Erwan le Lann : la montagne et la mer

Erwan le Lann : la montagne et la mer

Erwan Le Lann fait le tour du monde avec son bateau, Maewan, véritable plateforme sportive qui emmène avec lui des athlètes pour explorer les coins les plus reculés du globe. C’est le premier « marin » à rejoindre la Rider’s Alliance de POW France, lui qui est avant tout montagnard, guide, grimpeur, alpiniste, BASE jumper. Aujourd’hui, entre deux traversées de l’Alaska au Kamtchatka ou du Japon à la Tasmanie, il revient à terre, et raconte. On l’a rencontré lors de sa dernière escale début juin.

Né à Grenoble de père breton, Erwan a toujours passé ses vacances en Bretagne, au bord de la mer, à l’Aber Wrac’h où se trouve la maison familiale et qui a été le point de départ – et d’arrivée – de son aventure avec Maewan (voir le site pour plus d’infos sur le projet). Mais jusqu’à récemment, Erwan n’était pas vraiment un marin. « Mon père était pêcheur, il a toujours eu une petite barque, mais il n’a jamais été ce qu’on pourrait appeler un marin. Moi je me suis acheté un dériveur quand j’avais 15 ans, mais il a brulé dans son hangar. »

« je voulais être pilote de chasse mais pas faire la guerre »

D’abord skieur en alpin jusqu’à l’adolescence, Erwan commence à vraiment faire de la montagne vers 16-17 ans, puis passe son bac scientifique sans trop de soucis. « Je voulais être pilote de chasse, j’ai passé tous les tests, mais j’ai été recalé à l’entretien de motivation. Ils ont probablement vu que je voulais piloter mais pas faire la guerre… »

À sa majorité, Erwan se met sérieusement à la grimpe : « j’ai compris que pour aller partout en montagne, il fallait que je sois bon en escalade. » D’abord rocher, puis glace, il devient vite assez fort et rejoint les équipes jeunes de la FFME encadrées par Christophe Moulin. Il apprend vite et bien, intégré dans un groupe d’une rare motivation. « Une des choses les plus difficiles en montagne, c’est de trouver son partenaire de cordée. » dit-il. Là ils sont tout un groupe. Il rentre dans le cursus pour devenir guide et décide un jour de quitter la fac pour se consacrer uniquement à sa passion : « J’allais en cours avec des chaussons, un sac à pof, une feuille et un crayon. »

Isafjordur, Islande, 2015 ©Bertrand Delapierre

« Ça ne me motive pas d’aller faire une croix »

Une quinzaine d’expéditions lointaines, pas mal d’ouvertures sur des 6-7000m, une première répétition du Super Couloir au Fitz Roy en hiver, le cursus n’est pas majeur, mais clairement exceptionnel. « Je n’ai pas d’escalades suffisamment remarquables pour qu’elles parlent à tout le monde, » enchaine Erwan, « et je n’étais pas assez fort pour faire des choses techniques à 8000m. » Mais en tout état de cause, ce ne sont pas les grands 8000 qui attirent Erwan, qui fuit plutôt la foule et cherche l’aventure, « Je n’aime pas suivre un topo » précise-t-il. « C’est ce qui m’a vite lassé dans les Alpes, ça ne me motive pas d’aller faire une croix. »

En escalade sur glace, Erwan participe aux premières compétitions, notamment aux coupes du monde et championnats du monde qui se mettent alors en place. Il s’occupe ensuite de l’organisation du circuit avec son compère de BASE jump Sam Baugey. Parallèlement, Erwan est embauché chez Petzl fin 2005 pour gérer les événements et le sponsoring. Son réseau de sportifs s’étend encore.

