Protégeons nos peaux de phoque : Emily Harrop et la Capsule Hivernale

Protégeons nos peaux de phoque : Emily Harrop et la Capsule Hivernale

Protégeons nos… peaux de phoque : Emily Harrop et la Capsule Hivernale !

3ème épisode de notre projet de Capsule Hivernale ! Si vous avez raté les 2 premiers, tout est sur notre site avec un article pour comprendre les grandes lignes du projet à retrouver ici.
Rapide rappel pour celles et ceux qui viennent d’arriver : le projet de Capsule Hivernale consiste à illustrer l’engagement de différents athlètes, portant différents projets, par le placement d’un objet qui leur est cher dans une capsule temporelle. Cette dernière sera ouverte symboliquement l’hiver 2025 pour voir le chemin qui a été fait.
Durant quelques semaines, vous allez découvrir des athlètes à travers des interviews : l’occasion pour eux de parler de leurs engagements, leurs projets…
On commence une nouvelle semaine aujourd’hui avec Emily Harrop, qui a placé dans la capsule ses peaux de phoques !

Peux-tu te présenter ?

Moi c’est Emily Harrop, j’ai 25 ans, je fais du ski d’alpinisme en compétition et je viens des 3 Vallées. 

Tu es athlète pro, mais tu as aussi mené un projet dans le cadre de tes études, un mémoire. Est-ce que tu peux nous en parler ? 

Ouais carrément ! C’était dans le cadre de mon mémoire de fin d’études. On a décidé de le faire sur le sujet de l’environnement, mais au sein des marques Outdoor, parce que c’est un milieu dans lequel on est directement impliqués.
C’est un sujet auquel on pense régulièrement, parce que forcément, notre activité est affectée par cela. On se pose beaucoup de questions, déjà sur nous-mêmes, sur comment on peut agir. On était hyper intéressés de voir comment les marques Outdoor agissaient, car c’est vrai qu’aujourd’hui, en tant que consommateurs de marques Outdoor, on peut parfois être perdus par toutes les actions qu’il peut y avoir. C’était un sujet qui était déjà personnel et on se disait que c’était hyper intéressant à creuser pour nos carrières professionnelles. 

Justement, pourquoi avoir choisi un sujet environnemental, plutôt que juste sportif ? 

L’environnement c’est tellement un sujet important pour nous, sportifs.ves aujourd’hui. Tout ce qu’on fait se passe dans la nature. Tous les impacts qu’il peut y avoir, ça va directement nous impacter dans nos activités. On a donc vraiment à cœur d’avancer sur ces sujets-là et de voir comment tout l’écosystème autour fait pour avancer avec les actions mises en place. 


Quelles sont les conclusions de ce mémoire ? 

Globalement, une des choses qui est vraiment ressortie, c’est que tout le monde est obligé d’accélérer sur les actions concrètes au niveau de leurs produits dans les prochaines années. Il y a beaucoup de réglementations qui arrivent et la plupart des acteurs du milieu prennent vraiment conscience et commencent à se focaliser sur les points les plus impactant.

Jusqu’à il y a peu, il n’y avait pas eu assez de données pour savoir là où c’était le plus important d’agir. On voit que beaucoup de monde centralise leur travail. Tout le monde va dans le même sens, que ce soit les consommateurs ou les marques Outdoor. On n’est pas encore au niveau espéré, mais ça commence.

Comment tu vois l’étape d’après ? Comment tu comptes exploiter ce travail ?

On va faire des retours aux entreprises qui ont participé au projet. On a beaucoup discuté avec eux, avec les acteurs du milieu, pour peut-être faire murir de nouveaux sujets de réflexion. 

Notre génération, et celles qui suivent, se questionnent beaucoup sur leur métier, leur choix d’études. Tu as ce questionnement vis-à-vis de ton travail, de la manière dont tu veux vivre de ton sport ? 

Il y a eu beaucoup d’étudiants qui ont portés haut la voix de toute cette génération qui est passée entre autres par des écoles de commerce ou d’ingénieurs et qui maintenant se recentrent vis-à-vis des interrogations actuelles, au niveau de l’environnement et de leurs valeurs. Les métiers de demain vont accueillir beaucoup de nouvelles idées.  Personnellement, c’est quelque chose que je souhaite vraiment poursuivre, pour être actrice dans le futur à ce niveau là. 


Est-ce que le fait d’être au sein d’un collectif, d’être entourée par d’autres athlètes, te motive ? 

C’est quelque chose qui mûrit dans ma tête. Je pense que d’être entourée par des gens qui portent les mêmes valeurs, ça aide à avancer sur ces sujets là. Aussi, c’est utile pour ne pas se sentir noyée par l’impuissance qu’on peut parfois ressentir quand on est tout seul à vouloir agir. Si à mon niveau, en tant qu’athlète, je peux aider sur ce thème, c’est que du plus. J’ai envie de pouvoir apporter une petite pierre à l’édifice. 


Avant de terminer, tu as envie de nous partager un message en complément ? 

Il y a un élément qui est ressorti au travers de notre mémoire. Les gens qui sont dans l’Outdoor, on est forcément beaucoup plus touchés par ces sujets là. On est un peu les premiers sur le devant de la scène de ces changements climatiques. Je pense que c’est super important que les gens qui n’ont pas l’habitude de côtoyer ce milieu aient l’occasion de s’y rendre et qu’ils prennent aussi conscience. Ce n’est pas toujours évident de se rendre compte à quel point ça va vite quand on ne vit pas dedans. Il faut aller sur le terrain.

