POW ET LES JOP 2030

POW ET LES JOP 2030

POW France travaille à la durabilité des pratiques sportives en montagne, et notamment à la durabilité des activités sportives professionnelles et des GESI (Grands Evenements Sportifs Internationaux). L’association est sensible au devenir des pratiquant.es et notamment des athlètes, et le cœur de son action est de les éveiller, de les alerter et de les accompagner pour qu’ils deviennent des ambassadeurs de l’action climatique et écologique, des acteurs de changement auprès de l’économie de la montagne.

Nous considérons comme indispensable que ces pratiques intègrent les limites planétaires. C’est la condition de leur survie, et c’est la seule chance que les générations à venir puissent aussi en profiter.

La candidature de la France (AURA+PACA) pour l’organisation des JOP 2030 invite POW France à faire valoir dans le débat ses engagements et ses travaux, en particulier

  • sur la durabilité des GESI
  • sur le développement de mobilités bas carbone et socialement justes dans les territoires de montagne
  • sur l’information et la qualité du débat démocratique

A ce titre, nous voulons faire peser sa voix dans le débat public et auprès des acteurs concernés, pour que la construction et l’éventuelle validation de ce projet soient strictement conditionnés au respect des enjeux climatiques et des limites planétaires. POW France a été parmi les initiateurs et les pilotes du collectif qui a formulé en novembre 2023 17 conditions à respecter “pour que les Jeux Olympiques et Paralympiques d’Hiver soient compatibles avec le respect des limites planétaires, et bénéfiques pour les territoires.”

Depuis cette date, nous nous sommes activés pour réfléchir au mieux sur le sujet et porter notre voix et celle de toutes les personnes défendant un monde de l’outdoor engagé qui prend au sérieux l’évolution des sports d’hiver et de la montagne.
Nous nous sommes rendus à l’Elysée, nous avons envoyé notre tribune au CIO, nous avons participé à une table ronde aux côtés entre autres de David Lappartient (President du CNOSF) et Perrine Pelen (directrice générale des Mondiaux 2023), nous avons dédié une édition spéciale de la Convention POWpulaire pour débattre entre citoyen.es aux avis divergents, nous avons été invité à une Conférence de presse pour les JO 2024 par l’Association Familiale Pierre de Coubertin aux côtés de Marie Martinod et Martin Thomas…

Aujourd’hui, nous consacrons toute notre énergie sur ce dossier à travers les 4 axes suivants : 

  • Mobilités : la quantité de public international, l’accès aux sites, les déplacements des athlètes pour les qualifications… La mobilité est un mastodonte dans l’empreinte des GESI.
  • Infrastructures : l’impact du projet sur le bâti, le potentiel pour la rénovation des bâtiments, la lutte contre le risque de nouvelles constructions à destination touristique, l’orientation des investissements pour les transports vers le rail et le bas carbone… La question des infrastructures, au-delà de son impact environnemental, pose une question essentielle : quel héritage ?
  • La neige : comment une compétition de sports d’hiver va-t-elle se préparer et s’adapter dans un pays qui voit sa quantité de neige être de plus en plus variable et rare ? Sujet sensible dans les territoires, cette question est implicitement liée au sujet des ressources en eau, mais également à l’acceptabilité sociale d’un tel événement
  • La démocratie autour du projet : les citoyen.nes ne sont ni impliqué.es démocratiquement dans les décisions liées à l’événement ni consulté.es ni même réellement informé.es. Comment ramener alors de la démocratie dans un projet massif qui avance silencieusement ?
    Axe duquel découle tous les autres, POW France travaille sur toutes les possibilités d’injecter davantage de participation, de consultation et surtout de transparence sur l’information.
POW ET LES JOP 2030

Protect Our Winters est une ONG internationale avec 15 antennes dans le monde, dont une antenne européenne. Notre mission : porter et amplifier la voix de la communauté outdoor en faveur du climat, du vivant et de la justice sociale.
Ce document présente le positionnement de POW et comment notre travail s’inscrit dans le paysage démocratique français.

Oui, notre action est POWlitique

Dès le départ, la raison d’être de POW est politique. Tous nos combats sont politiques. C’est dans l’ADN de POW, depuis sa fondation aux US, dans un but précis de lobbying en faveur du climat auprès des instances. Si cette partie est ancrée de l’autre côté de l’Atlantique – là où POW est né – ce n’est pas forcément le cas partout, comme en France, où la confusion entre apolitique et apartisan est encore bien présente, et où beaucoup de gens pensent encore qu’il est possible d’être une association environnementale sans jamais parler de politique, voire qu’elle le devrait.