Fjord gelé au Groenland, 2015 (c)Bertrand Delapierre

« J’ai commencé à ne plus supporter l’avion »

« Je voyageais beaucoup à l’époque, partout sur la planète, particulièrement dans les zones froides. Petzl est présent dans 65 pays, et avec le Roc Trip, j’étais 8 mois par an en déplacement. J’ai commencé à ne plus supporter l’avion… »

Un voyage en Antarctique avec Mike Horn est un vrai déclencheur. Sur son bateau, le Pangaia, la lenteur est la clef du voyage. Il part d’Ushuaïa, laisse les oiseaux de terre pour rejoindre les iceberg, la richesse est dans le déplacement. Un groupe de journalistes arrive pour passer trois jours sur le bateau. Ils sont complètement déconnectés du lieu dans lequel ils se retrouvent. « Je suis rentré avec eux par avion, on a décollé, on est passés au dessus de la couche de nuages, et 5h après on a atterri à Punta Arenas. Et là je me suis dit qu’on ne peut pas comprendre le lieu dans lequel on est si on ne comprend pas le climat. »

Erwan décide alors de tout changer. Après la montagne, il a envie de découvrir la mer, avec le bateau qui lui parait le moyen idéal pour voyager lentement . « Ça m’a pris presque 10 ans, mais comme j’aime bien capitaliser sur mes expériences, de logistique et de gestion d’athlètes, d’événementiel, j’ai monté un projet «plateforme» qui allait devenir Maewan. »

Le trajet se construit naturellement, c’est le cas de le dire : « je voulais passer par l’Arctique, l’Antarctique et la Polynésie sans traverser des passages artificiels comme le canal de Panama. » C’est comme ça que le grand tour des Amériques s’est précisé, même si des attirances locales (comme le Kamtchatka) iront plus tard le modifier.

Navigation solo avec les dauphins, Océanie, 2017 (c)Maewan

« Je ne pouvais pas garder tout ça pour moi »

Le projet était très sportif à la base, et Erwan entend beaucoup des « Il n’y a que du sport? Pas d’environnemental, pas de scientifique ? » La vérité c’est qu’il n’a rien trouvé de pertinent à la base, il ne veut pas d’une « excuse environnementale ». Mais après quelque temps sur la mer, « j’ai commencé à me rendre compte de l’état de la planète, de l’intelligence de ceux qu’on appelait – et qu’on appelle encore – des sauvages, de l’empreinte que laisse l’homme sur l’ensemble de la vie terrestre. »

Erwan apprend chaque jour et se dit « je ne peux pas garder tout ça pour moi », puis « si moi, qui passe dix mois de l’année dans la nature sauvage, je ne fais pas quelque chose, alors qui? » Il prend contact avec POW et le courant passe. « Le problème c’est surtout de toucher ceux qui ne se sentent pas concernés, en utilisant le sport, la science ou les arts c’est plus facile, c’est un moyen d’ouvrir à plus de monde. »

Un regroupement de sportifs pour parler environnement lui semble logique. C’est d’ailleurs une des nouvelles missions de Maewan, transformé en aventure certes sportive, mais aussi sociale et environnementale.

Le plastique, ce n’est pas fantastique

Une des prises de conscience majeure de Erwan concerne le plastique. « J’étais au courant [des continents de plastique qui dérivent dans l’océan profond, NDLR], j’en avais entendu parler comme tout le monde, mais c’est autre chose d’avoir le nez dessus, c’est une toute autre dimension. » En plein milieu du Pacifique, à plus de 2000km de la première ville, Erwan va ainsi passer 2 jours entiers à naviguer à travers une véritable décharge. « Le plastique il y en a partout, mais à une échelle inimaginable. Les océans sont immenses, et ils sont remplis de plastique. Sachant qu’il n’y en a que 10% qui flotte, et que le reste est au fond de l’eau, on ne le voit pas. »

Au delà de ce problème majeur, depuis qu’il habite sur un bateau, Erwan a pris conscience de tout ce qui fait de la terre une planète aux ressources limitées. Le bateau en est comme un modèle réduit de la planète. « Je comprends l’effort demandé pour chacune de mes gouttes d’eau potable, pour l’énergie, pour la nourriture, la santé, le sommeil, l’usure des pièces. Le bateau c’est comme une mini terre, c’est un endroit isolé avec des ressources qui sont limitées. Sauf que c’est beaucoup plus facile de le comprendre sur un bateau que sur la planète, qui parait infinie. »

Utiliser le bateau pour l’extrapoler à la planète c’est son cheval de bataille. « Pour que les gens se rendent compte que quand ils ouvrent le robinet dans leur appartement, derrière il y a tout un effort. L’eau est puisée quelque part, aux dépens d’animaux et de végétaux, et quand on la pollue elle ne disparait pas, elle amène sa pollution jusqu’au fond de l’océan. »

