Exemples de victoires Européennes !

Exemples de victoires Européennes !

L’une des raisons principales qui nous a motivé à créer la campagne RIDE BIKE CLIMB VOTE avec POW Europe, c’est que le Parlement Européen est vraiment une clé pour l’environnement, un endroit où l’on peut obtenir des victoires ! Ces dernières années le Parlement Européen est monté (doucement mais sûrement on l’espère) en puissance sur les sujets environnementaux. Mais il reste énormément à faire et l’équilibre est fragile à l’approche de ce nouveau mandat, alors on vous propose de faire un focus sur une poignée de victoires récentes avec des pistes de batailles que l’on espère remporter/faire avancer dans les années à venir. De quoi (se) motiver autour de soi à aller voter dimanche !

La Loi Restauration de la nature

Elle fixe comme objectif de restaurer au moins 20% des terres et des mers de l’UE d’ici 2030 et l’ensemble des écosystèmes ayant besoin d’être restaurés d’ici 2050. Elle devrait permettre de “restaurer les écosystèmes dégradés dans tous les pays de l’UE, de contribuer à la réalisation des objectifs de l’UE en matière de climat et de biodiversité et d’améliorer la sécurité alimentaire.”
Pour aller plus loin

L’interdiction de la vente de véhicules thermiques d’ici 2035 
Si cela paraît loin, l’interdiction de la vente de véhicules thermiques est une bonne nouvelle, et un marqueur fort pour la transition de l’automobile mais plus généralement pour la transition des transports.
On aura l’occasion d’en reparler chez POW, mais beaucoup de choses peuvent se passer d’ici là. La mesure est remise en cause par beaucoup de gens, et si des victoires peuvent s’obtenir, elles peuvent aussi se perdre si la tendance au Parlement bascule dans le mauvais sens.
Pour aller plus loin 

L’inscription du crime d’écocide dans la législation européenne

Cette directive est un symbole fort et un marqueur juridique majeur et inédit.
La directive o
blige les Etats membres à condamner pénalement une gamme étendue d’infractions, comme le commerce illégal du bois ou l’épuisement des ressources en eau. Cela peut aller jusqu’à 5% du chiffre d’affaires annuel ou 40 millions d’euros.
Votée le 27 février, c’est encore trop récent pour observer la moindre conclusion puisque les Etats membres ont 2 ans pour transposer ces règles dans leurs législations nationales.
Pour aller plus loin

La résolution contre l’exploitation minière des fonds marins en Norvège

Un sujet loin de la montagne, mais qui est l’un des symboles incarnant le plus au niveau européen une victoire citoyenne. Car c’est bien grâce à une mobilisation majeure d’ONG et de citoyens que le sujet a pu être présent sur la table et que la bascule s’est faite.
Le Parlement Européen a voté en faveur d’une résolution sur la décision de la Norvège d’autoriser l’exploitation des fonds marins (qui n’est pas membre de l’Union Européenne). Tous les pays sont appelés à soutenir un moratoire internationale. 
Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à suivre des acteurs au coeur du sujet comme l’ONG Bloom. Récemment, une coalition citoyenne pour la protection de l’océan s’est créée.
Pour aller plus loin 

Ce ne sont que quelques exemples, des victoires il y en a eu d’autres. Surtout, on en attend encore beaucoup dans les années à venir ! Quelques exemples de sujets sur lesquels le Parlement Européen a le pouvoir

Sur le transport, notre sujet phare, le Parlement peut faire beaucoup de choses, avec le pouvoir de faire avancer les choses à l’échelle de tous les pays pour davantage de justice sociale (comme sur les taxes) ou davantage de synergie (comme sur les trains pour le report modal).
Dans les années à venir, on plaidera pour :

– Une taxation du Kérosène des avions pour investir des milliards dans des transports moins carbonés et rééquilibrer la balance avion vs train

– Soutenir massivement le transport ferroviaire en Europe, notamment pour que l’on voit émerger un réseau de train de nuit bien plus important