Chez POW France, nous assumons clairement de nous occuper de la politique. POW encourage au vote, parle des scrutins, pointe du doigt les (in)actions gouvernementales, sollicite, interpelle et donne des outils aux citoyens pour qu’ils fassent de même. La raison est simple : l’écologie est un sujet politique.
Si l’on ne parle pas de la dimension systémique, on ne se focalise que sur les petites actions des individus : une vision du monde réductrice et inefficace, qui omet que ce sont bien les lois qu’il faut faire changer. Notre ambition est, a toujours été et sera toujours la suivante : sensibiliser et outiller les citoyens non pas uniquement pour qu’ils améliorent leurs actions du quotidien, mais surtout pour qu’ils contribuent, collectivement, à participer à la discussion et à la décision à un niveau systémique, pour réclamer des changements à grande échelle.

POW France milite pour une implication citoyenne importante, et mène des campagnes qui placent la participation de sa communauté au cœur de ses actions. Cela passe par des appels à la mobilisation sous différentes formes (fournir un outil qui permet d’envoyer le rapport du GIEC par mail à leurs députés, interpeller des médias régionaux pour leur faire savoir qu’ils ne parlent pas assez d’environnement, mettre à disposition du contenu permettant d’inviter autour de soi à voter, y compris pour les scrutins peu mis en avant…).

Tout cela cependant se fait avec toujours une règle d’or : être non-partisan. Cela signifie de ne jamais se ranger derrière un parti, derrière une étiquette précise, derrière un candidat.
Nous n’avons pas vocation à dire pour qui voter, nous défendons simplement avec conviction nos valeurs et nos combats, et nous donnons accès à une information pertinente, pour que chacun fasse son choix, en son âme et conscience, avec une compréhension claire du traitement des enjeux d’écologie et de justice sociale dans les programmes qui lui sont soumis.

Informer, c’est aussi dire clairement les conditions dans lesquelles nous pouvons développer la société bas carbone et juste pour laquelle nous nous mobilisons chaque jour.
Cette société ne peut pas exister avec un gouvernement d’extrême droite. Nous l’avons énoncé sans détour au cours de cette année 2024, compte tenu des évolutions du champ politique. Et nous tiendrons toujours cette ligne. POW défend une vision aux antipodes de ce qui est prôné par l’extrême-droite.
Cette position ne remet pas en question notre non-partisanerie, qui consiste à ne pas soutenir précisément une personne ou un parti, mais marque une frontière très claire avec une partie de l’échiquier politique.

Aujourd’hui, POW ne perçoit ni ne demande aucune subvention publique. C’est une décision qui ne facilite pas notre survie financière, mais qui garantit l’indépendance de notre discours sur des sujets profondément politiques, comme celui des Jeux olympiques et paralympiques de 2030.

Notre communauté a du talent Laura et son travail chez Fifteen

Notre communauté a du talent Laura et son travail chez Fifteen

Aujourd’hui on donne la parole à Laura, bénévole chez POW depuis un long moment, qui nous parle de son travail chez Fifteen : un acteur important du vélo, que vous ne connaissez pas forcément de nom mais qui se cache derrière des choses que vous avez peut-être déjà utilisées pour beaucoup d’entre vous !

Peux-tu te présenter et présenter rapidement ce que c’est Fifteen ?

Je m’appelle Laura et je travaille pour la société Fifteen en tant que Sales Manager France depuis Annecy où j’exerce en télétravail. Fifteen conçoit et fabrique des services vélos pour les collectivités, on a notamment développé un système de stationnement et de recharge de vélos électrique en libre service assez avant-gardiste. Nous sommes les leaders en Europe dans la conception de services vélos, avec des références sur tout type de villes, des grandes métropoles comme Paris Vélib, Le Vélo à Marseille, à l’international comme à Vancouver ou Helsinki, et dans pas mal de villes moyennes comme Epinal, Vichy, Avignon, Auxerre, où nous avons de superbes résultats d’usages. La mobilité urbaine, notamment à travers des solutions innovantes et écologiques, est au cœur de mon travail quotidien.

Parallèlement à mon activité professionnelle, je suis bénévole pour l’association Protect Our Winters (POW). Cette organisation rassemble les pratiquant·es de sports outdoor qui partagent la même passion pour la nature et l’environnement, avec pour mission de lutter contre le changement climatique et de préserver ces espaces fragiles qui souffrent en première ligne du dérèglement climatique. En tant qu’amoureuse de la montagne, je m’engage à protéger les paysages que j’aime tant, tout en sensibilisant d’autres passionné·es aux enjeux climatiques. Et comme notre fer de lance c’est la mobilité en montagne, ça rejoint complètement mon activité professionnelle sur un autre spectre !