 

Le mot de POW 

Emily par son projet vient toucher deux aspects majeurs nécessaire à la transition écologique de notre milieu : la recherche et les marques. 
Porter un travail de comme celui-ci, en tant que sportif professionnel, c’est aussi utile concrètement que symboliquement fort. Les marques Outdoor doivent effectuer une transition et vite, sans attendre que ce soit des lois qui les contraignent.
Chez POW on tend dans cette direction de collaboration avec des marques, lesquelles doivent, au delà de diminuer leurs impacts en tant qu’entreprises, porter une voix écologique en soutenant différents acteurs de terrain dans leurs projets.
Comme l’a dit Emily, être entourée aide à avancer, on doit se mobiliser collectivement pour arriver à répondre aux enjeux environnementaux auxquels nous faisons face.
Pour ça, on remercie Emily à la fois pour son travail mais aussi pour la voix qu’elle porte en participant à cette campagne et en s’engageant ! 

 

 

Protégeons nos peaux de phoque : Emily Harrop et la Capsule Hivernale

Protégeons nos bonnets : Vivian Bruchez et la capsule hivernale

Protégeons nos… bonnets : Vivian Bruchez et la Capsule Hivernale !

Après avoir annoncer le lancement de notre projet de Capsule Hivernale la semaine dernière (les grandes lignes du projet à retrouver ici), lundi est sortie la 1ère interview d’athlète avec Chloé Trespeuch (ici). 
Rapide rappel pour celles et ceux qui viennent d’arriver : le projet de Capsule Hivernale consiste à illustrer l’engagement de différents athlètes, portant différents projets, par le placement d’un objet qui leur est cher dans une capsule temporelle. Cette dernière sera ouverte symboliquement l’hiver 2025 pour voir le chemin qui a été fait.
Durant quelques semaines, vous allez découvrir des athlètes à travers des interviews : l’occasion pour eux de parler de leurs engagements, leurs projets…
On enchaîne aujourd’hui avec Vivian Bruchez, qui a placé dans la capsule son bonnet !

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Vivian Bruchez, je suis guide de haute montagne, skieur de pentes raides et également professeur à l’école nationale de ski et d’alpinisme.

À travers ton métier et ta passion, tu portes  un projet d’étude de la qualité de l’air et tu as rassemblé autour de toi plusieurs acteurs, dont POW France. Est-ce que tu peux nous parler de ce projet et de comment tu en est venu à le faire ? 

Ecoute, au départ moi j’ai déjà un projet plutôt de skieur, qui est de skier tous les “4000” des Alpes. Il y en a 82, donc beaucoup. Et à travers ce projet-là, je me rends compte que j’ai beaucoup de chance de pouvoir parcourir les montagnes et d’être super libre dans mes itinéraires, dans mes choix et tout ça. Donc j’avais envie d’amener une forme de témoignage de la qualité de l’air, parce que très souvent je pars du bas de la vallée pour aller jusqu’au sommet des montagnes et donc je passe par tous les étages de végétations : ça part des vallées, ça arrive sur des glaciers et finalement ça arrive sur les sommets. C’est là que je me suis rapproché de POW France qui m’a aidé avec cette idée de recherche de données par des petits boîtiers avant de me mettre en lien avec ATMO qui travaille vraiment sur la qualité de l’air. Ils m’ont dit qu’ils allaient me fournir un boîtier pour que je puisse faire des relevés à travers mon projet.

Donc je trouve que ça a beaucoup de sens dans ce que je fais parce que oui, je passe souvent dans des endroits où il n’y a encore personne qui est passé. C’est parfois des nouveaux itinéraires, c’est parfois des itinéraires classiques. Je me déplace à travers toutes les Alpes puisque les 82 “4000” c’est sur toute la chaîne des Alpes. Alors voilà, c’était une manière pour moi de répondre à des questions que je peux avoir et de le faire hyper simplement.

Oui, parce que la pollution de l’air ce n’est pas vraiment quelque chose de tangible, comme les chutes de roches ou l’effondrement des glaciers. Est-ce que ce projet-là t’as aidé à te rendre compte de cette problématique ? Notamment liée au transport.

 Alors tu vois moi, à travers mon métier de guide, j’ai un vrai témoignage terrain. La chose primordiale pour moi, c’est que je vois les choses, je vois les montagnes changer, l’enneigement baisser, les montagnes qui bougent surtout l’été… Donc ça je le vois beaucoup, pour moi c’est l’aspect numéro un. Mais forcément la qualité de l’air ça ne se mesure pas, enfin c’est quelque chose qu’on ne voit pas d’un simple coup d’œil. Ce projet c’était un peu mesurer l’invisible, c’est ça qui m’intéressait !

On entend de plus en plus de scientifiques parler de leur travaux sur le réchauffement climatique mais on peut parfois avoir du mal à comprendre ce qu’il se passe, c’est des messages qui paraissent assez techniques. Est-ce que c’était une volonté de ta part aussi de vulgariser ce sujet-là à ta manière, auprès de ta communauté ?

 Je pense qu’on a vraiment besoin d’avoir un regard scientifique parce que ça fait un état des lieux. Par contre, pour moi c’est vraiment très important d’apporter un discours terrain de pratiquant en face. Des gens qui voient les choses, qui ressentent les choses. C’est le combo des deux qui est intéressant. Si c’est trop scientifique, on en a presque peur et souvent c’est très alarmiste. Alors que sur le terrain, en tant qu’athlète, t’as un aspect émotionnel qui fait qu’on a envie de défendre le “beau” et je pense que c’est important. Forcément, on va critiquer le transport pour venir dans nos stations, dans nos montagnes, mais en attendant on est extrêmement heureux d’accueillir des visiteurs venant les regarder ces montagnes. Il y a donc beaucoup de questions qui se posent. Moi j’encourage vraiment les gens à aller voir la beauté des montagnes mais c’est sûr qu’il faut qu’on travaille pour les préserver.

 

Qu’est-ce qui t’as motivé de mener un projet écologique au travers ton métier, de ta passion ?

C’est le plus grand enjeu de demain. Pour nous, quand on est montagnard, quand t’es guide de haute montagne, forcément ton enjeu principal doit être de préserver cette montagne . Après actuellement, je n’ai pas l’impression que ça m’aide parce qu’il y a beaucoup d’incertitude. Je dirais que ce que je fais aujourd’hui, c’est collecter de l’expérience, collecter des données pour mieux les transmettre après. Forcément, le faire sur le terrain, avec de la passion, c’est beaucoup plus simple.

