mesurer la quantité de neige se formant dans la zone d’accumulation et la quantité de neige qui disparaît dans la zone d’ablation. La différence entre ces données permet d’obtenir l’évolution de l’épaisseur du glacier.
Pour se faire une rapide idée du bilan de masse, on peut regarder la proportion de la zone d’accumulation du glacier par rapport à sa surface totale. Si elle dépasse 60%, le glacier gagne de la masse (bilan excédentaire), sinon il en perd (bilan déficitaire).

Résultats

Sur les 5 des 9 glaciers étudiés, une régression moyenne de 10,7m a été mesurée pour les fronts glaciaires. C’est plus que la moyenne sur ces 19 dernières années qui s’élève à 8m/an. La régression la plus importante a été observée en 2012 avec une moyenne de 37m.

La surface totale des glaciers pyrénéens, quant à elle, est en constante régression. Alors qu’elle plafonnait à 450 hectares en 1850, elle a chuté pour atteindre 140 hectares en 2002 et 79 hectares en 2019.
Le glacier d’Ossoue, le plus imposant, présente la plus grande régression : il est passé de près de 60 hectares en 2002 à environ 32 hectares en 2019.

Enfin, le bilan de masse est lui aussi inquiétant. Sur la période 2002-2021, le ratio d’accumulation moyen est d’environ 28% ce qui implique un bilan de masse très déficitaire. Pour rappel, le bilan de masse est équilibré pour un ratio d’accumulation de 60%. Sur l’année 2021, le ratio d’accumulation est de 12%.
Dans son rapport, l’association Moraine s’est intéressée plus en détail au glacier d’Ossoue. Depuis 2002, le glacier a vu son épaisseur diminuer en moyenne de 31,13m d’eau sur l’ensemble de sa superficie. En 2021, son épaisseur a diminué de 2,22m d’eau soit 2,47m de glace.

Conclusion

Un glacier, par sa fragilité, est un bon indicateur de l’évolution du climat. Ce rapport annuel confirme bien le réchauffement climatique en cours puisque l’évolution depuis 2002 des trois indicateurs est alarmante. A ce rythme, les glaciers des Pyrénées français auront pratiquement disparu d’ici le milieu du XXIème siècle. Et on pense que ça mérite toute notre attention.

Vous pourrez accéder au rapport et à d’autres photos sur le site de l’association Moraine, et vous avez la possibilité d’adhérer à l’association pour les soutenir : http://asso.moraine.free.fr

Climat et médias : Mais c est quoi le problème ?

Climat et médias : Mais c est quoi le problème ?

Climat et Médias : Mais c’est quoi le problème ?

Voilà deux semaines que notre campagne de mobilisation sur la place du climat dans les médias a commencé. L’outil sera en ligne jusqu’à la fin de la semaine, on vous encourage donc à solliciter ces PQR pour les pousser à la réaction et au dialogue et également à aller jeter un œil aux différentes initiatives que l’on a mis en avant ici.
En attendant, pour enchaîner sur ce grand sujet, on se penche aujourd’hui sur deux questions :
Comment expliquer ce problème entre les médias et le climat ? Et quel est le rôle de chacun.e de nous, en tant que citoyen.nes dans cette situation ?
Et à la fin de l’article, on vous propose une autre action ! 

Une hyper concentration des médias

Pèse aujourd’hui un problème majeur sur les médias en France : la concentration des médias.
Une hyper concentration des rédactions par des groupes industriels, des acteurs puissants, qui ont des intérêts personnels économiques loin de toute préoccupation écologiques ou sociales.
C’est le premier constat à faire lorsque l’on évoque la question de la sphère médiatique en France.
Ces dernières années, ce phénomène s’est accru extrêmement rapidement, avec la construction de véritables empires médiatiques.
L’exemple le plus connu sans doute : Vincent Bolloré.
Propriétaire de Vivendi, groupe spécialisé dans les contenus, les médias et la communication, avec en sa possession entre autres le groupe Canal + (toutes les chaînes Canal, C8, CNEWS etc.) ou encore Prisma Media, le leader de la presse magazine (Voici, Capital…) Editis, deuxième groupe d’édition français…
Et en France, ils sont quelques uns à accumuler des groupes et des rédactions à l’image de ce que fait Bolloré. Ci-dessous, une carte montrant le paysage médiatique français avec qui possède quoi, créée par Le Monde Diplomatique et ACRIMED (Observatoire des médias)

Cette concentration des médias, elle pose de nombreux problèmes. D’abord, une question de pluralisme. Plus des rédactions, des chaînes de tv ou des radios appartiennent à la même personne, plus il y a de la chance que la ligne éditoriale soit directement ou indirectement impactée. Nombreux observateurs aujourd’hui s’inquiètent par exemple de l’étendue de l’empire Bolloré, car il entraîne une extrême droitisation des débats sur ses chaînes, et auraient notamment permis la montée d’Eric Zemmour, de part la forte audience qui était consacré à ce dernier et à ces sujets de prédilection.