La nourriture aussi lui est précieuse, comme tout le reste. Il est impensable de jeter un morceau de viande sur un bateau. « Quand on achète des tranches de jambon sous plastique dans un supermarché et qu’on en balance la moitié parce que vaguement elle a une odeur ou une couleur un peu bizarre, on oublie complètement que derrière ces tranches sous plastique il y a un animal qu’on a élevé et tué pour se nourrir. On n’a plus aucun respect pour cet animal. On est capable de préserver les bébés phoques au Groenland parce qu’ils sont hyper mignons, mais on est aussi capable de balancer de la viande d’un porc qui a été élevé en cage toute sa vie. »

Ô capitaine, mon capitaine, 2018 (c)Monica Dalmasso

La montagne et la mer : « c’est différent mais c’est pareil »

« On habite sur une terre unifiée. L’eau et l’air circulent sur l’ensemble de la planète, ils n’ont pas de frontières. Une bouteille plastique qu’on jette en montagne finira sa vie dans l’océan. L’eau polluée au sommet d’une montagne arrive polluée dans l’océan. Quand on est en montagne ou en mer, on voit la même nature. » Pas de différence donc, pour le premier athlète marin de la Rider’s Alliance. Et puis c’est de là qu’il vient à la base, ce grenoblois au patronyme breton. « Je n’avais pas grand chose à apprendre pour devenir marin, juste le maniement du bateau. » On s’étonne, mais il poursuit : « Gérer sa nutrition, regarder l’environnement, un nuage, faire attention, prévoir les choses, anticiper, ce sont des choses que l’on apprend quand on est en montagne. »

« Tu peux aussi t’arrêter en montagne, et attendre que ça passe. En mer ce n’est pas toujours possible. Globalement c’est différent mais c’est pareil. Ce sont surtout les échelles de temps qui sont différentes. Mais dans les deux milieux il y a des feeling qu’il faut écouter. »

« La ville est inerte »

Erwan ne veut pas parler de vibration, « ça fait trop chaman », mais une des choses les plus choquantes qu’il a évoquées avant qu’on ne s’asseye pour faire son portrait, c’est « la ville est inerte ». Ce retour là plus que les autres (c’est la cinquième fois qu’il laisse son bateau pour rentrer en France depuis trois ans qu’il est parti), il a du mal avec la ville. Tout ce béton, ces quelques arbres sans connexion entre eux, l’inertie sous les pieds nus comparée à la diversité des sols dans la nature, qui renseignent sur où on est.

« La ville permet certes une interaction sociale entre humains, c’est très bien mais ça ne suffit pas. La ville c’est comme une bulle, déconnectée de la nature. Alors tu laisses la lumière allumée, parce que tu as les moyens de payer la facture, et te ne te rends plus compte des efforts que ça coûte à la planète. »

 

Tempête sur Lord Howe Island, 2018 (c)Maewan

En juillet 2018, Erwan repart depuis Wellington (Nouvelle-Zélande) pour 9 mois sur son bateau. Avec des jeunes, avec des projets (transmettre des techniques de navigations ancestrales), avec des étoiles dans les yeux et au dessus de son mat. À suivre.

 

(Pour en savoir plus et suivre le trajets de Maewan, connectez-vous sur maewan.com)

Liv Along the Way : la vidéo!

photo: Mathis Dumas

En 2017, Liv Sansoz (de la Riders Alliance) s’est lancée dans un beau projet, celui de grimper les 82 sommets de plus de 4000m des Alpes.

Comme à la maison

Un joli défi partagé avec une vingtaine d’amis proches. Pour Liv il était important de montrer que l’on pouvait vivre des moments incroyables, magiques et transformants « à la maison » sans prendre l’avion ni parcourir la moitié de la planète.