 

Quand tu parles des villes où vous êtes présents et des résultats que vous avez qui sont hyper positifs, est-ce que tu pourrais nous partager quelques exemples différents de villes et quelques chiffres ?

Oui ! Pour se donner un ordre d’idée, je prends 3 exemples bien différents. 

Avignon, Vélopop = c’est 300 vélos en libre-service avec un lancement en juillet 2024
– On a déjà 7250 usagers uniques soit un équivalent de 7,8% de la population
– 90 000 trajets
– 280 000 km parcours
– 30 000 kg de CO2 évité

Auxerre
Auxerre est intéressant car c’est petite ville avec un service adapté, qui s’appelle Aux’R’M.
On propose des vélos en libre service courte et longue durée, directement en station ! Un usager peut souscrire à une offre de LLD à n’importe quelle heure en autonomie dans la rue. On envoie un petit kit de bienvenue à chaque souscription pour que l’usager puisse charger son vélo à la maison !
On compte 320 vélos en libre-service et 43 stations.

Marseille
En 2022 nous avons remplacé la flotte de vélos 100% mécaniques, en passant à une flotte 100 % électrique : les usages ont été multipliés par 2,5 sans augmenter le nombre de vélos (2000 en tout).
– Marseille c’est colossal, il y a 50 000 trajets par mois avec LeVélo
Depuis son lancement c’est:
– 180 000 usagers
– 5 282 576 trajets
– 16 427 244 km parcours
– 1 097 780 kg de CO2 évités

Proposer des vélos électriques peut sembler contre-intuitif d’un point de vue écologique, mais c’est en réalité bien plus efficace que d’offrir des vélos mécaniques, et ce pour plusieurs raisons :
– Un vélo électrique remplace 3 à 4 fois plus de trajets initialement effectués en voiture qu’un vélo mécanique
– Il touche un plus large public, y compris ceux qui ne sont pas habitués à faire du vélo, en leur offrant une alternative crédible à la voiture
– Les vélos électriques sont plus inclusifs et accessibles à une diversité d’usagers
– Ils permettent d’effectuer des trajets plus longs (en distance, pas vraiment en temps)
– Ils sont particulièrement adaptés aux déplacements domicile-travail

Cependant pour que ces avantages aient un véritable impact écologique, il faut remplir certaines conditions : le vélo doit être éco-conçu, et ses batteries doivent être durables, c’est-à-dire robustes, réparables et recyclables. Chez Fifteen, nos vélos sont conçus en France à Vanves, assemblés dans les Hauts-de-France, et les batteries sont fabriquées, réparées et recyclées à Clermont-Ferrand.

Est-ce que vous êtes présents dans des villes de montagne ? Si non, pourquoi ?

Non pas vraiment, on ne cible pas spécifiquement les territoires de montagne, en raison de divers défis opérationnels (comme la décharge rapide des batteries due au froid, les sols glissants en hiver, la neige, etc). Ceci dit, je serais ravie d’échanger avec des élus de territoires de montagne pour explorer et approfondir ces enjeux si certains nous lisent !

Sans rentrer dans trop de technique, mais vous rentrez en contact avec qui exactement quand vous voulez intégrer votre service à une ville ? Est-ce que quelqu’un qui lira l’article et qui vit dans une ville où il n’y a pas de services vélos peut par exemple envoyer un message à sa mairie pour parler de vous et demander que l’arrivée d’un service du genre soit étudié ?

Oui avec plaisir, chaque collectivité a un service mobilités ou transports. Il ne faut pas hésiter à leur soumettre l’idée. Je pense que c’est même une très bonne chose d’avoir des initiatives citoyennes sur ces sujets-là ! 

Est-ce que tu as de la visibilité sur le nombre de villes qui ont un service Fifteen ou similaire, ça peut être pertinent de voir la marge qu’on a encore !

En France, il y a eu le recensement suivant en 2022*:
– 74 services vélos en libre-service (VLS)
– 271 service de location longue-durée (LLD)
*Chiffre établi d’après le recensement effectué par l’Union Sport & Cycle en 2022
Les territoires ne cessent de s’équiper, donc c’est difficile d’avoir une vision exhaustive à ce jour ! Mais si vous n’avez rien dans votre ville, tentez le coup !

C’est quoi la plus petite ville où vous êtes installés et est-ce que c’est une démarche de votre côté d’intégrer des villes encore plus petites ?