Une dernière question qui est plus liée à l’actualité, avec les jeux asiatiques d’hiver de 2029, mais aussi par rapport aux JO en Chine l’année dernière. Comment tu vois le rôles des athlètes dans ces sujets là ? Le rôle des fédérations ?

C’est un sujet qui est extrêmement épineux parce que tu sais pas trop quoi en penser. Même au départ, parfois tu ne sais pas si c’est fake en fait. Surtout que moi, dans tout ce que je fais, je suis super défenseur en disant “faut skier la neige quand elle est là”. Même ne serait-ce que produire de la neige, bah oui il faut quelque part, mais il y a parfois plein de neige au printemps, même des fois dans l’été et finalement cette neige on ne la ski pas. Déjà ça ça me marque pour chez nous. Alors c’est sûr que quand on te parle de compétitions internationales qui se passe dans le désert, c’est quand même marquant. Oui, je pense que les athlètes de haut niveau, voire les anciens qui sont des portes parole, ils ont vraiment leur mot à dire. Ils peuvent être révélateur de conscience : s’ils mettent de la lumière sur quelque chose, je pense qu’ils vont être écoutés. Après, il faut trouver les bons mots. Je ne sais pas d’ailleurs si vraiment ça pourrait être annulé, ou changer d’ici 2029. Je ne sais pas, on verra.

Merci ! Si tu veux rajouter un dernier mot, sur le projet ou autre ?

Je pense que ce sont des sujets qui sont hyper intéressants. Très souvent, le fait de faire des projets en commun, avec différents athlètes, ça permet de prendre conscience de certaines choses, donc je pense que c’est des choses à faire. Puis c’est bien d’accompagner les athlètes dans leur discours  aussi, parce qu’au final nous on a nos visions mais elles ne sont pas tout le temps justes. Ce projet, qui s’inscrit dans le temps, est assez symbolique : laisser un objet, voir comment ça évolue dans le futur… Pour moi c’est un symbole fort, c’est bien !

 

Le mot de POW 

C’est un peu particulier de parler du projet de Vivian – et en même temps ça nous rend d’autant plus fier – que nous sommes partie intégrante de ce projet. La qualité de l’air est un enjeu majeur, à la fois en France, en Europe et dans le monde. Lié notamment à nos mobilités, cet enjeu doit être abondamment abordé, expliqué et considéré à la hauteur de sa gravité.
Pour avoir quelques chiffres en tête :
– + de 300 000 décès prématurés sont liés aux particules fines en Europe, 40 000 environ rien que pour la France
– 6,5 millions de décès chaque année sont provoqués par la pollution de l’air dans le monde, ce qui en fait un des principaux risques de santé mondial
On est donc face à un sujet majeur qui est à la fois une question de santé publique et une question environnementale. On ne s’étale pas davantage, vous aurez à travers Vivian et POW des nouvelles de ce projet dans les temps à venir. En attendant, on remercie Vivian pour son engagement et sa prise de parole.
Les athlètes ont le pouvoir de porter des projets ou de donner un écho à des mobilisations. Ensemble, avançons dans la même direction, celle de Protéger nos Hivers !

Protégeons nos peaux de phoque : Emily Harrop et la Capsule Hivernale

Protégeons nos boots : Chloé Trespeuch et la Capsule Hivernale

Protégeons nos… boots : Chloé Trespeuch et la Capsule Hivernale

La semaine dernière, on annonçait le lancement de notre projet de Capsule Hivernale.
Si vous l’avez raté, on vous en parle ici pour tout savoir de la genèse de ce projet, qui consiste à illustrer l’engagement de différents athlètes, portant différents projets, par le placement d’un objet qui leur est cher dans une capsule temporelle. Cette dernière sera ouverte symboliquement l’hiver 2025 pour voir le chemin qui a été fait.
Durant quelques semaines, vous allez découvrir des athlètes à travers des interviews : l’occasion pour eux de parler de leurs engagements, leurs projets…
On commence aujourd’hui avec Chloé Trespeuch, qui a placé dans la capsule ses boots !

Bonjour Chloé ! Pour commencer, peux-tu te présenter rapidement ?

Bonjour ! Je m’appelle Chloé Trespeuch, je suis en équipe de France de Snowboard Cross, double médaillée Olympique, et je suis co-fondatrice et présidente de l’association environnementale Ecoglobe. 

Tu as décidé de t’engager de manière professionnelle sur les questions environnementales, en co-fondant Ecoglobe. Est-ce que tu peux nous parler de ton engagement et de ton projet ?

Oui, alors j’avais vraiment cette sensibilité pour la nature, pour l’environnement. Je voulais essayer de donner du sens aussi à ma pratique du sport de haut niveau, à cette petite notoriété, visibilité qu’on a au travers du sport. On a donc monté cette association en famille parce que c’était un sujet qui nous rassemblait, pour agir et sensibiliser –  les jeunes la plupart du temps.
Je fais quelques interventions dans les écoles pour juste en parler, ouvrir le débat et surtout rendre ce sujet accessible à tous : communiquer sur le fait qu’il n’y a pas que les gens “parfaits” d’un point de vue environnemental qui doivent porter ce sujet ou agir. C’est quelque chose qui est accessible à toutes et tous et surtout qui doit être encouragé par tout le monde.
C’était aussi l’idée d’organiser des événements autour du sport et de l’environnement. Je trouve que ces deux milieux sont hyper liés. En fait, il n’y a pas de sport sans environnement. L’environnement et la nature font partie de notre bien-être, tout comme le sport.
L’idée c’était de lier les deux, de créer des événements sportifs avec le côté sensibilisation intégré. Parce que je pense qu’on apprend mieux quand on fait quelque chose de ludique, que l’on aime. Voilà un peu les projets d’Ecoglobe. On veut vraiment rendre ces sujets là accessible et essayer d’éduquer cette jeune génération qui est encore flexible et qui a le pouvoir de changer les choses. 