En étant un peu curieux et amoureux de la montagne, on découvre qu’il y a mille et une choses fantastiques à faire autour de nous. Et puis, un peu en clin d’oeil aux pionniers, Liv n’a utilisé aucune remontée mécanique, partant systématiquement des vallées à pied pour atteindre les plus hauts sommets de l’arc alpin. Une aventure à découvrir ci-dessous dans ce superbe épisode de la Salomon TV :

Plus que 2 sommets

« Il me reste la blanche de Peuterey et le grand pilier d’angle, » nous dit Liv, « du coup je vais faire l’intégrale de Peuterey car ces deux sommets se trouvent sur cette même arête qui finit au Mont Blanc. Il me faut quatre jours de météo hyper stable, un peu moins de neige sur la noire de Peuterey. Donc si il ne neige pas en juin, et qu’on a 4 jours je ferai cela en juin… »

À suivre…

Sam Favret intègre la Riders Alliance

Le skieur chamoniard Sam Favret rejoint POW France

Grand copain du snowboardeur Julien «Pica» Herry (membre historique de la Riders Alliance) avec qui il partage une passion pour la pente raide et les montagnes autour de Chamonix, Sam est un skieur complet.

En bon enfant de Chamonix, il a appris le ski avant de savoir marcher, et il est devenu une des valeurs sûres du «freestyle backcountry», remportant notamment le Linecatcher en 2013, avant de s’engager de plus en plus en haute montagne sur des lignes bien raides ou avec des acrobaties dans le coeur même des glaciers (Le fameux Ice Call filmé avec PVS pour le Backyard Project).

 


Aujourd’hui Sam Favret rejoint les rangs de la Riders Alliance, on le retrouve bientôt en interview sur ses motivations. Pour l’heure, il est au Pakistan sur un projet pente raide dans le Karakoram avec Pica, on en reparlera tout bientôt…

En attendant retrouvez le sur son instagram @samfavret.

Erwan le Lann : la montagne et la mer

POW France à Davos

Nous étions présents à Davos avec notre envoyé spécial Antoine Pin qui avait réussi à faire participer notre athlète Hilaree O’Neill à un panel de discussion comprenant également Al Gore et Christiana Figueres. Antoine raconte l’expérience.

Ce voyage à Davos était incroyable tant au niveau pro que perso. Le trajet de train en lui même est impressionnant, c’est une sensation assez intense de voyager au milieu de ce paysage montagneux magnifique pour aller présenter notre vision de la défense du climat et de nos hivers dans un des cadres les plus formels au monde.

Une chance folle pour moi de rencontrer Hilaree O’Neill en personne [voir sa présentation sur son site internet], une athlète passionnée et passionnante, ultra accessible, et tellement sympathique. Il nous a fallu un peu de temps pour réaliser ce que nous étions venu faire là, mais une fois qu’on a pris le temps de revoir ses notes, d’étudier un peu plus qui étaient les participants au panel à ses côtés, on était vraiment prêts.

La discussion en elle même a été un moment assez surprenant. Je n’aurais jamais pensé me retrouver “en live” dans une audience face à Al Gore, qui nous a fait une présentation [de 2:00 à 28:00 dans la vidéo] très formelle pour introduire le sujet du panel. Intéressant et utile, mais reposant beaucoup sur des chiffres et quelques images choc, peut être pas le plus accessible pour le grand public.

Une fois le débat commencé [29:00 dans la vidéo], la discussion a très vite tourné autour des émotions de chacun des participants. Et cela a été pour moi un vrai plaisir de réaliser que ces “experts” dans leur domaine respectif étaient avant tout des humains qui s’engagent principalement parce qu’ils ressentent au plus profond d’eux même que c’est la chose à faire. Pas pour la science, pas pour la gloire, mais pour la justice entre les peuples, et en réaction à une situation qui les touche au plus profond de leur être. Loin du sentimentalisme vide de sens qu’on aurait pu craindre, ce sont au contraire des témoignages honnêtes et intègres auxquels j’ai assisté, et ca faisait du bien!

La réception du public a été incroyablement positive, notamment à l’intervention d’Hilaree en particulier. [à 42:35 dans la vidéo]. Elle a partagé notamment son expérience avec les chasseurs de l’Île de Baffin, et comment les changements climatiques affectent la migration des caribous et la vie des ours polaires. Ces changements affectent ensuite la façon dont les chasseurs pratiquent leurs activités, et mettent en périls des traditions millénaires, en plus de la survie de ces espèces et de ces populations humaines. Elle a également parlé du manque de neige dans sa ville, Telluride (Colorado), et comment l’absence totale de neige cette année met en danger l’économie de la région! Hilaree a également remarqué que l’élection de Trump a permis de réunir et renforcer la voix de tous les acteurs du combat contre les changements climatiques.