Le Parlement, c’est aussi le pouvoir d’agir à grande échelle pour une justice sociale plus juste en taxant les ultras riches, les superprofits et les pratiques les plus polluantes qui vont avec (jets privés, yachts, produits de luxe).
C’est aussi la possibilité d’interdire définitivement les PFAS, le Glyphosate et autres produits dangereux. Le Parlement Européen a un réel impact nos vies, malgré l’inertie de ces décisions ou l’opacité sur ce qu’il s’y passe.
Les années à venir seront décisives, beaucoup d’objectifs sont à atteindre pour 2030. Le Parlement qui sera élu ce dimanche, c’est donc celui qui fera en sorte que ces objectifs soient atteints ou non d’ici la fin de la décennie. De quoi se motiver pour mettre le bureau de vote sur le trajet de sa balade dimanche non ?

Dernière chose : en tant qu’ONG, beaucoup de choses se jouent. Quoi qu’il arrive, le travail de POW et de toutes les assos continuera. Mais ce dimanche, on a l’occasion de se faciliter un tout petit peu le travail. On ne va pas choisir qui fera ou ne fera pas. On va choisir avec qui on va discuter ou contre qui on va devoir se battre dans les 5 années à venir.

Elections Européennes : les meilleurs arguments pour aller voter

Elections Européennes : les meilleurs arguments pour aller voter

Le 9 juin auront lieu les Élections Européennes, une échéance majeure pour la suite de la décennie et d’une importance colossale pour les sujets environnementaux. Si vous nous suivez depuis un moment, vous savez que chez POW on assume clairement se mêler de la politique : on encourage au vote, on parle des scrutins, on pointe notre doigt sur les (in)actions politiques, on sollicite, on interpelle et on donne des outils à la communauté lorsqu’une occasion sur un sujet se présente pour que vous puissiez nous aider et agir avec nous. La raison à tout cela est simple : l’écologie est politique. Alors on le fait toujours de façon non-partisane, c’est-à-dire que jamais on ne prônera un parti en particulier. Chacun vote avec ces convictions, et on se dit que si vous nous suivez, on en partage un certain nombre ! Mais si l’on ne parle pas des échéances politiques, on ne se focalise que sur les petits gestes individuels, une direction qui n’est pas la nôtre. C’est pour ça qu’aujourd’hui, on vous partage une batterie d’arguments pour vous convaincre ou vous aider à convaincre autour de vous de l’importance des Elections Européennes !

  • ➡️ Les prochaines Européennes auront lieu à la fin de la décennie, donc c’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de décider qui va voter les législations européennes. Ce qui se joue le 9 juin aura un impact durant des années. Quand on sait que chaque jour compte dans la lutte contre le réchauffement climatique…
  • ➡️ C’est au Parlement Européen qu’on a eu les plus grandes victoires en faveur du climat ces dernières années. Alors que ce n’est pas la joie à échelle nationale, avoir une Europe qui pousse un peu l’ambition climatique, ce serait loin d’être du luxe… Les victoires, on vous en parle bientôt sur nos réseaux et ici dans un nouvel article!
  • ➡️ Les Elections Européennes donnent souvent place à une abstention très forte. Une raison de plus pour se mobiliser ! moins de gens votent, plus notre vote a du poids ! En plus, contrairement à la présidentielle, ici on vote pour des listes. Selon chaque pourcentage, chaque liste aura (sauf si en-dessous de 5%) un certain nombre d’eurodéputés. Ce qui veut dire que chaque vote peut faire pencher la balance pour qu’il y ait un député de plus d’un côté, un de moins de l’autre… Ce qui est d’autant plus important que souvent les votes sont très serrés au Parlement !
  • ➡️ En France, notre vote a un poids énorme puisqu’on est le 2ème pays à élire le plus d’eurodéputés derrière l’Allemagne, avec 81 élus (On en parle dans un post Instagram dédié ici). On représente sans doute le pays qui a le plus d’influence en Europe dans les échanges. Ce serait mieux de ne pas y envoyer trop de gens qui se fichent royalement du climat non ?
  • ➡️ On estime à 190 millions de personnes faisant partie de ce qu’on pourrait appeler “la communauté outdoor” en Europe. C’est environ le nombre de personnes qui ont voté en 2019. Les passionnées de montagnes, de forêts, d’océans, sont largement suffisamment nombreux pour faire pencher la balance dans la direction de la protection de ces espaces naturels. Suffit de se motiver les uns et les autres !