Comme le rappelle Julia Cagé (économiste qui travaille sur l’économie des médias et les questions de démocratie) : On a écrit dans la constitution française que le pluralisme était un principe constitutionnel. Parce qu’on veut, en démocratie, que les citoyen.nes soient exposé.es à une multitude de points de vues.

Pour prendre un exemple sur la presse régionale, le cœur de cible de notre action en ce moment.
Dans la presse régionale, on est passé de 150 titres en 1945 à une soixantaine à peine aujourd’hui.
Et derrière ces journaux locaux, des groupes de presse importants, comme le groupe Ebra, qui concentre l’ensemble de la presse quotidienne régionale de l’Est français (Le Progrès, Le Bien Public, Le Dauphiné…) et qui a comme actionnaire principal : le Crédit Mutuel.

Au delà du pluralisme, cela pose des questions d’intérêts économiques , de dépendance à la publicité, d’influence plus ou moins directe sur la gestion de ces rédactions… des facteurs encore plus importants lorsqu’il s’agit de parler d’environnement et de climat, sujets complexes, clivants, peu vendeur et qui se heurtent aux nombreux intérêts de différents secteurs.
Ces nombreuses questions ont amené le Sénat a ouvrir une commission d’enquête exceptionnelle avec de nombreuses auditions qui se sont déroulées en ce début d’année.
Avec le groupe Bouygues (TF1) qui rachète le groupe M6 ou Bolloré qui continue de vouloir s’étendre et qui est en train de racheter le groupe Lagardère et de mettre la main sur Hachette (leader du secteur du livre) Europe 1, le JDD, Paris Match… la concentration des médias est un phénomène qui s’emballe et qui inquiète de plus en plus en France.
C’est évidemment un vaste sujet qu’on n’a pas la prétention de pouvoir traiter de manière exhaustive ici, mais on trouvait important de l’évoquer pour donner des éléments d’approche sur ce milieu complexe du journalisme. On vous invite à aller jeter un œil aux ressources vous permettant d’aller plus en loin en bas de l’article.

L’écologie, un sujet trop compliqué ?

À la question qui nous anime « Pourquoi les médias ne parlent-ils pas plus de climats ? », un autre élément de réponse très important rentre en jeu : la formation des journalistes.
Parler des sujets liés à l’écologie est complexe, souvent plus que ce qu’il n’y paraît. Et les journalistes, les rédacteurs en chefs ne sont pas – pour une majorité – formés à ces questions.
Cela a donc deux conséquences : on en parle peu, et quand on en parle, c’est une rubrique à part, un supplément, réservés à des « spécialistes ».
C’est le constat que faisait très récemment Sophie Roland 1 , ancienne journaliste de Cash Investigation, qui intervient maintenant dans des écoles et des rédactions pour apprendre aux journalistes à traiter correctement les sujets liés au climat.

« Je crois que les rédacteurs en chefs manquent de connaissances sur ce thème. Pendant longtemps, l’environnement était vu comme une rubrique à part, réservée à des spécialistes. Aujourd’hui, les enjeux climatiques irriguent l’ensemble des sujets de société ‒ économie, politique, etc. Mais ni les rédacteurs en chef, ni les journalistes des services associés n’ont été formés à ces thématiques : ils n’ont pas conscience de l’urgence de les traiter à l’antenne ‒ et ne savent pas non plus comment le faire. »

Sophie Roland, ancienne journaliste

On a pu observer le constat de la « rubrique à part » à travers des réponses que nous avons pu recevoir, et notamment une rédaction qui nous expliquait en quoi notre action tombait mal puisque le supplément spécial écologie de 16 pages venait de sortir, alors que c’est au contraire symptomatique du problème. On ne peut plus traiter l’actualité sans prendre en compte les questions environnementales, et se dédouaner en parlant d’ours polaires de temps en temps (même si chez POW, on aime beaucoup les ours polaires).
La question climatique est totalement dépolitisée, alors qu’elle devrait rentrer dans les lignes éditoriales de chaque rédaction pour aiguiller la façon de traiter un sujet ou même de lui donner ou non de l’importance, comme il y a à peine quelques jours, au moment où le Parisien a jugé être une bonne idée d’écrire un article et de poster une vidéo sur le plus grand Hummer du monde à Dubaï 2

La question de la formation est liée à la question de la concentration des médias par le nerf de la guerre : l’argent.
Les journalistes aujourd’hui ont de moins en moins de temps, les rédactions sont dans une logique de transmission de l’information le plus rapidement possible car il faut penser rentabilité, clics, pubs…
Alors que traiter certains sujets de façon rigoureuse prend plus de temps que de relayer une brève AFP sans aller plus loin, sans regarder les rapports initiaux etc.
Paloma Moritz, journaliste spécialisée sur les questions climatiques pour Blast, disait récemment au micro du podcast 20 minutes avant la fin du monde :

« Moi j’ai pas de formation de scientifiques, j’ai fait Sciences PO donc j’ai plutôt une formation sciences sociales. Et sur une semaine, je vais à la fois travailler sur les grandes multinationales criminelles climatiques, et le glacier de l’antarctique Ouest qui est en train de s’effondrer.
Donc je passe mon temps à m’auto-former, à lire des rapports… je passe mon temps à fact checker. C’est sûr que ça nécessite un travail en plus. Et comme beaucoup de journalistes n’ont pas le temps, et bien dès que je me spécialise sur un sujet, je ne vois que des approximations dans les articles et ça c’est très alarmant. […] C’est important aussi de travailler avec les scientifiques. Je pense que c’est une chose à faire de plus en plus de créer des relations entre les ONG, les associations, les scientifiques et les journalistes qui y ont tout intérêt »

Paloma Moritz, journaliste pour Blast

C’est l’un de nos grands messages aux PQR que l’on a contacté : des associations, scientifiques, acteurs.trices de terrains sont là pour aider les rédactions ; il faut qu’ils s’en saisissent davantage pour parler plus fréquemment de climat.

