Aventure Bénévole : les Pyrénéens au Glacier d Ossoue

Aventure Bénévole : les Pyrénéens au Glacier d Ossoue

Le 5 septembre 2023, Emmanuel, Laura et Caroline de la team Pyrénées ont participé à une sortie de l’association Moraine (l’Observatoire des Glaciers des Pyrénées françaises). Ils ont accompagné le glaciologue Pierre René pour effectuer des mesures et comprendre les transformations du glacier d’Ossoue, le plus grand des Pyrénées françaises (25ha en 2022). Il s’agit de la deuxième fois où Moraine et POW se retrouvent depuis 2020, et nous avons déjà écrit des articles pour parler des glaciers pyrénéens ici.

Dans les Pyrénées, les glaciers ont perdu 90% de leur superficie depuis 1850 et sont condamnés à disparaître, représentant de véritables reflets du changement climatique. Le glacier d’Ossoue se situe sur le massif du Vignemale (3298m) entre 2770 et 3200m d’altitude. La petite team POW y a donc retrouvé Pierre René afin de s’intéresser aux variations de l’épaisseur du glacier qui constitue le paramètre le plus représentatif de son comportement, afin de rendre compte de sa fonte. De mai à octobre, Pierre René s’y rend tous les mois afin d’en mesurer l’ablation, c’est-à-dire la quantité de glace qui a fondu. Pour ce faire, il utilise des balises d’ablation constituées de 5 piquets en bois de 2m de long implantés dans la glace.

Les mesures effectuées le 5 septembre 2023 sont dramatiques et confirment l’état extrêmement critique du glacier. Sur l’une des balises, les chiffres étaient particulièrement stupéfiants : pendant le mois d’août seulement, 2,05m avaient fondu, soit pratiquement 7cm par jour. 

Ce chiffre assez effroyable permet de réaliser l’ampleur de la fonte du glacier d’Ossoue, et se dire qu’il y a un mois on aurait été sous la glace est assez terrifiant. C’est vraiment émouvant d’être sur cette étendue de glace qui fond sous nos pieds, ce patrimoine qui s’effondre, et c’est tellement important de s’intéresser au travail des scientifiques pour réaliser ce qu’il se passe
Laura, bénévole POW France

Le glacier d’Ossoue a perdu 40m d’épaisseur depuis 2001, presque 2m par an. Toutefois, “cette tendance est peut-être en train de s’accélérer” explique Pierre René.
“L’année dernière, en 2022, il a perdu 4,50m d’épaisseur, plus du double. Cette année, à partir des mesures qui ont été faites – même si on est encore sur des relevés intermédiaires puisque le bilan se fera en octobre – – on est déjà à 3m de glace perdus. Donc on est à nouveau bien au-dessus de la moyenne. Cette diminution du glacier d’Ossoue se poursuit, et semble peut-être s’accélérer.”

Après avoir effectué ce travail de terrain essentiel pour comprendre l’ampleur de la fonte du glacier, une question nécessaire s’est posée : quels en sont les impacts ?

Pierre René a également fait part de son expertise sur ce sujet primordial. En premier lieu, on va inévitablement faire face à une perte de biodiversité qui vit dans cet environnement de haute montagne et dépend de la glace. La pratique de la haute montagne est également affectée, l’accès aux sommets devenant difficile à cause des éboulements ainsi que de la multiplication de roches à gravir. À ce titre, au mois d’août, certains bureaux des guides ont cessé de proposer l’ascension de l’Aneto (point culminant des Pyrénées à 3404m, côté espagnol).

 

Le rôle premier des glaciers pyrénéens est d’être des lanceurs d’alertes, des reflets du climat. À travers leur disparition, on voit un signal d’alerte supplémentaire de ce réchauffement global
Pierre René, Glaciologue

Pierre René évoque aussi un impact plus esthétique, avec “une transformation irréversible, au moins à court terme, des paysages de haute montagne”. Il rappelle tout de même que les impacts restent limités pour les glaciers pyrénéens car ils sont très petits, mais qu’ils doivent devenir des symboles du changement climatique en France et dans les régions de montagne en général. Comme il l’a bien souligné : le rôle premier des glaciers pyrénéens est d’être des lanceurs d’alertes, des reflets du climat. À travers leur disparition, on voit un signal d’alerte supplémentaire de ce réchauffement global. Les glaciers sont de véritables indicateurs de l’état de santé de la Terre, permettant de mesurer l’ampleur du changement climatique et de ses effets qui y sont directs.
“On a souvent du mal à se rendre compte de l’urgence climatique. Le rythme effréné à laquelle ce glacier fond l’incarne parfaitement. Pour ce glacier il est déjà trop tard, mais il y a tant de choses à faire , et ne pas faire, pour sauver les autres” complète Caroline qui se veut optimiste.