Des arguments, il y en a encore d’autres ! Jusqu’à la veille du 9 juin, on va tâcher de partager du contenu sur les réseaux pour essayer de convaincre un maximum de personnes de se déplacer aux urnes pour voter en faveur de gens qui défendent le climat. Pour ça on a besoin de vous, alors partagez autour de vous !

La Cour des Comptes accable les stations de montagne

La Cour des Comptes accable les stations de montagne

Il y a quelques jours, la Cour des Comptes 1 a publié un rapport nommé “Les stations de montagne face au changement climatique”. Un rapport plutôt critique, qui a fortement fait réagir des acteurs des territoires de montagne, tant associatifs qu’économiques.
Chez POW on a pris le temps de lire le rapport, lire les critiques et surtout de se rendre compte qu’il manquait un élément majeur dans toutes les discussions. On vous en parle !

D’abord, que dit ce rapport ?

Le rapport de la Cour des Comptes avait pour objectif “de préciser les conséquences du changement climatique sur le tourisme hivernal en montagne et d’examiner comment les stations s’y sont adaptées.” partant du postulat que la France est “une destination majeure pour le tourisme hivernal” (2ème au rang mondial en termes de visiteurs). Une bonne chose en soi selon nous qu’un organe indépendant comme la Cour des comptes existe et puisse établir des rapports et émettre des recommandations sur des secteurs aussi importants.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le rapport pointe du doigt un certain nombre de problèmes sur la façon dont les stations de montagne s’adaptent face au changement climatique.
Dans la synthèse du rapport (ici), le sommaire donne le ton d’emblée :
1/ Le modèle du ski français s’essouffle»
2/ Les politiques d’adaptation restent en deçà des enjeux
3/ La nécessité d’une gouvernance élargie et d’une meilleure préservation des ressources naturelles
4/ Un subventionnement public significatif et croissant

La Cour des comptes épingle notamment des stratégies d’adaptation encore trop centrées sur le tout ski avec trop peu d’efforts selon le rapport consacrés à la diversification des activités, et la production de neige de culture comme principal recours face au manque de cette dernière. Un constat qu’il est difficile de contester au vu des actualités sur le sujet qui fleurissent chaque année, comme la récente polémique qui enfle sur la neige récupérée et transportée par camion dans les Vosges.

Notre position là-dessus est que diriger la majeure partie des subventions vers des solutions technologiques témoigne d’une vision trop court-termiste et ne peut répondre que très partiellement à la nécessité de s’adapter face aux réalités environnementales actuelles et futures.

La production de neige permet de fiabiliser l’enneigement à court terme. Mais, elle ne constitue qu’une protection relative et transitoire contre les effets du changement climatique. Son coût est en effet important et son efficacité tend à se réduire avec la hausse des températures : dans certains cas, la production de neige peut tendre vers une mal-adaptation.

Extrait du rapport de la Cour des Comptes

Des conclusions contestées par certains professionnels de la montagne

Face au rapport accablant, des réactions et notamment de vives critiques sur les propos et la méthodologie de ce dernier ont été partagées.
L’ANEM (Association Nationale des Elus de Montagne), l’ANMSM (Associations Nationale des Maires de Stations de Montagne) et Domaines Skiables de France 2 ont publié un communiqué commun pour «exprimer leur déception» et regretté le fait que la Cour des Comptes soit «restée sourde aux acteurs de terrain».
Selon eux, le panel de stations choisi ne serait pas assez représentatif (42 stations réparties sur tous les massifs ont été contrôlées) avec trop peu de ”grosses” stations dans l’échantillon.
Toujours selon eux, «ce rapport ne tient pas compte non plus de l’engouement persistant des clientèles pour les sports de neige».

