Cela faisait quelques années que l’envie de ne plus prendre l’avion me trottait dans la tête, par conviction écologique. Et j’ai décidé au début de cette saison d’hiver 23/24 de mettre cette envie en pratique, pour voir par moi-même si tous les freins pré-supposés à cette démarche étaient fondés, ou pas : peur de mécontenter certains sponsors, de manquer certaines opportunités pour filmer ou de ne plus être invitée sur certains évènements importants… Grosso modo peur de ne plus pouvoir continuer ce métier en arrêtant de prendre l’avion.
Au final cette annonce a été très bien reçue par les marques et personnes avec lesquelles je travaille, la saison a été remplie de tournages pour divers projets dans nos merveilleuses Alpes (qui plus est bien enneigées cette saison !), le budget et la fatigue dus aux longs trajets en avion et décalages horaires qui s’en suivent ont été remplacés par plus de temps en montagne et sur les skis 🙂
Loin de moi l’envie de porter un jugement sur les personnes qui voyagent en avion avec ce texte, nous n’avons pas tous.tes les mêmes réalités, je l’ai moi-même beaucoup pris à l’époque des compétitions internationales, et surtout le système écocidaire qui ne prévoit pas de taxe sur kérosène des avions, fait qu’il est malheureusement souvent beaucoup plus abordable de prendre l’avion plutôt que le train. POW a fait un post sur le comparatif train/avion, à partir d’un rapport de Greenpeace.
Mais cette démarche fait sens pour moi à plusieurs niveaux : diminuer mon bilan carbone de femme française bien au-delà des limites qui pourraient être fixées pour rester dans les Accords de Paris 1; ralentir le rythme parfois trop effréné de nos vies occidentales ; apaiser un peu les contradictions environnementales liées à ma pratique professionnelle du ski (il en reste encore !) ; apprendre à plus connaître les montagnes autour de chez nous, leur nivologie, leur évolution au fil d’une saison d’hiver ; diminuer la logistique et les coûts énormes liés aux déplacements en avion ; rêvasser en musique derrière la vitre d’un train plutôt que d’attendre dans les files interminables des contrôles de bagages…
Envisager les futures saisons de cette manière me rend très heureuse et apaisée, continuer à prévoir des tournages pour le ski et des aventures en montagne dans un périmètre accessible en train ou en voiture, en réduisant peut-être la fréquence de ces voyages et en prenant plus de temps pour le local… ce qui ne rendra les périples restants que plus savoureux !“
Comparaison par POW du bilan carbone des trajets de Coline sur les deux dernières saisons :
Sur les 2 saisons, des trajets en voiture pour un total de 500km environ ont été effectués
Saison d’hiver 2022/2023
– Train : A/R de Grenoble à Innsbruck (798km) : 2,34kg CO2eq en TGV
– Train : A/R de Grenoble à Saint Anton Am Arlberg (767km) : 2,25 kg CO2eq en TGV
– Avion : A/R à Whistler (Canada) (8313km) : 1264 kg CO2eq
– Avion : A/R de Lyon à Tromso (Norvège) (2770km) : 520kg CO2eq
TOTAL : 1788,59 kg CO2eq
Saison d’hiver 2023/2024
– Train : 3 A/R de Grenoble à Innsbruck : 3 x 2,34 kg CO2eq en TGV = 7,02 kg CO2eq
TOTAL : 7,02 kg CO2eq
Le Mot de POW
Comment prendre la parole en tant qu’athlète sur des enjeux environnementaux, quand on n’est pas parfait ?
Une large question auxquelles une réponse simple convenant à tout le monde n’existe sans doute pas pour des personnes qui vivent des ces pratiques, face à une audience plurielle. Le problème, c’est qu’en l’absence de réponse unique, l’issue est souvent celle de ne pas le faire. Ne pas prendre la parole malgré une envie, malgré des convictions, malgré un oeil alerte sur les changements qui ont lieu. Alors comment on fait ? Chez POW, on pense que notre rôle, c’est à la fois d’être présent et alerte pour pointer du doigt les comportements et manquements vis-à-vis des enjeux climatiques des uns, tout se tenant disponible pour accompagner chaque volonté de prendre la parole et d’évoluer avec sincérité des autres. La clé pour débloquer un tel dilemme : la transparence.