“Cette expérience de terrain fut enrichissante, tant pour être témoin en temps réel des effets dévastateurs du changement climatique que de permettre à notre petite communauté pyrénéenne de se rencontrer pour partager quelque chose de concret” s’est exprimé Emmanuel en guise de conclusion.

Cette belle équipe pyrénéenne n’attend qu’une chose : s’agrandir et se retrouver à nouveau dans ses beaux massifs. N’hésitez pas à nous écrire alors pour rejoindre la team POW ! 😉 Pour ça, vous pouvez directement vous rendre sur notre site ici, ou nous écrire à l’adresse benevoles@protectourwinters.fr !

Pour aller plus loin sur le sujet des glaciers on vous conseille cette vidéo et sachez que si vous êtes dans les Alpes, on a de nombreux groupes locaux également, avec qui vous pourriez venir vivre d’autres aventures similaires !

REJOINS DES COLLECTIFS PRES DE CHEZ TOI

REJOINS DES COLLECTIFS PRES DE CHEZ TOI

Ce projet a été construit avec la vocation et l’ambition de vous donner les clés pour agir, vous, amoureux.ses de la montagne, citoyen.nes engagé.es en faveur du climat…
Maintenant que les choses sont lancées, que le cadre est préparé, on a besoin de vous pour que la braise s’enflamme ! 

Aujourd’hui, quelque soit ton profil, ton aide est précieuse ! Que ce soit pour organiser des projections, que ce soit pour relayer nos différents contenus sur les réseaux ou autour de toi, que ce soit pour aider des personnes qui sont en train d’organiser des soirées… Bref, t’as compris, on a besoin de tout le monde !

On sait que c’est pas forcément simple pour tout le monde de se lancer tout seul, alors si t’es motivé.e mais que tu hésites, on peut te mettre en lien avec d’autres gens !

Dans la communauté Protect Our Winters France, on a des groupes locaux bénévoles dans différentes régions : des Vosges à Grenoble en passant par Lyon, la Savoie, la Haute-Savoie, les Pyrénées, Paris…
Ecris nous et on fera le maximum pour t’aiguiller et te mettre en lien avec des personnes proches de toi géographiquement ou te donner des pistes pertinentes ! ➡️ lavoixdesglaciers@gmail.com

Et n’hésite pas à en parler autour de toi, on a besoin de toutes les aides possibles :

  • ➡️ Toute personne motivée pouvant aider à organiser des projections : membres d’associations étudiantes, salles de spectacles/cinéma, élu.es locaux, membres d’un CSE…
  • ➡️ Toute personne ayant un peu de temps pour des missions à distance pour aider l’équipe bénévole

Tous ensemble on peut faire pencher la balance, alors on compte sur toi ! 

 

 

 

 

Glaciers pyrénéens : Tant pis pour le Sud ?

Glaciers pyrénéens : Tant pis pour le Sud ?

Glaciers Pyrénéens : Tant pis pour le Sud ?

Les glaciers pyrénéens sont les plus touchés par le réchauffement climatique en France. Ils présentent une régression de superficie de 90% depuis 1850 contre 50% pour les Alpes. Le climat régional, son emplacement ainsi que son altitude (Le massif de Maladeta, le plus haut, culmine à 3400m) expliquent la fragilité de ces glaciers, souvent mis de côté par rapport à ceux des Alpes. S’il faut évidemment continuer de mettre en avant la situation des glaciers de l’Est de la France, on voulait mettre un peu de lumière sur ces glaciers trop souvent oubliés, et qui ne méritent pas moins d’attention.