Il est vrai qu’il fut un temps où les services vélos étaient principalement destinés aux grandes villes et métropoles. Aujourd’hui, c’est impressionnant de constater à quel point les vélos se sont durablement implantés dans des territoires plus petits, moins denses et plus ruraux ! Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que ces zones sont souvent celles où un service vélo a le plus d’impact. En effet, ces territoires manquent parfois d’alternatives en matière de transports en commun, et un service de vélos devient alors une véritable solution pour les déplacements du quotidien. Fifteen a largement contribué à cette tendance, notamment depuis le lancement en 2020 de ses stations ultra-compactes, qui sont très abordables et faciles à installer, même pour des collectivités avec un budget limité. La plus petite ville où nous sommes implantés est Landerneau en Bretagne, qui compte 15 700 habitants, et environ 30 % de la population utilise ou a utilisé le service !

Plus personnellement, est-ce que tu peux partager quelques mots sur ton engagement chez POW ? Est-il complémentaire à ton travail ?

Mon engagement chez POW me permet d’explorer une autre facette de la lutte pour le climat, et de m’entourer de personnes qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes craintes que moi. Nous nous sommes organisés en un réseau assez intéressant dans chaque région de France et il commence à y avoir une jolie communauté à Annecy. On s’inspire les uns les autres ! Si chez Fifteen, je me concentre sur la mobilité urbaine, chez POW, je me focalise sur la protection des environnements naturels, notamment les montagnes. Les deux engagements se complètent parfaitement, car ils reposent sur une même conviction : il est essentiel d’agir pour préserver notre planète, que ce soit en ville ou dans les espaces naturels.

Qu’est-ce qui t’as motivé à t’engager, que ce soit dans ton boulot ou chez POW ? Et c’est quoi toi ton rapport au vélo ?

J’ai vraiment découvert le vélo en 2020. C’est à ce moment-là que j’ai eu mon réveil écologique. À l’époque, je bossais dans une entreprise qui fournissait des services aux aéroports, et le COVID a accéléré les choses : licenciement économique, déménagement à Annecy. J’ai repris possession de mon temps et de mon espace. En plus, j’ai été profondément marquée par la vision des stations de ski désertes pendant l’année blanche qui a suivi. Ça m’a frappée de voir à quel point on défigurait nos montagnes et l’impact que le ski a en termes de surconsommation des ressources. Ça m’a vraiment dégoûtée. C’est là que j’ai radicalement changé mes habitudes : j’ai intégré le vélo à mes trajets quotidiens et j’ai presque complètement laissé tomber le ski alpin pour le remplacer par le ski de randonnée. J’avais envie de réduire au maximum mon impact. Côté pro, j’ai aussi voulu faire bouger les choses, contribuer positivement à la société. En somme, pour moi, le vélo, c’est bien plus qu’un moyen de transport, c’est un outil extraordinaire pour les loisirs, les voyages, et l’aventure !

Un dernier message aux personnes qui vont te lire, peut-être à des gens qui hésitent à s’engager davantage en faveur du climat ? 

Je pense qu’il est urgent de mettre notre énergie et notre intelligence pour des entreprises à impacts qui sont alignées avec nos valeurs et nos enjeux. Le télétravail est un des héritages positifs du COVID et cela permet à des personnes comme moi de travailler depuis la Haute-Savoie sur des projets à impacts à l’échelle nationale. J’en suis ravie, il faut en profiter et ne pas hésiter à postuler dans des entreprises qui façonnent le nouveau monde de manière plus durable, avec des missions sociales justes. La transition écologique passe aussi par nos métiers au quotidien. Je serais ravie d’échanger avec vous sur ces sujets, vous pouvez me contacter via LinkedIn (Laura Dahan)🙂

 

 

 

 

 

La Trace une agence de voyage pas comme les autres

La Trace une agence de voyage pas comme les autres

Ce mois-ci, c’est le Mobility Month : pendant 1 mois, on fait un gros focus sur un sujet mobilité, et cette année, honneur au vélo ! Aujourd’hui on vous parle de La Trace, une agence de voyage pas comme les autres, avec qui on partage beaucoup de choses !

D’ailleurs à ce sujet, on vous donne rendez-vous le 25 septembre pour le retour des Conventions POWpulaires, avec une édition spéciale vélo en compagnie d’une membre de l’équipe de La Trace mais également de la FUB (Fédération françaises des Usagers de la Bicyclette) pour aborder plein de sujets et laisser place à toutes vos questions ! Lien pour s’inscrire ici 👇

La Trace, c’est une jeune agence de voyage à vélo, présente pour l’instant en Bretagne (mais ils devraient être présents partout en France en 2025), qui s’est donné comme mission de “Démocratiser le voyage à vélo”. Une mission qui nous parle fort chez POW, à l’heure où la pratique du vélo en France reste à la traîne par rapport à beaucoup de nos voisins Européens.

