Notre communauté a du talent Laura et son travail chez Fifteen

Aujourd’hui on donne la parole à Laura, bénévole chez POW depuis un long moment, qui nous parle de son travail chez Fifteen : un acteur important du vélo, que vous ne connaissez pas forcément de nom mais qui se cache derrière des choses que vous avez peut-être déjà utilisées pour beaucoup d’entre vous !

Peux-tu te présenter et présenter rapidement ce que c’est Fifteen ?

Je m’appelle Laura et je travaille pour la société Fifteen en tant que Sales Manager France depuis Annecy où j’exerce en télétravail. Fifteen conçoit et fabrique des services vélos pour les collectivités, on a notamment développé un système de stationnement et de recharge de vélos électrique en libre service assez avant-gardiste. Nous sommes les leaders en Europe dans la conception de services vélos, avec des références sur tout type de villes, des grandes métropoles comme Paris Vélib, Le Vélo à Marseille, à l’international comme à Vancouver ou Helsinki, et dans pas mal de villes moyennes comme Epinal, Vichy, Avignon, Auxerre, où nous avons de superbes résultats d’usages. La mobilité urbaine, notamment à travers des solutions innovantes et écologiques, est au cœur de mon travail quotidien.

Parallèlement à mon activité professionnelle, je suis bénévole pour l’association Protect Our Winters (POW). Cette organisation rassemble les pratiquant·es de sports outdoor qui partagent la même passion pour la nature et l’environnement, avec pour mission de lutter contre le changement climatique et de préserver ces espaces fragiles qui souffrent en première ligne du dérèglement climatique. En tant qu’amoureuse de la montagne, je m’engage à protéger les paysages que j’aime tant, tout en sensibilisant d’autres passionné·es aux enjeux climatiques. Et comme notre fer de lance c’est la mobilité en montagne, ça rejoint complètement mon activité professionnelle sur un autre spectre !

 

Quand tu parles des villes où vous êtes présents et des résultats que vous avez qui sont hyper positifs, est-ce que tu pourrais nous partager quelques exemples différents de villes et quelques chiffres ?

Oui ! Pour se donner un ordre d’idée, je prends 3 exemples bien différents. 

Avignon, Vélopop = c’est 300 vélos en libre-service avec un lancement en juillet 2024
– On a déjà 7250 usagers uniques soit un équivalent de 7,8% de la population
– 90 000 trajets
– 280 000 km parcours
– 30 000 kg de CO2 évité

Auxerre
Auxerre est intéressant car c’est petite ville avec un service adapté, qui s’appelle Aux’R’M.
On propose des vélos en libre service courte et longue durée, directement en station ! Un usager peut souscrire à une offre de LLD à n’importe quelle heure en autonomie dans la rue. On envoie un petit kit de bienvenue à chaque souscription pour que l’usager puisse charger son vélo à la maison !
On compte 320 vélos en libre-service et 43 stations.

Marseille
En 2022 nous avons remplacé la flotte de vélos 100% mécaniques, en passant à une flotte 100 % électrique : les usages ont été multipliés par 2,5 sans augmenter le nombre de vélos (2000 en tout).
– Marseille c’est colossal, il y a 50 000 trajets par mois avec LeVélo
Depuis son lancement c’est:
– 180 000 usagers
– 5 282 576 trajets
– 16 427 244 km parcours
– 1 097 780 kg de CO2 évités

Proposer des vélos électriques peut sembler contre-intuitif d’un point de vue écologique, mais c’est en réalité bien plus efficace que d’offrir des vélos mécaniques, et ce pour plusieurs raisons :
– Un vélo électrique remplace 3 à 4 fois plus de trajets initialement effectués en voiture qu’un vélo mécanique
– Il touche un plus large public, y compris ceux qui ne sont pas habitués à faire du vélo, en leur offrant une alternative crédible à la voiture
– Les vélos électriques sont plus inclusifs et accessibles à une diversité d’usagers
– Ils permettent d’effectuer des trajets plus longs (en distance, pas vraiment en temps)
– Ils sont particulièrement adaptés aux déplacements domicile-travail

Cependant pour que ces avantages aient un véritable impact écologique, il faut remplir certaines conditions : le vélo doit être éco-conçu, et ses batteries doivent être durables, c’est-à-dire robustes, réparables et recyclables. Chez Fifteen, nos vélos sont conçus en France à Vanves, assemblés dans les Hauts-de-France, et les batteries sont fabriquées, réparées et recyclées à Clermont-Ferrand.