Cet article synthétise le rapport de l’association Moraine, couvrant la période 2020-2021. Créée en 2001, L’association Moraine est l’Observatoire des Glaciers des Pyrénées françaises. Elle a donc pour objectif de suivre annuellement leur évolution (longueur, surface, volume).

L’association Moraine est l’unique entité effectuant des suivis réguliers des glaciers pyrénéens français. De plus elle travaille étroitement avec les glaciologues espagnols afin de partager des informations sur l’ensemble du massif.

L’association Moraine se base sur trois indicateurs pour étudier l’évolution des glaciers :
– Les variations de longueur des glaciers
– Les variations de surface des glaciers
– Les variations d’épaisseur des glaciers

Signification des indicateurs

Variations de longueur des glaciers
La variation de longueur est mesurée au niveau du front glaciaire, c’est-à-dire la partie inférieure du glacier, entre un été et le précédent. En effet, chaque été, le front présente une régression due aux hausses des températures saisonnières.

Variations de surface des glaciers
Il s’agit d’étudier l’évolution de la superficie des glaciers sur une large période.

Variations d’épaisseur des glaciers (ou bilan de masse)
C’est le paramètre le plus représentatif. Pour mesurer cette variation, des sondes sont placées afin de mesurer la quantité de neige se formant dans la zone d’accumulation et la quantité de neige qui disparaît dans la zone d’ablation. La différence entre ces données permet d’obtenir l’évolution de l’épaisseur du glacier.
Pour se faire une rapide idée du bilan de masse, on peut regarder la proportion de la zone d’accumulation du glacier par rapport à sa surface totale. Si elle dépasse 60%, le glacier gagne de la masse (bilan excédentaire), sinon il en perd (bilan déficitaire).

Résultats

Sur les 5 des 9 glaciers étudiés, une régression moyenne de 10,7m a été mesurée pour les fronts glaciaires. C’est plus que la moyenne sur ces 19 dernières années qui s’élève à 8m/an. La régression la plus importante a été observée en 2012 avec une moyenne de 37m.

La surface totale des glaciers pyrénéens, quant à elle, est en constante régression. Alors qu’elle plafonnait à 450 hectares en 1850, elle a chuté pour atteindre 140 hectares en 2002 et 79 hectares en 2019.
Le glacier d’Ossoue, le plus imposant, présente la plus grande régression : il est passé de près de 60 hectares en 2002 à environ 32 hectares en 2019.

Enfin, le bilan de masse est lui aussi inquiétant. Sur la période 2002-2021, le ratio d’accumulation moyen est d’environ 28% ce qui implique un bilan de masse très déficitaire. Pour rappel, le bilan de masse est équilibré pour un ratio d’accumulation de 60%. Sur l’année 2021, le ratio d’accumulation est de 12%.
Dans son rapport, l’association Moraine s’est intéressée plus en détail au glacier d’Ossoue. Depuis 2002, le glacier a vu son épaisseur diminuer en moyenne de 31,13m d’eau sur l’ensemble de sa superficie. En 2021, son épaisseur a diminué de 2,22m d’eau soit 2,47m de glace.

Conclusion

Un glacier, par sa fragilité, est un bon indicateur de l’évolution du climat. Ce rapport annuel confirme bien le réchauffement climatique en cours puisque l’évolution depuis 2002 des trois indicateurs est alarmante. A ce rythme, les glaciers des Pyrénées français auront pratiquement disparu d’ici le milieu du XXIème siècle. Et on pense que ça mérite toute notre attention.

Vous pourrez accéder au rapport et à d’autres photos sur le site de l’association Moraine, et vous avez la possibilité d’adhérer à l’association pour les soutenir : http://asso.moraine.free.fr

Climat et médias Tour d horizon des mobilisations

Climat et médias Tour d horizon des mobilisations

Climat et Médias : Tour d’horizon des mobilisations

Depuis plusieurs semaines, la question de la place occupée par le climat dans les médias ressurgit, au sein du monde associatif notamment. Pour cause ? Une place quasi inexistante dans les sujets traités, et ce malgré l’urgence et les enjeux auxquels nous faisons face.