 

Ce qui rapproche ce projet de Protect Our Winters France, c’est le côté communautaire, cet aspect collectif et la volonté d’agir ensemble. C’était important pour toi d’intégrer cet aspect communauté pour parler de ces questions-là ? 

Oui, parce que justement le but c’est qu’on soit de plus en plus à s’intéresser profondément au fait de vouloir évoluer, que ce soient des petites ou des grandes actions. C’est vraiment l’idée de faire passer le message au plus grand nombre tout comme le fait POW. C’est ce lien entre les deux qui m’a motivée à participer à ce projet. 

 

On pourrait voir venir dans le futur des collaborations entre les deux associations alors ? 

Je pense que ce serait trop bien. Unir nos forces pour augmenter encore le message et cette sensibilisation !

 

En tant qu’athlète, tu fais partie de la Fédération Française de Snowboard. Comment est-ce que tu ressens cette problématique au sein de la Fédération ? 

Cette année je suis contente, car les sujets sont de plus en plus abordés. Ça part de mauvais exemples, comme Pékin. Mais l’avantage de ces mauvais exemples, c’est que ça donne une idée de ce qu’on ne veut pas reproduire. C’est vraiment ce que j’ai vu avec Pékin. Alors c’étaient les Jeux Olympiques, en tant qu’athlète j’y allais pour la performance. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avant d’y aller sur place. Et j’ai constaté tout ce qui n’allait pas. Je pense que c’est notre rôle de faire remonter les infos, de faire bouger les choses par la parole, par l’ouverture du débat, par le fait d’en parler dans les médias. Faire en sorte que ça devienne un sujet qui est évoqué de plus en plus souvent : prendre les mauvaises choses, pour ne pas les reproduire. 
Je crois vraiment en une évolution positive, déjà avec Paris 2024 – où l’on voit que ces sujets sont mis au coeur du projet, alors qu’avant c’était plus une idée de com’ qu’on rajoutait. Là, on essaie de le mettre au coeur des réflexions, de construire les choses autour. Donc je crois qu’on part sur de bonnes bases et, le fait que ce soit de plus en plus évoqué dans les discours, dans la volonté d’agir, je crois qu’on va dans le bon sens. En tant qu’athlète je suis hyper touchée par ces sujets. J’ai vraiment envie que notre sport – comme tous les autres domaines – évolue, que les calendriers évoluent, qu’on prenne moins l’avion. Qu’on aille toujours dans des endroits qui ont un climat adapté. C’est le cas des prochains Jeux Olympiques qui seront en Italie. C’est déjà des choses qui redonnent le sourire, après trois Olympiades où l’on a pas choisi l’endroit par rapport à son adéquation en terme de climat. Sotchi, PyeongChang, Pékin – on voit que les sujets environnementaux n’ont pas été pris en compte. 

Donc notre rôle c’est d’en parler, d’essayer de sensibiliser et faire changer les choses. 

 

Tu parlais du calendrier. Nous on a communiqué justement sur le fait que les équipes de France sont allées en Amérique du Sud pour s’entraîner, sans pointer du doigt les athlètes, mais en questionnant ce calendrier. 

Est-ce que vous, en tant qu’athlètes au sein de fédérations, vous avez la place de faire remonter ces sujets là ? 

Oui on peut. Mais on est aussi vraiment à la recherche de performances. Si on refuse d’aller s’entraîner en Amérique du Sud, on ne peut pas espérer briller cet hiver sur les Coupes du Monde. Parce que les Américains, les Canadiens, les Italiens vont s’entraîner. 
Donc on est toujours partagés entre l’objectif, puisque c’est notre métier d’être performants, et notre sensibilisation environnementale. C’est délicat, il faudrait que ce soit des décisions qui soient prises à l’international par la FIS par exemple. Afin que ce ne soit pas l’athlète, l’individu, qui prenne la parole, qui se prive d’un stage d’entraînement – et que cela impacte toute sa carrière et son métier. 
C’est ce qui est difficile dans l’écologie et l’environnement : il y a plein de choses à faire en dehors du fait de priver les gens de leur métier. Ce n’est pas ce dont j’ai envie en tant qu’athlète, qu’il n’y ait plus de sport professionnel parce qu’on prend trop l’avion. 
Je pense que l’on peut progresser. Je pense aussi que le sport a une place importante dans la vie des gens. En tant qu’athlètes professionnels, on essaye de partager les valeurs du sport. Il faudrait améliorer nos sports, tout en gardant en tête la performance. 
On peut questionner des choses : il y a la manière d’exploiter les pistes, on voit que le domaine skiable de France essaie de trouver des solutions pour amoindrir l’impact aussi. Il y a des évolutions avec les dameuses à hydrogène qui viennent, le ralentissement des remontées mécaniques. On voit que tout le monde se questionne, c’est ça qui est intéressant – c’est de voir l’évolution. 

Après, c’est sûr que tout prend du temps et on pourrait aller beaucoup plus vite. Mais déjà l’idée de l’évoquer à toutes les réunions, d’avoir des athlètes ambassadeurs qui portent ce message auprès des instances – je crois que ça va bouger. 

 

Merci Chloé ! Un dernier petit mot ?

Juste merci pour ce projet ! C’est super cool d’impliquer les athlètes, d’ouvrir la voie et de lier le côté artistique et le message. Je pense que c’est vraiment intéressant, quand il y a de l’émotion, le message est plus fort, on le voit avec le sport. Je crois que l’art et les belles photos peuvent transmettre des émotions. Donc le message sera fort.