Pour le reste Hilaree m’a envoyé le message suivant une fois que tout a été fini: Thanks Antoine! Seriously it was a major life event for me. Incredibly surreal.I really hope it amplified our voice in some positive ways.

Erwan le Lann : la montagne et la mer

Meet Our Riders : Coline Ballet-Baz

photos ©: David Malacrida

Originaire de Vienne (Isère), Coline « Coco » Ballet-Baz a déménagé à Grenoble à 17 ans pour commencer ses études à Sciences-Po (et surtout skier!). C’est à ce moment qu’elle attaque vraiment le ski freestyle, avec des amis et des structures étudiantes comme l’EGUG. Ses études terminées depuis deux ans, elle est restée à Grenoble et skie à plein temps, une vraie pro qui finira peut être aux JO, et une recrue de choix de la POW Riders Alliance.

POW : Peux tu nous parler de ta « carrière » dans le ski?
Coline Ballet-Baz : Mes premières réalisations dans le ski se sont plutôt situées du côté de la vidéo, avec Mathieu Mazuel au filming / montage, puis j’ai eu la chance de participer au Nine Queens et d’intégrer l’équipe de France de slopestyle en 2013, suite à quelques résultats sur le SFR Freestyle Tour en France. Cette année c’était ma première saison complète de compétitions internationales, et je finis 3ème du circuit 2017 de coupes du monde slopestyle. La saison s’est de plus finie en beauté sur une victoire aux 9 Royals à Watles en Italie, mon évènement préféré !

Qu’est ce qui t’a poussée à rejoindre POW?
Pour moi l’un des plus grands combats à mener aujourd’hui concerne la préservation de la nature, car la planète est notre habitat, et de trop nombreux être vivants souffrent déjà de la pollution et du réchauffement climatique. POW est une association engagée dans la protection des milieux de montagne, qui sont un élément clef de l’environnement, c’est pourquoi je suis heureuse de participer à leurs actions, et de pouvoir en apprendre plus sur les différentes actions possibles auprès d’eux.

Pour toi quel est le plus gros changement dû à l’effet de l’homme sur le climat dont tu as été témoin ces dernières années?
Pour nous qui sommes proches des montagnes, le changement le plus visible ces dernières années fut le manque de chutes de neige, et des hivers de moins en moins froids. L’hiver dernier en a été l’un des exemples les plus flagrants, avec très peu de précipitations, qui de plus étaient souvent suivies d’un réchauffement des températures, le pire scénario pour la qualité de la neige. En montagne, la fonte alarmante des glaciers est un des autres exemples flagrants du réchauffement climatique.
En tant qu’habitante Grenobloise, j’ai aussi été témoin des pics de pollution dans la ville, et de la présence d’un nuage de particules quasi constamment au dessus de la métropole, bien visible quand on monte en montagne.

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Quelle sont les initiatives les plus intéressantes que tu as pu voir en station ou en montagne pour réduire notre contribution au changement climatique? 

Ce sont souvent les plus simples, qui vont de la distribution de cendriers de poche au ramassage des déchets, en passant par la mise en place d’un solide réseau de transports en commun. Pour moi l’aide à l’agriculture locale et respectueuse de l’environnement est également l’une des clefs de la lutte contre le réchauffement climatique, car elle permet aux habitants de manger des produits sains, qui n’ont pas fait le tour de la planète pour arriver dans leurs assiettes.

 

 

Comment fais tu pour conjuguer une vie de skieurse professionnelle (voyages en avion etc.) avec un mode de vie durable?
En effet durant la saison on passe notre temps à voyager, ce qui n’est certainement pas la façon la plus écologique de passer son hiver ! Mais j’essaye de compenser au quotidien par de petites actions, comme faire un maximum de covoiturage, consommer local quand je rentre à Grenoble, ou éviter d’acheter des produits de consommation inutiles, qui vont finir dans les placards. Je me dis que j’ai une dette écologique, qu’il faudra que je rembourse plus tard!