Concrètement, qui sont-ils ? Ce sont eux qui le résument le mieux !

La Trace, c’est une histoire de passion partagée par des cyclistes rêveurs, qui veulent que chacun, peu importe l’âge ou le niveau, puisse vivre la magie du vélo.

Une belle histoire au départ, qui met en avant de nombreux principes essentiels pour nous chez POW, notamment celui-ci : “peu importe l’âge ou le niveau” !
Ça fait partie des choses que l’on aime beaucoup chez La Trace : il y en a pour tout le monde ! Sur son appli, La Trace propose des itinéraires par niveaux : trace verte, trace bleue, trace rouge et trace épique, le tout en donnant la possibilité de choisir un itinéraire famille, de louer un vélo mécanique ou un vélo électrique etc.

C’est vrai que parler de grandes aventures, de longues et superbes routes, c’est cool. Mais si le travail de promotion du vélo ne s’adresse qu’à des cyclistes convaincus, on ne fait pas avancer le nombre de pratiquants, et donc le nombre de personnes qui peuvent avoir un impact positif écologiquement parlant en troquant le vélo contre la voiture par exemple. Pour ça, vous pouvez suivre leur blog, sur lequel des récits seront partagés (en attendant, si vous les avez ratés, retrouvez nos derniers articles, les récits de Louisa et de Zoé).

Pour aller plus loin et achever le fait de vous convaincre qu’ils et elles sont cools chez La Trace, on vous partage leur manifeste ci-dessous, tout fraîchement rédigé !
De quoi donner des envies pour de futurs week-end ou vacances, non ?!

Le récit de Louisa du voyage à vélo au féminisme

Le récit de Louisa du voyage à vélo au féminisme

Durant ce mois de la mobilité consacré au vélo, on partage beaucoup de choses diverses et variées, notamment sur notre Instagram que l’on vous conseille de suivre.
A l’heure des réseaux où la majorité du contenu que l’on consomme est très souvent du contenu court, aujourd’hui on vous propose de prendre le temps. Prendre le temps pour lire le récit de Louisa, son histoire avec le vélo, de ses débuts tardifs à son niveau actuel, entre mauvaises expériences et féminisme. Ce récit s’adresse à tout le monde, des personnes qui ont peur de “passer le pas” aux gens les plus expérimentés. Il est néanmoins dédié à toutes les femmes confrontées à des murs qu’elles n’ont pas encore franchis. En espérant que cet article en aidera certaines à faire tomber quelques briques.

 

Ô Canada !

Comme tout le monde, j’ai fait du vélo enfant, mais c’est bien plus tard que ma réelle histoire d’amour avec ce dernier a commencé. Ayant grandi dans la vallée de Chamonix, je n’ai jamais trop été attirée par le vélo. Ici, les sports principaux c’étaient plutôt le ski ou le trail, notamment à cause du territoire qui n’était vraiment pas simple pour quelqu’un qui débute.
Pour vous dire, entre 15 et 20 ans, j’ai dû faire 2 fois du vélo de route avec un copain, et j’ai trouvé ça horrible ! J’avais un vélo pas du tout adapté et je m’étais juste dit que ce n’était pas pour moi.

Mon histoire avec le vélo a commencé loin, très loin de Chamonix : au Canada ! A 21 ans je suis partie vivre au Québec. Alors que j’avais du mal à me créer un nouveau cercle social, je me suis réfugiée très vite dans le sport. Il s’avère qu’à ce moment-là le VTT était en plein essor là-bas, il y avait beaucoup de stations de basses altitudes où le terrain s’y prêtait parfaitement, donc je me suis acheté un vélo et j’ai commencé à apprendre les bases, avant de me faire des potes de fil en aiguille grâce à ça. Ce début d’idylle avec le vélo à travers les forêts canadiennes, ça a duré un peu plus de 3 belles années au final, avant de rentrer au bercail.

Quand je suis rentrée en France, j’ai voulu continuer le VTT, avant de rapidement décider d’essayer autre chose : le vélo de route. 1 an après mon retour, me voilà prête à me lancer dans ma 1ère expérience de bikepacking. J’ai toujours eu besoin de passer beaucoup de temps seule, donc c’était l’évidence pour moi d’essayer.
Au Québec, j’avais fait quelques week-ends en mode VTT/camping, mais rien de plus.
Cette fois j’étais décidée, motivée, je vais partir longtemps en autonomie, mon vélo, mon matos et moi, rien ni personne de plus. Spoiler ? Ça a été une des pires expériences de ma vie.