Le mot de POW 

Même s’il y a urgence pour faire face aux enjeux que nous connaissons, qu’il y a une réelle nécessité d’obtenir des changements majeurs rapidement, la sensibilisation ne doit jamais s’arrêter : que ce soit pour s’adresser aux personnes qui n’ont pas encore saisi l’importance de certains enjeux, ou pour éveiller et transmettre sur la situation aux plus jeunes générations.
Les athlètes, de par ce qu’ils et elles incarnent comme modèles de performances qui repoussent leurs limites, peuvent inspirer et jouer un rôle de transmetteur important pour la suite. Les prises de paroles doivent être toujours plus nombreuses, même si comme l’a dit Chloé, cela peut être délicat quand le métier en question qui inspire autant, affiche multiples comportements qui ne vont pas dans la bonne direction.
Sans fermer les yeux sur ces comportements – loin de là – il faut arriver à trouver les mots et les arguments pour contribuer. Il est important d’arriver à donner une tribune aux personnes qui ont conscience de ces problématiques mais qui ont une réelle envie d’agir et de faire beaucoup mieux. C’est ce qu’on essaie de faire chez POW et on remercie Chloé, à la fois pour sa participation sur ce projet et pour son engagement le reste de l’année !

Protégeons nos peaux de phoque : Emily Harrop et la Capsule Hivernale

Protégeons nos Hivers : La Capsule Hivernale

Protégeons nos Hivers : La Capsule Hivernale !

Notre travail chez Protect Our Winters France prend différentes formes : de l’information au plaidoyer, de l’inspiration à l’action collective… On a pris la parole sur différents sujets, du GIEC aux diverses élections, de la mobilité aux questions démocratiques, en essayant toujours de porter la voix de notre communauté. Tout ce travail, il s’est toujours inscrit dans une démarche d’allier différents leviers, dans un seul et même but : faire avancer la lutte contre le réchauffement climatique. Aujourd’hui, on vous partage le lancement d’un projet symptomatique de ce que représente pour nous le mouvement Protect Our Winters : la Capsule Hivernale !

Les interviews déjà disponibles de Chloé Trespeuch, de Vivian Bruchez, d’Emily Harrop et des frères Ladevant !

La Capsule Hivernale, c’est quoi ?

Le projet de Capsule, c’est un engagement et un message de la part d’athlètes liés à l’hiver, matérialisés par un objet qui leur est cher à travers leurs pratiques. 
On a sollicité des sportifs qui s’engagent de différentes façons dans leurs vies, à illustrer leur envie de protéger nos hivers à travers le placement d’un objet qui leur est cher et a toute son utilité aujourd’hui, en 2022, dans une capsule temporelle. L’objectif est clair : faire en sorte que cet objet soit toujours utile dans le futur.

La Capsule hivernale, créée en acier recyclé et inspirée du flocon de neige, avec 6 faces, pour 6 athètes et 6 projets, est donc né suite à l’envie de créer un projet aussi fort symboliquement que concrètement.
Différents acteurs, amoureux de la montagne et du milieu outdoor, pour qui le combat de POW trouve un fort écho, étaient motivés par ce projet et ont aidé à l’émergence de cette campagne, de la réalisation de la capsule à la réalisation des images : on remercie pour ça Noir Global, Jour Blanc et la Fondation POMA !
L’art a sa carte à jouer en faveur de l’écologie, pour défendre le vivant et cultiver un autre imaginaire, cette campagne souhaite en être une illustration.

 

Un symbole fort pour cultiver un imaginaire d’actions

 

Quand on parle de s’engager pour le futur, on touche du doigt à la fois à quelque chose de terriblement crucial et quelque chose de parfois trop abstrait. Les conséquences émergent les unes après les autres et nous impactent de plus en plus directement, les données sont de plus en plus nombreuses, détaillées et les axes à améliorer de mieux en mieux défini… et pourtant, nous sommes encore loin aujourd’hui d’être aux portes des changements nécessaires.

Nous pensons chez POW, que pour entraîner toujours plus de monde dans la lutte, il faut que les messages et les actions soient multiples, que l’on touche différentes sensibilités et agissent sur différents timings : de l’action la plus concrète possible demain à l’aube, à la construction d’un nouvel imaginaire concernant la transition à amorcer et la société vers laquelle tendre. 

Ce projet de Capsule, il débarque avec l’ambition de rentrer par la porte imaginaire et inspiration et, de glisser vers des engagements palpables. Il est issu de l’envie d’utiliser la dimension artistique pour porter un message fort ! A l’instar du film Conscience que nous avons produit, où Gaetan Gaudissard va à la rencontre d’autres athlètes afin d’allier le message à la performance sportive, nous avons entraîné des athlètes dans cette campagne afin d’allier le beau, le symbolique aux messages forts et aux engagements concrets.


Des athlètes imparfaits, mais engagés

Dans notre société, on a plutôt l’habitude de voir des athlètes représentés à travers les images comme des modèles à suivre, des exemples. On va chercher des sportifs pour vendre des voitures, des parfums… Ces derniers ne sont vus et utilisés que par leur prisme de professionnels, jamais par celui de citoyens.
Pour autant, chez POW on n’est pas là pour vendre des skis ou faire la promotion de quoi que ce soit qui nous rapporterait de l’argent. On est là pour parler du sujet qui est de loin le plus difficile à aborder avec des sportifs : l’écologie.
La tâche est complexe, d’aucuns nous diraient que c’est une mauvaise idée.
La question se pose : comment parler d’écologie avec des gens qui ne sont pas parfaits à ce niveau là ?
Comment aborder cette question avec des gens qui sont loin de pouvoir incarner cette image d’exemple exempt de tout reproches ?
Les éléments de réponses sont multiples, mais ce qui nous a décidés, c’est avant tout leur volonté de s’engager malgré cela. On a sélectionné 6 athlètes qui, à côté de leurs pratiques, se sont engagés dans des projets liés à une démarche environnementale. Si vous nous suivez, vous savez que chez POW on ne prône pas vraiment la politique des petits pas individuels, on n’est pas vraiment du style à fermer les yeux sur certaines questions sensibles, notamment l’avion. On prend la parole et on se mobilise pour que des actions collectives aient lieu et que des changements majeurs émergent.