Parmi les nombreuses contestations, une réponse directe sur le neige de culture qui améliorerait «nettement le modèle économique des domaines skiables et sa résilience aux aléas météorologiques sur les 3 à 5 mois d’une saison d’hiver. Ce point est démontré par les études Climsnow désormais largement répandues».
Problème selon nous ? Les résultats des études Climsnow ne sont pas accessibles publiquement. Donc dans un souci de transparence, notamment pour un secteur qui touche de nombreux fonds publics, il serait plus que souhaitable que ces études soient communiquées et accessibles à n’importe qui. Cela permettrait de répondre sur le fond et la pertinence (ou non) des résultats de ces études.

En attendant, comme à notre habitude, on a mis un peu de temps à réagir chez POW. On a préféré laisser la course aux réponses se faire sans nous, le temps d’éplucher le rapport et lire les différents retours. Et ça tombe bien, parce qu’une critique sur le rapport, on en a une de taille !

L’éternel oublié 

Quand on a vu qu’un rapport de la Cour des Comptes était sorti sur l’adaptation des stations de ski face au changement climatique, chez POW on n’attendait qu’une chose : est-ce qu’on va parler du transport ?

On le rappelle une énième fois : le transport est à la fois le principal secteur d’émissions de GES (Gaz à effet de serre) à échelle nationale (32% des émissions, loin devant tous les autres secteurs), mais il l’est d’autant plus pour la montagne puisque 57% des émissions environ d’une station sont attribuées au transport 3
Alors forcément, dans un tel rapport, on espérait que ce sujet incontournable soit abordé au moment de parler de stratégies d’adaptation.

Spoiler : ce n’est pas le cas.

A aucun moment dans le rapport complet n’est abordée la question de la mobilité des vacanciers ou des habitants. Pas de mention de l’impact de la voiture, avec la nécessité de mettre en place des stratégies de développement du ferroviaire et d’accélération du report modal concernant le dernier kilomètre pour les visiteurs français. Pas de mention non plus du trafic aérien en pointant du doigt la quantité de visiteurs lointains et l’impact majeur qui en découle. (Exemple avec la Clusaz dont les émissions des visiteurs long courrier représentent 2% en volume, mais 33% de l’impact carbone du transport pour la station) 4 . Pas un mot non plus sur l’importance d’accompagner de manière bien plus forte les habitants des territoires de montagnes encore massivement dépendant à la voiture. 

Comment la mobilité peut-elle être autant absente d’une telle analyse et des recommandations qui en découlent, compte-tenu de son rôle prépondérant dans le réchauffement de nos montagnes, sans parler de son impact sur la pollution de l’air ?

Qu’il s’agisse de l’acheminement par voie aérienne des clientèles toujours plus éloignées, de la place prépondérante de la voiture thermique dans le transport des français à destination de la montagne, ou du manque de solutions pour la mobilité du quotidien pour les habitants des territoires concernés, le rôle pivot de la mobilité est transverse à tous les sujets évoqués dans le rapport : élargissement de la gouvernance, tourisme “4 saisons”, utilisation des finances publiques pour l’adaptation des stations, etc.

Extrait de notre lettre envoyée à la Cour des Comptes

On ose penser que si la mobilité est absente des conclusions, c’est que les analystes ont estimé que la responsabilité des transports n’est pas directement imputable aux stations de montagne, ou que le problème est plus large. Mais comment sortir de l’inaction si chaque acteur ne joue pas son rôle : les élus locaux attendent que la Région fasse davantage, la Région demande plus d’aide de l’Etat, l’Etat dit à la Région de faire mieux, la Région dit à la SNCF de faire plus avec moins, tout le monde dit que c’est trop cher et pas rentable… Et à la fin, pas grand chose ne bouge, voire tout recule, et la part du transport dans le bilan carbone français ne cesse d’augmenter depuis près de 35 ans.

