La réimperméabilisation de ses vêtements de ski

par Victoria Guihard (de la Green Session) et l’équipe de POW

On aurait bien sûr adoré pouvoir se rouler dans la neige jusqu’à la fin du mois d’avril, mais la situation inédite et les mesures restrictives que nous devons appliquer en ont décidé autrement. Profitons donc du temps qui nous est imparti pour chouchouter notre équipement en vue de la saison 2021.

Car on a dû ranger notre matériel de ride dans un carton entreposé au fin fond du garage, et l’estivation commence pour nos vestes, pantalons, skis ou snowboards. 

Mais avant de faire une croix dessus, on peut ressortir les vêtements pour en prendre soin, surtout si notre équipement prenait un peu la flotte dernièrement. 

Car avant de vouloir changer nos vieilles fringues de ski, il existe une solution bien meilleure pour la planète et bien moins chère par-dessus le marché : la réimperméabilisation (maison). Car garder ses vêtements de ride 9 mois de plus permet d’économiser 30% de leur bilan carbone.

Prendre soin des vêtements outdoor est essentiel pour permettre de rallonger leur durée de vie et leurs capacités techniques. La chaîne de vélo, on la graisse pour éviter de dérailler ? Et bien là c’est pareil. Bon pas avec de la graisse, d’accord : en les lavant, ce sera bien suffisant.

Sommaire
Les bases de fonctionnement des vêtements outdoor
Les étapes de réimperméabilisation
Le lavage et le séchage
Le renouvellement du traitement déperlant
Comment être sûr que le traitement a bien marché ?

Les bases de fonctionnement des vêtements outdoor

Pour en comprendre le principe, il est intéressant de revenir sur le fonctionnement des textiles outdoor. La veste de ski, ou hardshell, est un vêtement de protection contre les aléas extérieurs. Elle est donc d’un côté imperméable, et de l’autre, respirante. C’est également la troisième et dernière couche du « système des trois couches » (voir cet article Comment ne pas avoir froid au ski ? La technique ultime).

Le rôle de cette veste (tout comme celui du pantalon) est donc de maintenir au sec sans faire suer à grosses gouttes à l’intérieur. Pour ce faire, cette veste se compose d’une membrane dite « imper-respirante » (imperméable ET respirante) calée en sandwich entre le tissu extérieur et la doublure intérieure. 

Elle permet donc, d’évacuer la transpiration vers l’extérieur tout  en empêchant l’eau de s’infiltrer à l’intérieur en la laissant glisser sur le tissu. D’un point de vue technique, on visualise sur la membrane des espaces microscopiques qui, d’une part laissent s’évaporer l’eau sous forme de vapeur (la sueur), et d’autre part empêchent l’eau sous forme de gouttes de s’y infiltrer. L’efficacité imperméabilisante de la membrane est renforcée par l’ajout d’un traitement déperlant – aussi appelé Durable Water Repellent (le fameux « DWR ») – qui permet d’empêcher toute absorption d’eau sur le tissu externe de la veste. En langage simple, on dit que l’eau « perle » sur le tissu. 

Sans l’application de ce traitement déperlant, un vêtement peut perdre jusqu’à 70% de ses capacités respirantes par temps humide.

Cependant, le temps et l’usure ont bien souvent raison de l’efficacité de ce traitement. Au  fur et à mesure de son utilisation, le vêtement prend l’eau et les pores de la membrane finissent par se boucher, conduisant à un effet sauna à l’intérieur, et extérieurement on est trempé. 

Mais l’heure n’est pas encore aux funérailles, notre équipement peut bien tenir le choc à condition de le réimperméabiliser. 

Les étapes de réimperméabilisation 

Le lavage et le séchage

Dans un premier temps, il suffit simplement de laver les vêtements en machine à 30° sur programme délicat. C’est peut-être tout bête, mais le nettoyage permet d’éliminer les particules qui s’accumulent au fil du temps, risquant de boucher les pores de la membrane. La meilleure chose à faire est donc de laver de temps à autre ses vêtements pour assurer la longévité de la déperlance.

Toutefois, on fait attention à ne pas utiliser n’importe quelle lessive (et encore moins se servir d’un adoucissant), afin d’éviter la présence éventuelle de résidus sur la surface de la membrane. 

On préconise l’utilisation de lessives adaptées aux vêtements techniques à base d’agents minéraux et végétaux, sans aucun adoucissant ni assouplissant. La NST Wash (marque française) en est un bon exemple, tout comme la Tech Wash de Nikwax

Les produits nettoyants de ces marques ne contiennent pas de solvants, ni d’agents toxiques pour l’humain et l’environnement. Elles sont toutes deux respectueuses de l’environnement sans altérer la qualité et l’efficacité des produits. 

On passe ensuite les vêtements au sèche-linge à basse température et sur programme court. 

Ces deux étapes devraient, normalement, réactiver le traitement déperlant et assurer à nouveau une bonne imperméabilisation. 

Le renouvellement du traitement déperlant

Pour être certain de mettre toutes les chances de son côté, on peut en dernière étape du processus, renouveler le traitement déperlant avec un produit spécifique soit par pulvérisation, soit à l’aide d’un imperméabilisant à diluer en machine. A choisir, on préfère le traitement en machine, question d’efficacité. 

Là encore, les marques citées plus haut proposent toute une gamme de produits réimperméabilisants sans PFC (une famille de molécules cancérigènes que l’on retrouve bien trop souvent dans les produits et vêtements outdoor).

Comment être sûr que le traitement a bien marché ? 

Une seule réponse : le test de la goutte d’eau. En versant un peu d’eau sur la veste ou le pantalon, on saura si nos efforts ont payé. 

Si l’eau perle et roule sur la surface du tissu, cela signifie que le procédé a été concluant. En revanche, si la goutte d’eau est absorbée par le tissu, l’imperméabilité laisse encore à désirer. 

Dans la majorité des cas, la réimperméabilisation donne de très bons résultats.

L’expérience étant maintenant terminée (et validée), on voit que l’entretien régulier de nos vêtements de ski,  primordial pour leur assurer une vie longue et paisible, ce n’est pas si compliqué, et ça ne prend pas beaucoup de temps ni de ressources!

L’idéal c’est de laver veste  et pantalon de ski/snowboard deux fois par an avec une lessive spécifique et de les réimperméabiliser au moins une fois par an.

Et pour finir,  avant de se lancer dans cette réimperméabilisation, une vidéo récapitulative et plutôt sympa signée NST (parce que les images, ça parle bien en général) : https://youtu.be/lc9ocQHDefw