Ces changements majeurs, ils ne pourront émerger que si la voix qui défend le climat et plus largement le vivant, ne cesse de grandir, beaucoup plus rapidement et beaucoup plus fort qu’actuellement. Pour y arriver, on a donc besoin de personnes qui décident de s’engager avant d’attendre d’être parfait. On a besoin de voir les athlètes davantage comme des citoyens – avec certes un mode de vie à part – mais des défauts qu’on doit collectivement s’aider à corriger, sans pour autant transiger sur des actes qui iraient dans le sens inverse de la direction que doit prendre la défense du climat. Il y a une réelle nécessité de cohérence entre les actes et les mots pour pouvoir prendre la parole sur ce qui représente le plus grand défi de l’histoire de l’Humanité.

Aujourd’hui, on vous partage une campagne avec 6 athlètes qui, à notre sens, ont cette cohérence de par leurs volontés de s’engager à travers leurs projets. Et ces projets on va vous les faire découvrir avec des interviews de chaque athlète, une analyse de chacun des sujets… Tout ça à retrouver à travers la suite de la campagne !

En attendant, on vous laisse avec la liste des athlètes ⬇️


Chloé Trespeuch (snowboard)

Membre de l’équipe de France de snowboard cross et double médaillée olympique, Chloé Trespeuch est fondatrice de l’association environnementale “Ecoglobe”. Témoin de la fonte des glaciers sur lesquels elle s’entraîne, l’athlète originaire de Bourg Saint Maurice met en œuvre des actions locales pour sensibiliser à l’impact du réchauffement climatique sur la pratique du sport.

Vivian Bruchez (ski de pente raide)

Guide de haute montagne et professeur à l’École Nationale de Ski et d’Alpinisme, Vivian Bruchez met à profit sa pratique du ski de pente raide pour mesurer la qualité de l’air en altitude. Un engagement envers la montagne que le natif de Chamonix a popularisé à travers l’ouverture de nombreuses premières descentes à ski ainsi qu’un travail documentaire comme le film éco-responsable “Diamant des Alpes”.

Liv Sansoz (alpinisme)

Double championne du monde d’escalade et première femme à réaliser l’ascension des 82 sommets de plus de 4000 mètres dans les Alpes, Liv Sansoz est engagée dans la préservation de l’environnement de longue date. Membre de l’association Protect Our Winters France depuis ses débuts, elle transmet son respect de la nature et sa volonté d’agir en conscience à travers son métier de guide de haute montagne.

Emily Harrop (ski d’alpinisme)

Membre de l’équipe de France de ski-alpinisme et détentrice de la coupe du monde de la discipline, Emily Harrop est l’auteure d’un mémoire sur l’implication des marques outdoor dans la préservation de l’environnement. Une voie ouverte par l’étudiante savoyarde pour ouvrir les consciences dans le milieu professionnel.

Frères Ladevant (escalade sur glace)

Champions du monde d’escalade sur glace et auteur d’ascensions extrêmes, Tristan et Louna Ladevant sont unis par leur corde autant que par leur engagement pour la préservation de l’environnement. Premiers athlètes français à participer au mouvement “1% pour la planète” les deux frères proposent une nouvelle vision de l’exploration en montagne à faible empreinte carbone.

François D’Haene (ultra trail)

Quatre fois vainqueur de l’ultra trail du Mont Blanc et détenteur de records sur des courses longue distance, François D’Haene est créateur du projet “Ultra Spirit”. Une aventure d’un nouveau genre imaginé par l’athlète d’Arêches-Beaufort pour faire découvrir l’environnement montagnard à travers la pratique de l’ultra trail.

 

Prochain rendez-vous, Lundi 7 novembre avec l’interview de Chloé Trespeuch !

Pourquoi les sommets verdissent-ils ?

Pourquoi les sommets verdissent-ils ?

Pourquoi les sommets des alpes verdissent-ils ? 

L’avez vous remarqué lors de vos randonnées estivales ? Les sommets de nos montagnes changent avec le temps : ils verdissent un peu plus chaque année ! Ces vingt dernières années, le réchauffement climatique et la hausse des températures en été ont permis à la végétation de proliférer et de gagner du terrain en altitude donnant une apparence plus verte à certains sommets. Ce phénomène reste assez peu connu, pourtant il est conséquent et continue de s’amplifier. C’est pour ça qu’on vous en parle aujourd’hui !

 

Lorsque l’on pense aux conséquences du réchauffement climatique sur les montagnes, on pense plutôt à la diminution de la durée d’enneigement, la création de zones de sécheresses ou encore l’apparition de lacs. Mais un autre phénomène majeur se produit également : la prolifération de la végétation en altitude.
Une équipe de chercheurs internationaux, dont certains travaillant à l’université Grenoble Alpes et à l’Université Savoie Mont Blanc se sont penché sur le sujet. Ils ont étudié l’évolution de la végétation aux sommets des alpes sur ces quarante dernières années  et ont publié leurs résultat dans une revue scientifique : “Global Change Biology”.

Sur ces quarante dernières années, les satellites ont permis d’observer l’étendue de la neige et de la végétation au fil du temps sur les zones ciblées alors que les relevés sur site ont servi à mesurer la variation de l’épaisseur du manteau neigeux. Pour quantifier la présence de végétation, les chercheurs se sont basés sur l’analyse de longueurs d’ondes, particulièrement celle de la chlorophylle, un pigment principalement présent chez les plantes.

Le verdissement des sommets alpins est un phénomène qui se produit depuis une vingtaine d’années. On l’observe au dessus de la limité supérieure des forêts. Mais il se produit surtout dans certaines zones géographiques particulières : des versants pierreux face au Nord au dessus de 2200m d’altitude. Ces zones propices à la colonisation des plantes sont nommées « points chauds de verdissement ». Les massifs de l’Oisans ou le Mercantour dans les Alpes du Sud sont des exemples caractéristiques de points chauds de verdissement.