 

Le bingo de la galère

Je vous la fais courte, mais je décide de partir 2 semaines et demie (ambitieuse la meuf !). Malheureusement, j’ai choisi la pire destination possible pour un trip vélo je pense : direction Madère (pour les nuls en géo qui ne veulent pas décoller de mon histoire passionnante le temps de faire une recherche Google, c’est un archipel vers le Portugal).
Pourquoi là-bas ? Bonne question ! Au départ je devais aller aux Lofoten en Norvège, avant de me dire “en fait flemme d’aller jusqu’à là-bas” et de tomber sur Madère je ne sais plus comment. Je checke une carte, je vois une route qui semble faire le tour d’une île qui n’est pas très grande, donc je me dis que 2 semaines et demie ce sera largement suffisant !
En plus je vois très peu de ressources concernant le bikepacking à Madère sur internet, donc je me dis que c’est génial, au moins il ne devrait pas y avoir trop de monde (ne faites jamais comme moi). Niveau équipement ? Je n’avais pas de vrai vélo de route, avec des grosses sacoches dans lesquelles j’allais pouvoir mettre plein de trucs, même des bouquins ! (ne faites jamais comme moi, bis). Donc tout ça étant prêt, direction un endroit que je ne connais pas, sur lequel je n’avais trouvé aucune ressource bikepacking, avec aucune expérience pour ce genre de trip, équipée n’importe comment, chargée à bloc niveau confiance en moi… Mais qu’est-ce qui pouvait bien mal se passer ?!

En fait, à peu près tout. Sans rentrer dans le détail de ce voyage que j’ai surnommé Madère La Galère, car cela prendrait des pages et des pages d’article, ou un podcast de 2 heures pour tout raconter, mais ça a été l’une des pires expériences de ma vie. Pas pire expérience vélo hein, vous avez bien lu.
Déjà, l’île n’était pas du tout adaptée au voyage à vélo : il y a des jours où je passais plus de temps à pousser mon vélo qu’à pédaler tellement les pentes étaient trop raides, surtout pour mon vélo qui était bien trop lourd pour moi. Se rajoute à ça l’énorme difficulté pour trouver des endroits où dormir puisque le camping sauvage est quasiment interdit partout (comment ça c’est le genre de choses qu’on vérifie avant le départ ?). Surtout, j’ai vécu un enchaînement de péripéties improbables… Ce genre de situation où je me suis retrouvé à gérer seule une blessure avec un problème de matos à 21H30 à l’autre bout de l’île, à 2H de la moindre population qui aurait pu m’aider, sans réseau téléphone et la nuit qui commençait à tomber. Ambiance ! Résultat, je suis rentrée au bout de 4 jours. Désillusion totale.

C’est impossible en quelques lignes de transmettre l’expérience que fût Madère pour moi. Pourtant, je peux le dire avec le recul, ces 4 jours m’ont totalement changé. Ça a mis du temps avant que je puisse le digérer et en faire quelque chose de positif, pendant longtemps, ça a juste été une écorchure à vif. Après cette expérience, je ne suis pas repartie en voyage à vélo seule pendant 2 ans. Parce qu’au-delà de cette dernière, ce qui a suivi après fût aussi compliqué.

Retour à la maison ! 

Me voilà donc de retour en France, revenant de l’enfer, avec en prime une vie perso chaotique et 2 semaines de vacances encore devant moi ! C’est cool le vélo, on repart quand ?! En fait, bientôt. Je ne pouvais pas rester chez moi à me morfondre sur mon échec et j’avais le sentiment que ce n’était pas la pratique du vélo le problème, mais l’ensemble de choses entourant mon voyage.
Je me décide à me racheter le 1er vélo de route semblant potable que je trouve d’occasion (parce que la compagnie a perdu mon vélo, qui est revenu endommagé 3 semaines plus tard, décidément…) et j’envoie un message à une amie qui était équipée, expérimentée et dispo pour partir quelques jours avec elle dans le Sud avant que d’autres amis puissent se joindre à nous. Un concours de circonstances qui m’a permis de ne pas divorcer du vélo, de mettre un pansement sur une plaie qui allait mettre du temps à cicatriser.

A force d’entendre toutes ces remarques, de faire face à ces questionnements, ces jugements, j’ai fini par douter de leur véracité, à admettre que peut-être, oui, en tant que femme, des voyages solo à vélo ce n’était pas pour moi.

