Bonjour Chloé ! Pour commencer, peux-tu te présenter rapidement ?
Bonjour ! Je m’appelle Chloé Trespeuch, je suis en équipe de France de Snowboard Cross, double médaillée Olympique, et je suis co-fondatrice et présidente de l’association environnementale Ecoglobe.
Tu as décidé de t’engager de manière professionnelle sur les questions environnementales, en co-fondant Ecoglobe. Est-ce que tu peux nous parler de ton engagement et de ton projet ?
Oui, alors j’avais vraiment cette sensibilité pour la nature, pour l’environnement. Je voulais essayer de donner du sens aussi à ma pratique du sport de haut niveau, à cette petite notoriété, visibilité qu’on a au travers du sport. On a donc monté cette association en famille parce que c’était un sujet qui nous rassemblait, pour agir et sensibiliser – les jeunes la plupart du temps.
Je fais quelques interventions dans les écoles pour juste en parler, ouvrir le débat et surtout rendre ce sujet accessible à tous : communiquer sur le fait qu’il n’y a pas que les gens “parfaits” d’un point de vue environnemental qui doivent porter ce sujet ou agir. C’est quelque chose qui est accessible à toutes et tous et surtout qui doit être encouragé par tout le monde.
C’était aussi l’idée d’organiser des événements autour du sport et de l’environnement. Je trouve que ces deux milieux sont hyper liés. En fait, il n’y a pas de sport sans environnement. L’environnement et la nature font partie de notre bien-être, tout comme le sport.
L’idée c’était de lier les deux, de créer des événements sportifs avec le côté sensibilisation intégré. Parce que je pense qu’on apprend mieux quand on fait quelque chose de ludique, que l’on aime. Voilà un peu les projets d’Ecoglobe. On veut vraiment rendre ces sujets là accessible et essayer d’éduquer cette jeune génération qui est encore flexible et qui a le pouvoir de changer les choses.
Ce qui rapproche ce projet de Protect Our Winters France, c’est le côté communautaire, cet aspect collectif et la volonté d’agir ensemble. C’était important pour toi d’intégrer cet aspect communauté pour parler de ces questions-là ?
Oui, parce que justement le but c’est qu’on soit de plus en plus à s’intéresser profondément au fait de vouloir évoluer, que ce soient des petites ou des grandes actions. C’est vraiment l’idée de faire passer le message au plus grand nombre tout comme le fait POW. C’est ce lien entre les deux qui m’a motivée à participer à ce projet.
On pourrait voir venir dans le futur des collaborations entre les deux associations alors ?
Je pense que ce serait trop bien. Unir nos forces pour augmenter encore le message et cette sensibilisation !
En tant qu’athlète, tu fais partie de la Fédération Française de Snowboard. Comment est-ce que tu ressens cette problématique au sein de la Fédération ?
Cette année je suis contente, car les sujets sont de plus en plus abordés. Ça part de mauvais exemples, comme Pékin. Mais l’avantage de ces mauvais exemples, c’est que ça donne une idée de ce qu’on ne veut pas reproduire. C’est vraiment ce que j’ai vu avec Pékin. Alors c’étaient les Jeux Olympiques, en tant qu’athlète j’y allais pour la performance. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avant d’y aller sur place. Et j’ai constaté tout ce qui n’allait pas. Je pense que c’est notre rôle de faire remonter les infos, de faire bouger les choses par la parole, par l’ouverture du débat, par le fait d’en parler dans les médias. Faire en sorte que ça devienne un sujet qui est évoqué de plus en plus souvent : prendre les mauvaises choses, pour ne pas les reproduire.
Je crois vraiment en une évolution positive, déjà avec Paris 2024 – où l’on voit que ces sujets sont mis au coeur du projet, alors qu’avant c’était plus une idée de com’ qu’on rajoutait. Là, on essaie de le mettre au coeur des réflexions, de construire les choses autour. Donc je crois qu’on part sur de bonnes bases et, le fait que ce soit de plus en plus évoqué dans les discours, dans la volonté d’agir, je crois qu’on va dans le bon sens. En tant qu’athlète je suis hyper touchée par ces sujets. J’ai vraiment envie que notre sport – comme tous les autres domaines – évolue, que les calendriers évoluent, qu’on prenne moins l’avion. Qu’on aille toujours dans des endroits qui ont un climat adapté. C’est le cas des prochains Jeux Olympiques qui seront en Italie. C’est déjà des choses qui redonnent le sourire, après trois Olympiades où l’on a pas choisi l’endroit par rapport à son adéquation en terme de climat. Sotchi, PyeongChang, Pékin – on voit que les sujets environnementaux n’ont pas été pris en compte.
Donc notre rôle c’est d’en parler, d’essayer de sensibiliser et faire changer les choses.
Tu parlais du calendrier. Nous on a communiqué justement sur le fait que les équipes de France sont allées en Amérique du Sud pour s’entraîner, sans pointer du doigt les athlètes, mais en questionnant ce calendrier.
Est-ce que vous, en tant qu’athlètes au sein de fédérations, vous avez la place de faire remonter ces sujets là ?
Oui on peut. Mais on est aussi vraiment à la recherche de performances. Si on refuse d’aller s’entraîner en Amérique du Sud, on ne peut pas espérer briller cet hiver sur les Coupes du Monde. Parce que les Américains, les Canadiens, les Italiens vont s’entraîner.
Donc on est toujours partagés entre l’objectif, puisque c’est notre métier d’être performants, et notre sensibilisation environnementale. C’est délicat, il faudrait que ce soit des décisions qui soient prises à l’international par la FIS par exemple. Afin que ce ne soit pas l’athlète, l’individu, qui prenne la parole, qui se prive d’un stage d’entraînement – et que cela impacte toute sa carrière et son métier.
C’est ce qui est difficile dans l’écologie et l’environnement : il y a plein de choses à faire en dehors du fait de priver les gens de leur métier. Ce n’est pas ce dont j’ai envie en tant qu’athlète, qu’il n’y ait plus de sport professionnel parce qu’on prend trop l’avion.
Je pense que l’on peut progresser. Je pense aussi que le sport a une place importante dans la vie des gens. En tant qu’athlètes professionnels, on essaye de partager les valeurs du sport. Il faudrait améliorer nos sports, tout en gardant en tête la performance.
On peut questionner des choses : il y a la manière d’exploiter les pistes, on voit que le domaine skiable de France essaie de trouver des solutions pour amoindrir l’impact aussi. Il y a des évolutions avec les dameuses à hydrogène qui viennent, le ralentissement des remontées mécaniques. On voit que tout le monde se questionne, c’est ça qui est intéressant – c’est de voir l’évolution.
Après, c’est sûr que tout prend du temps et on pourrait aller beaucoup plus vite. Mais déjà l’idée de l’évoquer à toutes les réunions, d’avoir des athlètes ambassadeurs qui portent ce message auprès des instances – je crois que ça va bouger.
Merci Chloé ! Un dernier petit mot ?
Juste merci pour ce projet ! C’est super cool d’impliquer les athlètes, d’ouvrir la voie et de lier le côté artistique et le message. Je pense que c’est vraiment intéressant, quand il y a de l’émotion, le message est plus fort, on le voit avec le sport. Je crois que l’art et les belles photos peuvent transmettre des émotions. Donc le message sera fort.