 

Comment se passe cette prolifération végétale ?

À cause du réchauffement climatique  les périodes de végétations sont plus longues et les précipitations tombent sous forme de pluie au lieu de neige. Ces facteurs permettent à la végétation de se développer de s’implanter dans un milieu qui lui était initialement hostile.
Les chercheurs ont caractérisé cette prolifération de trois manières différentes :

– Des plantes ont poussé là où il n’y en avait pas avant. Certaines espèces végétales grandissent et se densifient
– D’autres espèces ont migré et se développent à des altitudes plus élevées que leurs altitudes d’origine.

– Attention ce phénomène n’est pas homogène. le verdissement de certains sommets et l’évolution des écosystèmes concernés sont aussi soumis aux conditions locales, notamment la durée d’enneigement, la quantité d’eau présente, la qualité des sols ou encore l’activité pastorale.

 

 

Quelles sont les conséquences ?

Ce phénomène n’est pas sans conséquences. En effet c’est toute la biodiversité locale qui est affectée. La présence d’une nouvelle végétation sur ces terrains impact fortement les habitats des espèces spécifiquement adaptées au milieu alpin. C’est tout l’écosystème global qui en souffre
De plus, la neige réfléchit jusqu’à 90% des rayons du soleil alors que les végétaux en absorbent une grande partie. L’énergie lumineuse absorbée par les plantes sera ensuite libérée sous forme chaleur. Un cycle se crée alors avec une hausse des températures qui entraîne à son tour une diminution du manteau neigeux et favorisant comme on l’a vu la prolifération de la végétation dans de nouveaux espaces.
Ce phénomène peut aussi impacter la quantité d’eau potable disponible. Une grande partie de l’eau que l’on consomme est stockée sous forme de neige en altitude, or si cette neige fond de manière précipitée toute cette eau se trouvera dissipée dans les rivières et ne sera plus propre à la consommation.

 

 

Pour aller plus loin sur le sujet, on vous partage des sources ici, ici ou encore ici.
En apprendre davantage sur les écosystèmes qui nous entourent, c’est une des clés pour passer à l’action. On trouve ça important de mettre en lumière différents sujets, différents éléments de compréhension pour alimenter nos connaissances et par effet boule de neige notre envie d’agir ! Alors on continuera au maximum de vous proposer à la fois de l’information, de l’inspiration et des outils pour passer à l’action.

 

Jets privés : Et la justice sociale dans tout ça ?

Jets privés : Et la justice sociale dans tout ça ?

JETS PRIVES : Et la justice sociale dans tout ça ?

Les jets privés ! Ah, notre sujet préféré du moment ! On a pris un peu de temps avant de vous en parler, car comme souvent on aime bien attendre de voir les différentes réactions et prises de positions sur ce genre de sujet. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a pas été déçu ! Deux camps s’opposent :
– d’un côté, les amish-bobo-écolo-radicaux qui voudraient le taxer, voire l’interdire, en criant sur tous les toits que les riches seraient de gros pollueurs avec leurs gros avions
– de l’autre, les membres du gouvernement et autres gens rationnels, ceux qui luttent “VRAIMENT” contre le réchauffement climatique en expliquant que c’est un faux sujet qui ne concerne que quelques dixièmes de pourcent d’émissions de GES à l’échelle du pays.

Alors, on en pense quoi chez POW ?! Que disent les chiffres ? Est-ce que c’est vraiment important les jets, alors que l’extrême majorité de la planète est trop pauvre pour les prendre ? Il fallait qu’on prenne le temps d’en parler, pour recentrer le débat et répondre aux “arguments” qui volent par-ci par-là depuis quelques jours.

D’abord, d’où on part ? Le sujet des jets privés est mis sur la table depuis quelques mois grâce à des comptes qui partagent publiquement les vols en jets privés de milliardaires, comme “l’avion de Bernard” sur Instagram. L’objectif de la démarche est de sensibiliser sur l’impact colossal des plus grosses fortunes et “rendre visible l’injustice climatique par un exemple simple : les déplacements”. Parce que oui, l’impact des jets est monstrueux et loin de toutes politiques publiques.
Un rapport, publié en mai 2021 par l’ONG Transport & Environnement, montre des chiffres affolant :
– un jet privé serait entre 5 et 14 fois plus polluant que des avions commerciaux (par passager)
– un jet privé peut émettre environ 2 tonnes de CO2… par heure, soit le total du bilan carbone qu’un français devra émettre en 2050

Et des chiffres qui pourraient vous assommer pour le week-end, il y en a à la pelle.
En 2019, un vol sur dix au départ d’un aéroport français était un jet privé. Et la MOITIÉ réalisaient un vol de moins de 500km. Autant vous dire que sur de telles distances, le comparatif explose en vol. Comme le montre le très bon graphique de Vert, pour faire Paris-Nice, c’est 3,46kg de CO2 en TGV, contre 3140kg en jet, soit presque mille fois plus.

 

 

Face à ce sujet, le député Julien Bayou a lancé une pétition pour interdire l’usage des jets privés et a l’intention de faire une proposition de loi pour y arriver.
Mais où est le problème alors ? Les jets privés sont le transport le plus polluant de très loin, et si vous suivez POW depuis un moment vous le savez : le transport est le 1er secteur d’émissions de GES en France. Cela devrait donc faire consensus. Sauf que…

La défense du gouvernement, à l’instar d’Elisabeth Borne, pointe du doigt que les jets privés, à l’échelle globale, ne seraient qu’une toute petite partie des émissions.
A quoi bon s’en occuper alors ? Agnès Pannier-Runacher, notre ministre de la transition énergétique, va même jusqu’à expliquer au micro de France Inter pourquoi “le fait que les écologistes en fassent un combat montre à quel point ils sont à côté de la plaque “.

Oui c’est vrai, pourquoi interdire les jets alors que c’est une partie infime des émissions en fait ?