On voulait évoquer certains sujets liés à la sphère médiatique, car il est essentiel pour nous de ne pas tomber dans le rejet des journalistes, le syndrome du « tous les mêmes ». La situation de la presse en France est loin d’être simple et loin d’être binaire. Le milieu du journalisme, ce n’est pas uniquement les têtes connues sur les plateaux tv, loin de là. C’est un milieu touché par la précarité, où il est de plus en plus difficile de s’insérer professionnellement, d’avoir un CDI… Et cela a également de nombreuses conséquences, comme le fait d’amener potentiellement à de l’autocensure pour ne pas s’éloigner de la ligne éditoriale de son média, la peur de perdre son poste, la nécessité de faire des articles lus suffisamment de fois…
Encore une fois, on vous partage des ressources sur le sujet à la fin de l’article si vous voulez en savoir davantage sur le sujet. En attendant, il faut qu’on parle d’un autre grand sujet : et vous, c’est quoi votre responsabilité dans tout ça ?

Vous avez été nombreux.ses à participer à l’action que l’on a mise en place afin de réclamer plus de climat dans les presses locales, et on vous en remercie !
Malheureusement, il y a peu de chances que du jour au lendemain l’ensemble de la presse ait des Unes sur le climat toutes les semaines, surtout avec les barrières qu’on a évoqué plus haut.
Donc même s’il faut se mobiliser pour réclamer davantage de climat dans les médias, nous avons aussi un rôle à jouer ailleurs : celui de mettre en avant le travail de celles et ceux qui œuvrent sur ces questions toute l’année !
Oui, c’est rageant de voir que le dernier rapport du GIEC est quasi un non sujet. Oui, c’est rageant de voir que la baffe de Will Smith fait le tour des médias quand le climat ne dépasse pas les 5% de temps consacré aux débats alors que la présidentielle est dans quelques jours. Et on pourrait continuer la liste longtemps…
Mais face à ça, on a toutes et tous notre rôle à jouer. On est évidemment beaucoup à agir, à se mobiliser, à aller dans la rue… Mais face à grand jeu de l’information, où chacun.e ne se bat pas à armes égales, on doit faire plus.
Si l’on a mentionné la concentration des radios, chaînes de télévision ou rédactions les plus importantes de France, il y a en face de plus en plus de médias indépendants, d’associations, d’acteurs.trices qui informent, partagent et créent du contenu, que ce soit sur les réseaux, sur des sites ou des plateformes.
De nombreuses personnes qui n’ont pas le pouvoir financier et publicitaire des géants, mais qui pourtant se battent dans la même arène : un monde d’internet régi par les algorithmes et la publicité, où le clic entraîne le clic, le like entraîne le like.

Une règle dans la cyberculture dit que l’on serait moins de 1% à créer du contenu, environ 9% à participer occasionnellement (donc partager, commenter…) et le reste consommeraient de manière passive. Ce qu’on vous propose, c’est d’essayer, chacun.e à son échelle, de faire grandir la part de personne qui participe, qui va commenter ne serait-ce que pour référencer un contenu, qui va partager soit publiquement soit à des proches, des amis…
L’idéal en ce qui concerne les médias indépendants et les associations, c’est de vous abonner ou adhérer lorsque vous le pouvez, pour faire vivre financièrement ces structures. Certains médias d’ailleurs n’ont pas d’autres choix que d’avoir un contenu payant pour se financer.
Mais pour la grande majorité d’entre nous, il est impossible de le faire pour l’ensemble des personnes que l’on souhaiterait aider.
Ne négligeons pas alors l’aide que représente le fait d’augmenter l’audience d’un travail, qui n’a que pour but d’informer, de mobiliser, d’encourager le plus grand nombre de personnes, afin de faire bouger les lignes. Participer au partage de l’information, c’est un réel pouvoir citoyen !

On vous propose donc de vous rendre sur les comptes des différents réseaux POW FR, avec comme missions de :
1/ Taguer un ou plusieurs médias indépendants que vous soutenez en commentaire
2/ Taguer une ou plusieurs associations que vous soutenez en commentaire
3/ Partager le post et ou l’article sur vos réseaux ou à vos proches pour leur faire découvrir des choses !

Et on espère que cette action, en dehors de ce cadre précis, entraînera de nouvelles habitudes.
On le répète, et on le répètera : c’est ensemble, en unissant nos forces, nos motivations, que nous arriverons à faire bouger les lignes !