Si vous êtes arrivé ici sans passer par l’article expliquant notre campagne sur le sujet, c’est ici ! Si vous l’avez déjà lu, on vous présente maintenant différentes initiatives et contenus sur le sujet d’autres structures pour aller plus loin sur le sujet ↓

C’est l’appel dont vous avez peut être entendu parler ces dernières semaines : les structures portant l’Affaire du siècle, entre autres Greenpeace France et Oxfam France, ont lancé une pétition pour réclamer plus de climat dans les présidentielles. Pour signer et découvrir l’appel, c’est ici

Un récent collectif citoyen s’est créé sur cette question : Plus de climat dans les médias. Ils et elles se sont donné.es pour mission de suivre le traitement de l’urgence climatique par les JT et les chaînes d’informations en continu et d’interpeller ces dernières. Et ils ont également lancé une pétition ici.
Voici leurs comptes Instagram Twitter Facebook pour suivre l’avancée de leur travail.

Un autre collectif s’est créé récemment : Quota Climat. Un manifeste, mené par trois collaboratrices parlementaires, issues de différents partis, qui réclame l’instauration d’un quota climat avec un minimum de 20 % de l’espace audiovisuel disponible réservé à la question climatique. Pour retrouver le manifeste, c’est ici.

En attendant que nos appels soient entendus et que le prochain rapport du GIEC fasse la UNE de tous les médias durant des semaines, c’est important de mettre en avant les médias qui en parlent déjà ! Surtout avec une éléction présidentielle qui arrive à grand pas.
On vous conseille fortement le média Vert, un média indépendant qui traite de l’écologie au sens large. Il ont deux formats de newsletter, permettant de recevoir des actualités quotidiennement ou de façon hebdomadaire.
Vous pouvez évidemment les retrouver sur les différents réseaux, et en attendant que votre curiosité aille y jeter un œil, on vous conseille ces articles directement liés à notre sujet : ici et ici.

Pour continuer dans la rubrique médias qui parle du climat, on vous conseille le travail de Blast (également un média indépendant), et particulièrement de Paloma Moritz, journaliste spécialisée sur la question. De nombreux sujets sont traités en vidéos, toujours avec rigueur et pertinence ! 
Vous pouvez directement la suivre sur ces réseaux (Twitter et Instagram) et sinon la chaîne de Blast est ici.
Elle a animé en compagnie de Jean Massiet, (animateur sur twitch d’une émission politique) il y a quelques jours “Le débat du siècle”, une émission où les candidats à l’élection présidentielle ont été interrogées sur le rapport du GIEC, leur programme sur l’écologie… Vous pouvez retrouver ça ici.
Et ci-dessous une vidéo sur la question du déni climatique, en rapport avec Don’t Look Up.

D’autres médias plus ou moins jeunes et plus ou moins petits se développent sur la question climatique. On vous a présenté au-dessus ce qui nous parait être deux essentiels, mais nous vous en partagerons d’autres, notamment sur notre Instagram où nous essayons de mettre en avant les contenus et initiatives que nous validons ! 

Cette démarche de solliciter les médias, s’inscrit évidemment dans une urgence climatique, mais à très court terme dans une optique où la présidentielle est dans quelques semaines. On aimerait que les candidat.es soient bien plus interrogés sur leur programme, plutôt que de voir toujours les mêmes thèmes sur la table. A défaut de voir la situation s’améliorer d’ici là, on vous partage le travail du Réseau Action Climat qui propose 7 axes pour le climat en vue des prochaines échéances électorales : Transports, Industrie, Agriculture et l’élevage, Rénovation des bâtiments, Transition énergétique, Agir à l’international, et Verdir le budget de l’état.
On adhère à la démarche et aux idées, et on se dit qu’avoir ces axes en tête pourra peut être vous aider au moment d’aborder les programmes : si ça ne vous dira pas forcément pour qui voter, ça vous aidera peut être à savoir pour qui ne pas donner votre voix. Pour retrouver leur travail c’est ici.

Et pour conclure, on vous laisse avec une vidéo d’Extinction Rebellion. L’association, qui mène des actions directes de désobeissances civiles, a organisé une action devant France télévision, nommée “Au C(h)oeur de l’info” (plus d’informations ici).
Les militant.es d’Extinction Rebellion mais également de plusieurs autres associations et acteurs.trices impliqué.es ont donc projeté ce faux JT devant le siège le 21 février 2022, dans le cadre de leurs actions spéciales médias.