Que peuvent faire les athlètes pour encourager les gens à s’intéresser et à s’engager en faveur de l’environnement?
Les athlètes ont une voix qui peut porter un peu plus loin que la normale, c’est pourquoi ils peuvent l’utiliser pour véhiculer un message écologique, et bien sûr montrer l’exemple autant qu’ils le peuvent. La préservation de l’environnement n’est pas encore une priorité pour la majorité des personnes, et selon moi une prise de conscience générale sera déterminante dans la lutte contre le changement climatique, il faut qu’elle devienne une évidence pour la plupart des personnes. Si les athlètes peuvent aider à cette prise de conscience, c’est ça de gagné !

Tu fais quoi cette saison?
Je vais suivre le circuit coupe du monde slopestyle qui commence fin novembre avec une coupe du monde en Autriche, dans l’optique de me qualifier pour les JO qui auront lieu en février 2018 !

Un dernier mot ?
Notre planète est un tout, et la protection de l’environnement est liée à plein d’éléments de notre quotidien: mutualiser les transports et les ressources, manger plus sain, retrouver un mode de vie plus naturel… Pour moi si les pouvoirs publics et les citoyens font de l’écologie une priorité, cela pourrait entraîner un cercle vertueux de mesures qui seraient bénéfiques pour tout le monde, à la fois au niveau social, économique et environnemental. C’est pourquoi la lutte contre le réchauffement doit devenir une priorité, et un grand merci à POW d’oeuvrer dans ce sens avec autant de motivation !

 

 

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Erwan le Lann : la montagne et la mer

Down to earth – with Caroline George in Iceland

Caroline George is a pro athlete in the POW Riders Alliance, mountain guide, yoga instructor and mom, and recently took part in the Down to Earth expedition, together with fellow POW athlete Lexi Dupont. Here she talks about her experience on the first leg of their voyage, in Iceland.

Texte : Caroline George / Photos : Gabe Rogel & HP Gubler

Iceland, 2007: “What ?! we need to carry our skis to reach snowline ? “10 years ago, snow no longer reached the valley floor in April, even though we were so close to the Arctic circle. And already, we blamed that on global warming and its impact on our winters.

Fast forward to April 2017: Ten years have passed and we are experiencing the same scenario. It’s warm, too warm. A very warm wind is blowing down the mountain side, much like the Foehn in the Alps, or the Shinook in America. We are quite literally watching snow melt away. We are greeted by rain on our summits. This year, the regular weather patterns have shifted: it snowed to the southwest rather than to the northeast – a rare event in Iceland. On sunny days, it is so warm that we longingly eye the shimmering sea down below, and dream of skiing straight into the ocean to cool off from the relentless heat.

I was amazed at the temperature in Iceland this year throughout my two weeks of skiing and guiding there. I started by exploring the Isafjordur region with the Down to Earth expedition to raise awareness about global warming in the Arctic Circle area. As Iceland’s northernmost point is only 5 kilometers south of the circle, the Westfjords of Iceland was an excellent base for this project created by American Waldorf teacher, Michaela Precourt.

The goal of this project is to travel and ski in countries close to the Arctic Circle and show children how global warming impacts nature, ecosystems, economy and culture in countries closest to the melting ice sheet of Greenland, as what happens there will impact greatly the rest of the planet: rise of sea levels, changes in weather patterns, droughts, shortage of drinkable water, etc, which will in turn have of important economic, political and environmental consequences. We also wanted to talk to locals and see how they were being impacted and how their local government is responding to climate change.

Our goal was to have an adventure with a minimal global footprint. Though traveling by plane does not match this vision, there is no other way to show what is happening there without actually traveling to these remote areas. We need to remain realistic in how we approach global warming and what we can do to change our habits without making it so constraining that you won’t want to pursue your resolutions.

For example, I love to travel because I get to experience other cultures, see how the environment is changing over time in different places, taste different food, learn and so much more. And I can only experience that by going there. But once at home, I change my habits by choosing to ride my bike or the train to commute whenever possible; I can choose to train closer to home to minimize my footprint; I can choose to buy more local, reduce of consumption of meat, use an energy efficient car (note to self, I need to change my car!).