Dans un monde où les réseaux sociaux sont omniprésents – que cela nous plaise ou non – prendre la parole sur des pratiques et engagements écologiques est essentiel, pour contrebalancer l’influence néfaste pour le climat de personnes sans connaissances ou sans scrupules. Récemment, nous étions avec la chercheuse Garance Bazin lors de la Convention POWpulaire du mois de mai, qui a publié une étude nommée : «EN MODE AVION» L’emprise de la publicité et des influenceurs. Elle démontre comment l’impact des réseaux sociaux font affluer les mauvaises pratiques, même chez des publics plutôt sensibilisés aux enjeux. L’idée dans tout ça, ce n’est pas que les athlètes remplacent les instagrameurs voyages, mais d’accepter collectivement que des personnes non parfaites prennent la parole malgré le fait que ces derniers prennent encore l’avion, que ce soit pour parler de leurs pratiques quand elles apparaissent plus vertueuses, ou quand il s’agit de porter une voix plus forte en faveur de mesures écologiques, comme la taxation du kérosène et le développement du ferroviaire. Oui, quand on fait des efforts au quotidien, on ne veut pas qu’un ou une athlète viennent “donner des leçons”. Mais ce n’est pas l’intention de la plupart des personnes avec qui échangent POW, bien au contraire. Cet aspect est si souvent une crainte, que c’est un frein à la moindre prise de parole. Aujourd’hui, il ne faut pas réclamer de la perfection dans les efforts, mais de la transparence et de la sincérité. Si ces critères sont réunis, il est parfaitement entendable qu’un individu dénonce l’impact de l’avion qui est impossible à remettre en cause (et chez POW le sujet de la mobilité, debout sur la table que sous le tapis) et des politiques publiques qui ne vont pas dans le bon sens. On peut parfaitement dénoncer que le kérosène ne soit pas taxé, tout en prenant l’avion car encore nécessaire ou compliqué à éviter pour des professionnels. POW s’engage à accompagner chaque athlète qui souhaiterait être accompagné dans une démarche de prise de parole. On a vraiment besoin que toutes les énergies sensibles à ces questions se battent dans le même sens, que chacun accepte de jouer les cartes qu’il a en main.
Selon le rapport Faire sa part de Carbone 4 par exemple, est mentionné le chiffre de 2 tonnes CO2eq, mais ce n’est pas un chiffre exact à atteindre, mais plutôt un cap pour se rendre compte que nos empreintes actuelles ne sont pas compatibles .↩
Cet article a paru pour la première fois sur LinkedIn.
C’est le moment d’agir. Et aujourd’hui on ne peut plus agir uniquement individuellement face à la crise climatique. Il faut collaborer, coopérer, faire société. Tout en se faisant plaisir.
Au coeur de la station des Ménuires, les 7 et 8 décembre dernier, nous avons rassemblé les athlètes pro qui soutiennent Protect Our Winters en France, pour leur donner les clés de compréhension du réchauffement climatique, les former à prendre la parole sur leurs média sociaux et co-construire ensemble l’avenir de l’association. Nous avons fait société. Et on s’est bien marré !
Il y a une règle qui nous dit que 10% d’une population peut influencer les 90% restant à changer de comportement. C’est ce que l’on appelle le point de bascule. Quand on sait qu’au sein de l’humanité on est en train d’atteindre ces 10% de la population qui changent leurs comportements pour réduire leur impact face à la crise climatique, alors le rôle des leaders d’opinion, des ambassadeurs et athlètes de haut niveau est crucial pour faire basculer cette lutte. C’est pour cela que nous étions là haut tous ensemble.
C’était aussi l’occasion pour moi de laisser ma place de président de POW France après plus de 2 ans aux commandes. Très fier d’avoir laissé ma trace au sein de cet écosystème grandissant et qui s’impose de plus en plus comme incontournable en France, en Europe et dans le monde. Je reste dans « le game » en prenant une petite place au sein du board de POW France et de POW Europe, avec l’objectif d’aider à coordonner les différentes antennes pour avoir plus de force et d’impact positif.
Aujourd’hui on a plus le temps d’attendre, il faut agir vite (la crise climatique va plus vite que les scientifiques le pensaiten), il faut agir ensemble et il faut être ambitieux. Les entreprises, les territoires, les athlètes, les politiques et le grand public, tous doivent s’engager à réduire leur impact sur le climat. A minima pour éviter les catastrophes annoncées partout dans le monde mais aussi pour que nous puissions encore profiter de ces belles montagnes saupoudrées de neige!
Notre Riders Alliance grandit et c’est avec enthousiasme que nous saluons l’arrivée d’Eleonora Ferrari chez POW. Elle nous partage quelques lignes pour se présenter.
« Je m’appelle Eleonora, j’ai toujours habité en montagne (à Chamrousse, près de Grenoble) et je fais du ski depuis que je suis toute petite.
Aujourd’hui, je fais de la compétition en ski freestyle et cela m’amène à voyager, à m’entraîner hors saison sur des glaciers. Malgré cela, j’ai toujours été sensible aux changements de notre climat et de nos montagnes puisque j’en suis la première spectatrice.
Je pense sincèrement qu’il ne faut pas culpabiliser sur le fait que nos pratiques peuvent parfois être contradictoires. On peut les compenser avec l’envie de diminuer notre empreinte carbone et d’agir favorablement sur le climat. Il faut faire un maximum d’actions positives, en gardant en tête que chaque petite action est utile.