Et si la raison de cette absence serait justifiable pour certains par le fait que c’est un rapport sur l’adaptation et que la mobilité est plus souvent de l’ordre de l’atténuation, l’aspect transverse des transports sur les éléments mentionnés nous invite à penser qu’elle aurait dû avoir plus de place dans le rapport.

Pour faire remonter ce qui nous semble un oubli majeur, ou un manque de considération concernant ce sujet, nous avons écrit une lettre au Premier président de la Cour des Comptes (accessible ici) afin de lui exprimer notre regret et d’appuyer le fait que Protect Our Winters France est disponible pour partager son expertise du sujet concernant les territoires de montagnes et porter la voix de nombreux pratiquants pour qui ce sujet est un problème majeur et récurrent.

Plus d’argent, plus de concertation ?

Pour conclure, on souhaiterait appuyer sur un autre point pas assez mis en avant selon nous par la Cour des Comptes : le manque de concertation. Il nous paraît primordial, pour aller dans la bonne direction face aux enjeux environnementaux – et pour la bonne santé de notre démocratie – que des processus impliquant et entendant davantage l’avis des citoyens soient répandus. 
Il serait tout à fait souhaitable qu’un secteur touchant autant d’argent public se voie conditionner ses aides par l’existence de plus de concertations, notamment sur la façon dont ses subventions devraient être investies. Les habitants des territoires de montagnes, en leur nom ou au travers de nombreux collectifs et associations, ont une voix à porter concernant la vie et l’avenir de leurs régions et doivent être entendues sur les sujets importants, à l’instar des Jeux Olympiques et Paralympiques 2030 (vous pouvez retrouver notre dernier article sur les JO 2030 ici)




  1. La Cour des comptes a pour mission principale de s'assurer du bon emploi de l'argent public et d'en informer les citoyens. Juridiction indépendante, elle se situe à équidistance du Parlement et du Gouvernement, qu’elle assiste l’un et l’autre .

  2. Chambre professionnelle des exploitants de domaines skiables .

  3. Source : Etude de l'ANMSM x Ademe x Mountain Riders 2010 .

  4. Source 2021, Cabinet Utopies pour la CLusaz, Bilan carbone 18-19 .

Aventure Bénévole : les Pyrénéens au Glacier d Ossoue

Aventure Bénévole : les Pyrénéens au Glacier d Ossoue

Le 5 septembre 2023, Emmanuel, Laura et Caroline de la team Pyrénées ont participé à une sortie de l’association Moraine (l’Observatoire des Glaciers des Pyrénées françaises). Ils ont accompagné le glaciologue Pierre René pour effectuer des mesures et comprendre les transformations du glacier d’Ossoue, le plus grand des Pyrénées françaises (25ha en 2022). Il s’agit de la deuxième fois où Moraine et POW se retrouvent depuis 2020, et nous avons déjà écrit des articles pour parler des glaciers pyrénéens ici.

Dans les Pyrénées, les glaciers ont perdu 90% de leur superficie depuis 1850 et sont condamnés à disparaître, représentant de véritables reflets du changement climatique. Le glacier d’Ossoue se situe sur le massif du Vignemale (3298m) entre 2770 et 3200m d’altitude. La petite team POW y a donc retrouvé Pierre René afin de s’intéresser aux variations de l’épaisseur du glacier qui constitue le paramètre le plus représentatif de son comportement, afin de rendre compte de sa fonte. De mai à octobre, Pierre René s’y rend tous les mois afin d’en mesurer l’ablation, c’est-à-dire la quantité de glace qui a fondu. Pour ce faire, il utilise des balises d’ablation constituées de 5 piquets en bois de 2m de long implantés dans la glace.

Les mesures effectuées le 5 septembre 2023 sont dramatiques et confirment l’état extrêmement critique du glacier. Sur l’une des balises, les chiffres étaient particulièrement stupéfiants : pendant le mois d’août seulement, 2,05m avaient fondu, soit pratiquement 7cm par jour. 