To lower our footprint on this trip, we chose to limit the use of cars, preferring to walk whenever possible or carpool with as many people and as much gear as possible in one car when we needed to drive to ski. We decided to abide by the 100 mile diet guidelines and only eat local or Icelandic products, excluding all imported goods. We soon realized how difficult of a mission this was, between dealing with people’s food intolerances, needs, diets, preferences, etc, and what was available. We soon realized that options were pretty limited to fish, potatoes, carrots, lamb, cheese and bread since vegetables mostly grow only in the southern part of Iceland, so we expanded the circle to the whole island.

Eating habits are hard to change, but luckily, it was only for a week. After exploring the lines around Isafjordur, we embarked on a sailboat to ski from the boat. We tried to use only sails to navigate, but the engine proved indispensable in some places. To reach shore, we sometimes used Stand Up Paddle Boards when the sea was calm, but when the sea was too strong or when it was raining, or, god forbid, when we were too lazy (!!!) we used dinghies. The shores offered us several magical meals made of different kinds of algae and mussels that we harvested for the evening meal; a delight that we had the luxury to have thanks to the knowledge of the boat’s skippers who knew which algae was edible. I’m not sure I could forage in my backyard and create such a beautiful local meal if they came to visit my hometown! When, why and how did such a heritage of local knowledge about our surroundings get lost in our culture?

We had an immensely eye-opening and educational visit with the only fishmonger within a 400km radius of Isafjordur. To him, the drift of our society and its consequences – global warming – is mainly due to the fact that we lost our understanding of knowledge about nature, how to live with it, adapt to its pace, feed from it and be in harmony with it. We do not need much and nature offers us everything we need to live. Today, children are playing less and less outside, preferring technology, but when there is no electricity, how will they know how to survive? They will have everything they need around them, but will be unable to distinguish what is edible or not, unable to fish or hunt. They will have gained knowledge from books, without experiencing the content for themselves.

This fishmonger comes from a long line of fishmongers in this village. He learned his trade from his ancestors, but also all the secrets of nature around him: fish cycles, their migrations, their interaction with their ecosystem and the impact of climate change on their way of life. In his youth, he could jump from one roof to another as there was so much snow in town but this year, he only had to shovel twice! On the map, he pointed to the few kilometers of fjord that separated Isafjordur from the coastline on the other side and explained that he could skate from one side to the other.

Now it only freezes once a year and the ice never gets thick enough to venture into it. The temperature of the sea has increased by 1.5 degrees since last year in the Arctic circle! Fish feel that the water is warmer and species begin to migrate farther north to cooler waters and it is possible that in a few years, Icelandic fish will be found in Greenland’s Danish waters, thus belonging to the European Union. This will create major political disputes over fish ownership. But also, this will have an impact on the local economy and on the ecosystem as other fish will come to populate these warmer waters. Also, the melting of the ice cap may accelerate this process as the fresh melting ice-water sinks to the bottom of the sea and raises the warmer water to the surface. According to predictions, the north of the globe will warm up, accelerating the melting of the ice cap and thus the rise of the waters – up to 7metres! – while Europe is going to experience a period of cooling.

Our friend the fishmonger finished our conversation with these words: the best knowledge we can acquire is to know how to live with nature and to limit ourselves to consuming what we need. There is no need to go back in time as we are lucky to live in this era, but we have lost our connection to nature and finding a middle ground could enable us to mitigate the damage caused, and even find ways to end some of the negative impacts of our current ways of living. To this end, we must bring awareness to the way we consume and work on modifying the habits we can change.

Small list of ideas:

  • read labels and avoid buying food containing palm oil or genetically modified products
  • eat local to avoid the transportation of products in the world, which has a huge carbon footprint
  • limit our consumption of meat to certified organic meat. Methane emissions from cows’ indigestions have a significant impact on the ozone layer
  • buy cars that consume as little fuel as possible
  • turn off the lights in the house
  • an electric bike is the compromise between taking a bike or taking the car
  • cleaning products pollute soil and water – choose green products.