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, de nombreuses personnes sont montées au créneau pour défendre les jets privés : ce serait une privation de liberté, cela ne concerne que 0,04 % d’émissions mondiales, les milliardaires créent de l’emploi bla bla bla… Et ce par énormément de personnes qui ne voyageront jamais en jet privé !
Mais le simple fait de proposer d’interdire quelque chose fait frissonner tout un pan de la population. Nous sommes en période de crise ? D’accord, mais ne touchez pas aux jets privés, ne touchez pas au golf, ne touchez pas aux yachts…
Balayons un peu les arguments. Sur l’emploi, on connaît la chanson ! Le chantage au chômage est parmi les arguments les plus utilisés quand il s’agit de défendre les entreprises et de préserver le statu quo.
Mais alors l’utiliser ici, c’en est presque surréaliste. Pourtant, c’est bien ce qu’a fait Olivier Veran. Attention, ceci est une cascade réalisée par un professionnel, n’essayez pas de reproduire ça chez vous.

Malheureusement, il suffit de se rendre dans les espaces commentaires Twitter de posts sur les jets pour se rendre compte que ce genre d’argument est répandu.

Pourtant, dire “oui mais des emplois sont concernés”, c’est :
1/ Nier la part que représente les jets privés dans les voyages purement loisirs. On vous renvoie vers la dernière enquête Mediapart sur le sujet (vidéo en libre accès), ou les données publiques des comptes cités plus haut.
2/ C’est tout simplement vouloir que rien ne change. Si des changements entraînent des suppressions d’emplois, la transition en créera également énormément. Plus on anticipera, moins les changements seront brutaux. Car, spoiler : quand des cultures seront détruites, des forêts brûlées, des secteurs totalement mis à l’arrêt, vous lui expliquerez comment au changement climatique qu’il doit se calmer car il va créer du chômage ?

 

Balayons également tout de suite ce qui a pu être mentionné par certains membres du gouvernement : ne pas interdire mais éventuellement taxer davantage.
On parle d’une tranche de la population pour qui l’argent est quasi illimité, qui pense vraiment que taxer davantage aura pour effet de réduire ces pratiques ? Selon le même rapport, un propriétaire de jet privé moyen possède une fortune de 1,3 Milliard d’euros.

Taxer les plus aisés reste un symbole pour donner l’impression que tout le monde est mis à contribution en fonction de ses moyens et de son empreinte carbone. Mais les plus aisés peuvent se permettre ce type de transport. L’incitation prix aura alors peu d’impact, ne permettant pas de baisser le nombre de vols et les émissions de CO2

Aurélien Bigo

Chercheur sur la transition énergetique des transports


Le GIEC dit très clairement que TOUS les secteurs doivent évoluer. Alors que ce soit pour défendre des emplois ou en disant “oui mais ça ne concerne que x%” d’émissions de GES, cela ne tient pas de défendre les jets privés. C’est bien à cause de cette politique du “le voisin d’abord” qu’on en est là actuellement. On fait face à un problème systémique, cela ne suffira pas de taxer un peu plus ceci, ou de demander gentiment cela.
Et quand on voit comment Yamina Saheb, autrice de rapport du GIEC sur BFMTV, se fait attaquer par une éditorialiste sur le sujet, on se demande comment peut-on parler d’écologie en France aujourd’hui ?
Les jets privés sont le symbole ultime d’une inégalité sociale et écologique, si l’on ne peut pas y toucher, on ne peut toucher à rien…

En fait, la seule bonne manière de parler d’écologie pour notre gouvernement, c’est de cibler le pan de la population plus large, à commencer par les ménages les moins aisés. Comme lorsque Agnès Pannier-Runacher, nous expliquait il y a quelques mois que les français n’avaient pas les bons réflexes pour sauver la planète, “comme lorsqu’on ferme la lumière mais qu’on va envoyer un mail un peu rigolo à nos amis avec une pièce jointe, et qu’on aura consommé beaucoup plus d’énergie”.
Au-delà de l’aspect purement erronée d’une telle intervention, pointer du doigt le mail avec pièce jointe paraît davantage OK que de s’attaquer aux jets privés. Quand Emmanuel Macron parle de la fin de l’abondance, il semble plus logique pour les membres du gouvernement de parler de couper le wifi, ou encore de mettre un pull, que de cibler le bilan carbone des milliardaires, pour tous les arguments énoncés plus haut.

Tous ces arguments, qui se veulent être clamés par des gens rationnels, face à des partisans de “l’écologie punitive” nient la réalité climatique et surtout, nient le fait qu’il n’y aura pas de transition écologique sans JUSTICE SOCIALE.
Alors petit rappel sur ce que c’est, la justice sociale.
La justice sociale, c’est considérer que les efforts des citoyen.nes doivent être proportionnels à leur impact.
La justice sociale, c’est créer une transition énergétique qui ne laisse personne sur le carreau, pendant que d’autres sont intouchables. 
La justice sociale, c’est avoir en tête que + de 12 millions de Français.es sont en situation de précarité énergétique quand on évoque la nécessité de baisser le chauffage.
La justice sociale, c’est être capable d’imposer des mesures drastiques aux personnes avec un bilan carbone de plusieurs milliers de tonnes par an, quand les 50% les plus pauvres en France ont une empreinte moyenne de 5 tonnes.

Aujourd’hui, le rapport sur les inégalités mondiales montre à quel point il existe des disparités en termes d’impacts selon les revenus. Pourtant, c’est bel et bien les pays les plus pauvres ou les pans de populations les plus pauvres qui sont et seront les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique.
Alors le message n’est pas de dire “tant que les plus riches ne feront rien, on fera rien”. Chez POW on se bouge toute l’année pour agir à différentes échelles, il est évident que chacun doit faire des efforts sans attendre que le voisin ou l’autre là bas fasse le premier pas. Mais il est criminel de laisser croire que chacun a les mêmes efforts à faire.

La justice sociale, c’est avoir tout cela en tête quand on aborde la transition écologique.