Être une femme seule à vélo

Après ce petit périple bien accompagnée qui a sauvé la suite de mes vacances, s’est suivie une longue période de doutes, de remise en question, de honte… Surtout, une période durant laquelle je me suis retrouvée confrontée aux innombrables remarques du monde concernant mon échec, me renvoyant à ce que j’étais avant tout : une femme seule à vélo.
C’est après Madère que débute profondément mes réflexions autour du féminisme, grâce ou à cause du fait que j’ai très vite été ramenée à ça quand il était question d’aborder mon voyage à Madère : “En même temps tu pars toute seule en tant que femme, à quoi tu t’attendais ?” “Pourquoi t’es parti comme ça toute seule en vélo ?” “En tant que femme seule, c’était sûr que t’allais avoir des problèmes”

Ce genre de phrases venant d’un peu tout le monde : familles, amis, et même des gens que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam qui se permettaient ce genre de remarques dès qu’il savait que j’avais osé partir seule. Que ce soit de la méchanceté, de l’arrogance, du mépris ou de l’inquiétude, il y avait toujours une constante : faire le lien entre le fait que ça se soit mal passé et le fait que je suis une femme.
Tout ça m’a transpercé. Quand j’étais au Québec, je n’avais jamais été confronté à des remarques sexistes, jamais on ne m’a sous entendu que parce que j’étais une femme je ne pouvais pas avoir les mêmes pratiques que les hommes. Donc en revenant en France, je ne voyais pas pourquoi ce serait différent. Il s’avère que c’est le cas et que ça a mis longtemps avant que je l’accepte et que j’en tire du positif.

On me demande souvent quel a été le déclic pour “passer le cap” de voyager seule à vélo pour la première fois. Mais le cap était naturel pour moi au début ! Je suis partie avec beaucoup d’enthousiasme mais aussi beaucoup d’insouciance à Madère, je ressentais limite une forme de fierté au fait de partir à l’arrache. C’est ce qui m’a valu une double claque. Une claque là-bas et une claque en revenant. Une claque en échouant, et une claque en entendant en boucle que mon échec était une évidence du fait que je sois une femme. C’est après ça que j’ai mis du temps à passer ce fameux cap, à me dire que j’en étais capable. A force d’entendre toutes ces remarques, de faire face à ces questionnements, ces jugements, j’ai fini par douter de leur véracité, à admettre que peut-être, oui, en tant que femme, des voyages solo à vélo ce n’était pas pour moi.

L’expérience de Madère et ce que j’ai vécu avec le retour en France a été tellement puissant que ça a pris du temps avant que je puisse voir la chose avec du recul, avant d’en faire une force.

Here we go !

Alors comment j’ai fait pour repartir ? D’abord, j’ai pris le temps. Comme dit plus haut, mon premier vrai voyage à vélo seule après Madère est arrivé 2 ans après. Entre temps, j’ai pris le temps de digérer, et de continuer à faire ce que j’aimais : pédaler. J’ai énormément amélioré mon niveau de pratique en partant une journée par ci, un week-end par là.

A côté de ça, je suis partie seule en voyage, mais pas à vélo, en van, pendant 6 mois. Un moyen pour moi de distinguer la pratique du vélo au fait de voyager seule, et de pouvoir (m’)affirmer que l’aventure Madère n’était ni liée à la pratique du vélo, ni au fait de voyager seule, et que chaque pan se tenait très bien indifféremment. Brique par brique donc, accepter de prendre le temps. En parallèle, j’ai aussi évoluée au niveau de mes convictions et mes connaissances sur le féminisme, ce qui m’a permis ensuite d’être plus sereine et plus encline à être pédagogue face aux gens qui m’interpellent sur mes choix.

Si au début ça m’agaçait (voir même me mettait en colère), aujourd’hui, quand on me demande si je n’ai pas peur, si je ne crains pas « d’avoir des problèmes » ça me donne envie de passer des heures à expliquer mon cheminement, avec compassion. A tout reprendre depuis le début pour qu’on comprenne bien ce que la peur est, par essence, et pourquoi elle est aujourd’hui en partie ce qui rend notre société malade (ou du moins ce qui l’empêche de guérir). Ça me donne envie de raconter qu’autrefois j’en emportais toujours une poignée avec moi, dans le fond d’une de mes sacoches, parce que c’était normal, tout à fait rationnel, voire rassurant, d’avoir peur. Puis comment, un jour, je suis parvenue à les déposer sur le bord d’une route de campagne et je suis partie sans me retourner. Ca me donne envie à chaque fois de dire à toutes celles et ceux qui pensent que je fuis quelque chose, ô combien ils se trompent. Car quand je pars seule à vélo, je ne suis pas en cavale, je suis en voyage. Je ne m’échappe de rien, j’agrandi l’espace dans lequel je me sens en sécurité. Je ne m’en vais pas, je vais vers le monde.