C’est une des raisons pour lesquelles je me suis engagée avec POW France, en restant consciente que la perfection ne doit pas se mettre sur le chemin du bien. Personne n’est parfait sur le plan écologique mais toutes les personnes qui osent mettre leur pierre à l’édifice deviennent des acteurs engagés et efficaces, et on devrait toutes et tous l’être. »
L’aventure commence donc et nous vous invitons à suivre Eleonora sur Instagram et Facebook.
As t’on le droit de s’engager dans la lutte contre le climat quand l’industrie à laquelle on souhaite appartenir a un impact certain sur ce dernier? C’est avec cette question que nous avons commencé nos discussions avec les jeunes riders et rideuses qui participaient cet été au GFS Camps sur le Glacier de Tignes. Ces jeunes, passionné.es de ski et de freestyle, passent un mois en été sur le glacier en compagnie de formateurs et de riders pros pour perfectionner leur style et pousser toujours plus loin les limites de leur sport. Cependant, cette année plus particulièrement, ils et elles ne sont pas aveugles et constatent comme tout ceux qui le fréquentent les changement qui affectent le glacier, et le peu de neige qu’on y trouve en été année après année. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que cette année, l’exploitation estivale a été arrêtée plus tôt. En outre, les riders qui les accompagnent ont eux aussi fréquentés le park glaciaire quand ils étaient plus jeunes, et n’ont d’autres choix de constater les altérations de grandes envergures qui s’y sont produits.
Comment, dès lors que l’on participe à cette grande industrie, prendre parole en faveur du climat, témoigner de ce que l’on voit auprès de sa communauté et du grand public, mais continuer à vivre de sa passion?
En échangeant avec les pros, les jeunes nous ont fait part de leurs questions, des sujets environnementaux qui les choquent, du manque de pouvoir qu’ils ressentent parfois face à la situation, mais de leur envie de se saisir de ces sujets également. Loin de vouloir cacher leurs contradictions, les jeunes du camps GFS ont ainsi réfléchi à comment utiliser leur position particulière pour faire avancer la situation et réduire leur impact. Du choix d’un sponsor qui proposent de l’équipement responsable et durable, au partage de trucs et astuces du quotidien, en passant par la volonté de pratiquer majoritairement leur sport prêt de chez eux, les idées foisonnent de leur côté. Ils ont également permis aux athlètes professionnels présents avec eux de prendre du recul sur leur propre situation, les encourageant à leur parler plus de ces sujets à travers les différents canaux, malgré les contradictions qui les habitent, comme elles font parties de nous tous. Enfin, pour mettre se mettre en action, les jeunes et leurs accompagnants ont organisés avec la Mairie de Tignes un ramassage de déchets sur les pistes du domaines. Tout n’a bien sûr pas pu être ramassé, mais ils ont pu ainsi agir après leur réflexions et expérimenter le plaisir de se voir être acteur du changement que l’on souhaite tous vivre. Merci encore à PG et GFS Camps pour leur accueil, Pacôme et 686 pour l’invitation, aux jeunes pour leur attention et leurs réflexions, à Léo Taillefer, Laurent De Martin et tous les pros présents pour les discussions et l’accompagnement des jeunes. Nous ne sommes pas parfaits, et c’est tant mieux, cela nous offre une multitude d’options et d’actions à entreprendre pour protéger nos hivers, et les glaciers en été!!
À peine une semaine après le lancement de la campagne, presque 9000 lettres avaient été envoyées, demandant la démission immédiate de Kasper. Un grand merci à vous toutes et tous!
Cet effort a eu une portée énorme, avec, selon nos estimations, plus de 200 millions d’impressions dans les médias à travers le monde, y compris dans le Daily Mail en Grande Bretagne, ESPN aux US et dans SkiChrono et ailleurs en France.
L’effet a été amplifié par des marques et stations et surtout par des athlètes qui se sont exprimés en public pour contredire les propos choquants de M. Kasper. Parmi eux notamment, Michelle Gisin de la POW Riders Alliance Suisse, Daniel Yule, qui a donné la moitié de ses primes des deux derniers slaloms de la Coupe du monde à POW Suisse et Jamie Anderson, athlète étasunienne de l’Alliance qui a donné ses primes du Championnat du Monde de ski à POW. Bravo à eux et à tous les athlètes qui ont pris une position publique !
Il reste à son poste pour l’instant, mais le monde a bien entendu la voix de la communauté des sports d’hiver et la position courageuse prise par les athlètes. Entretemps, Daniel Yule s’est proposé et a été élu représentant des athlètes auprès de la FIS « pour essayer de faire bouger les choses. »
Restons motivés et aux aguets pour continuer de faire bouger les choses nous aussi !
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