Ce chiffre assez effroyable permet de réaliser l’ampleur de la fonte du glacier d’Ossoue, et se dire qu’il y a un mois on aurait été sous la glace est assez terrifiant. C’est vraiment émouvant d’être sur cette étendue de glace qui fond sous nos pieds, ce patrimoine qui s’effondre, et c’est tellement important de s’intéresser au travail des scientifiques pour réaliser ce qu’il se passe
Laura, bénévole POW France

Le glacier d’Ossoue a perdu 40m d’épaisseur depuis 2001, presque 2m par an. Toutefois, “cette tendance est peut-être en train de s’accélérer” explique Pierre René.
“L’année dernière, en 2022, il a perdu 4,50m d’épaisseur, plus du double. Cette année, à partir des mesures qui ont été faites – même si on est encore sur des relevés intermédiaires puisque le bilan se fera en octobre – – on est déjà à 3m de glace perdus. Donc on est à nouveau bien au-dessus de la moyenne. Cette diminution du glacier d’Ossoue se poursuit, et semble peut-être s’accélérer.”

Après avoir effectué ce travail de terrain essentiel pour comprendre l’ampleur de la fonte du glacier, une question nécessaire s’est posée : quels en sont les impacts ?

Pierre René a également fait part de son expertise sur ce sujet primordial. En premier lieu, on va inévitablement faire face à une perte de biodiversité qui vit dans cet environnement de haute montagne et dépend de la glace. La pratique de la haute montagne est également affectée, l’accès aux sommets devenant difficile à cause des éboulements ainsi que de la multiplication de roches à gravir. À ce titre, au mois d’août, certains bureaux des guides ont cessé de proposer l’ascension de l’Aneto (point culminant des Pyrénées à 3404m, côté espagnol).

 

Le rôle premier des glaciers pyrénéens est d’être des lanceurs d’alertes, des reflets du climat. À travers leur disparition, on voit un signal d’alerte supplémentaire de ce réchauffement global
Pierre René, Glaciologue

Pierre René évoque aussi un impact plus esthétique, avec “une transformation irréversible, au moins à court terme, des paysages de haute montagne”. Il rappelle tout de même que les impacts restent limités pour les glaciers pyrénéens car ils sont très petits, mais qu’ils doivent devenir des symboles du changement climatique en France et dans les régions de montagne en général. Comme il l’a bien souligné : le rôle premier des glaciers pyrénéens est d’être des lanceurs d’alertes, des reflets du climat. À travers leur disparition, on voit un signal d’alerte supplémentaire de ce réchauffement global. Les glaciers sont de véritables indicateurs de l’état de santé de la Terre, permettant de mesurer l’ampleur du changement climatique et de ses effets qui y sont directs.
“On a souvent du mal à se rendre compte de l’urgence climatique. Le rythme effréné à laquelle ce glacier fond l’incarne parfaitement. Pour ce glacier il est déjà trop tard, mais il y a tant de choses à faire , et ne pas faire, pour sauver les autres” complète Caroline qui se veut optimiste.

“Cette expérience de terrain fut enrichissante, tant pour être témoin en temps réel des effets dévastateurs du changement climatique que de permettre à notre petite communauté pyrénéenne de se rencontrer pour partager quelque chose de concret” s’est exprimé Emmanuel en guise de conclusion.

Cette belle équipe pyrénéenne n’attend qu’une chose : s’agrandir et se retrouver à nouveau dans ses beaux massifs. N’hésitez pas à nous écrire alors pour rejoindre la team POW ! 😉 Pour ça, vous pouvez directement vous rendre sur notre site ici, ou nous écrire à l’adresse benevoles@protectourwinters.fr !

Pour aller plus loin sur le sujet des glaciers on vous conseille cette vidéo et sachez que si vous êtes dans les Alpes, on a de nombreux groupes locaux également, avec qui vous pourriez venir vivre d’autres aventures similaires !