Toute la bouteille que j’ai acquise maintenant en voyage solitaire – grâce notamment à Madère – est venue dégager une partie du brouillard présent dans ma tête concernant ma légitimité, mes capacités, la peur des imprévus… Mais pour me retrouver aujourd’hui dans LA zone, celle où j’ai assez de connaissances matérielles, assez de connaissances de la pratique et assez de confiance en moi, il a fallu que j’explore les extrêmes et que je fasse plein d’erreurs. Et c’est ok, peu importe ce que l’on peut vous dire, peu importe votre identité de genre.

 

Si au début les remarques m’agaçaient, aujourd’hui ça me donne envie de passer des heures à expliquer mon cheminement, avec compassion. […] Quand je pars seule à vélo, je ne suis pas en cavale, je suis en voyage. Je ne m’échappe de rien, j’agrandi l’espace dans lequel je me sens en sécurité. Je ne m’en vais pas, je vais vers le monde.

Quelques conseils à retenir dans tout ça ?

Vous vous doutez bien, si je raconte un bout de mon histoire avec le vélo, ce n’est pas par égotrip. Aujourd’hui j’ai vraiment à cœur de partager des retours d’expérience à qui a envie de l’entendre, pour espérer faire sauter des verrous que des personnes, notamment des femmes, peuvent se mettre. C’est pour ça que quand vient le moment d’apporter des conseils, je suis divisée. Si je devais m’adresser à l’ancienne Louisa qui s’apprête à partir pour Madère, je pourrais être tentée de lui expliquer la vie, de lui dire fais ci, fais pas ça, prend le temps… Mais avec le recul, ce qui prédominerait, c’est de l’encourager et de m’en tenir à des conseils techniques. Oui Madère fût une expérience difficile, qui a laissé beaucoup de marques, comme d’autres expériences bonnes ou mauvaises en ont laissé. Mais ces marques font ce que je suis actuellement. Je n’ai jamais eu autant confiance en mes capacités de “bikepackeuse” qu’aujourd’hui, car j’ai pris le risque de me faire mal à un moment, comme j’ai su m’écouter et prendre le temps à d’autres.

Alors mon conseil numéro 1, ce serait le suivant : écoutez-vous !
Prenez des conseils techniques, des recommandations à droite à gauche évidemment (par exemple, ne prenez pas d’ énormes bouquins dans vos sacoches) mais dans le but de réaliser ce que vous avez envie de faire. Des conseils qui vous éviteront de vous retrouver à pousser votre vélo pendant 4h parce qu’il est trop lourd, mais laissez de côté les faux conseils qui remettent en cause votre envie de départ (surtout s’ils vous sont donnés par un homme bland CSP+ passé la trentaine, je dis ça, je dis rien…).
Dans ce sens, je vous partage une longue liste de contenus à la fin de l’article.

Nous les nanas, on part avec un handicap de départ car on n’est pas poussées, pas supportées de la même manière que les hommes. Alors c’est vraiment de la sororité pour moi de dire ça : il est important que nos expériences se fassent, qu’on en ressorte avec des clés de compréhensions et que ça fasse de nous des femmes plus indépendantes. Je pense que c’est ce que je dirais à ma fille si j’en avais une, tout en espérant qu’à l’avenir le climat ambiant changera. Car oui, si je me mets dans la peau d’une maman qui lirait mon texte par exemple, forcément je comprendrais qu’elle me dise qu’elle n’a pas la même inquiétude si son fils part seul que si c’est sa fille qui part. Mais il est justement là le problème, ça ne devrait pas être normal. J’ai envie qu’on arrête de considérer qu’une femme seule à vélo c’est moins safe qu’un homme, car même si c’est encore vrai, c’est de toute façon moins safe d’être une femme dans la rue, d’être une femme tout court.

L’une des raisons pour lesquelles j’ai commencé à voyager seule, c’était parce que je voulais me prouver des choses à moi-même. Aujourd’hui si je continue, c’est aussi pour prouver des choses au reste du monde.

Petite (oups, grande) liste de ressources vélo-femmes-aventure etc.

Ressources bikepacking :

Films inspirants de femmes à vélo :


Comptes insta inspirants de femmes ou de groupes de femmes qui font du vélo :

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Podcasts :

  • Épisode : Les baladeurs, solo et à vélo de Bretagne en Iran, avec Isabel Del Real
  • Épisode : Ultra Talk, épisode #219 avec Caroline Prigent
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  • Chaîne (anglais) : Femme Cyclist Podcast