Est-ce que vous êtes présents dans des villes de montagne ? Si non, pourquoi ?

Non pas vraiment, on ne cible pas spécifiquement les territoires de montagne, en raison de divers défis opérationnels (comme la décharge rapide des batteries due au froid, les sols glissants en hiver, la neige, etc). Ceci dit, je serais ravie d’échanger avec des élus de territoires de montagne pour explorer et approfondir ces enjeux si certains nous lisent !

Sans rentrer dans trop de technique, mais vous rentrez en contact avec qui exactement quand vous voulez intégrer votre service à une ville ? Est-ce que quelqu’un qui lira l’article et qui vit dans une ville où il n’y a pas de services vélos peut par exemple envoyer un message à sa mairie pour parler de vous et demander que l’arrivée d’un service du genre soit étudié ?

Oui avec plaisir, chaque collectivité a un service mobilités ou transports. Il ne faut pas hésiter à leur soumettre l’idée. Je pense que c’est même une très bonne chose d’avoir des initiatives citoyennes sur ces sujets-là ! 

Est-ce que tu as de la visibilité sur le nombre de villes qui ont un service Fifteen ou similaire, ça peut être pertinent de voir la marge qu’on a encore !

En France, il y a eu le recensement suivant en 2022*:
– 74 services vélos en libre-service (VLS)
– 271 service de location longue-durée (LLD)
*Chiffre établi d’après le recensement effectué par l’Union Sport & Cycle en 2022
Les territoires ne cessent de s’équiper, donc c’est difficile d’avoir une vision exhaustive à ce jour ! Mais si vous n’avez rien dans votre ville, tentez le coup !

C’est quoi la plus petite ville où vous êtes installés et est-ce que c’est une démarche de votre côté d’intégrer des villes encore plus petites ?

Il est vrai qu’il fut un temps où les services vélos étaient principalement destinés aux grandes villes et métropoles. Aujourd’hui, c’est impressionnant de constater à quel point les vélos se sont durablement implantés dans des territoires plus petits, moins denses et plus ruraux ! Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que ces zones sont souvent celles où un service vélo a le plus d’impact. En effet, ces territoires manquent parfois d’alternatives en matière de transports en commun, et un service de vélos devient alors une véritable solution pour les déplacements du quotidien. Fifteen a largement contribué à cette tendance, notamment depuis le lancement en 2020 de ses stations ultra-compactes, qui sont très abordables et faciles à installer, même pour des collectivités avec un budget limité. La plus petite ville où nous sommes implantés est Landerneau en Bretagne, qui compte 15 700 habitants, et environ 30 % de la population utilise ou a utilisé le service !

Plus personnellement, est-ce que tu peux partager quelques mots sur ton engagement chez POW ? Est-il complémentaire à ton travail ?

Mon engagement chez POW me permet d’explorer une autre facette de la lutte pour le climat, et de m’entourer de personnes qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes craintes que moi. Nous nous sommes organisés en un réseau assez intéressant dans chaque région de France et il commence à y avoir une jolie communauté à Annecy. On s’inspire les uns les autres ! Si chez Fifteen, je me concentre sur la mobilité urbaine, chez POW, je me focalise sur la protection des environnements naturels, notamment les montagnes. Les deux engagements se complètent parfaitement, car ils reposent sur une même conviction : il est essentiel d’agir pour préserver notre planète, que ce soit en ville ou dans les espaces naturels.

Qu’est-ce qui t’as motivé à t’engager, que ce soit dans ton boulot ou chez POW ? Et c’est quoi toi ton rapport au vélo ?

J’ai vraiment découvert le vélo en 2020. C’est à ce moment-là que j’ai eu mon réveil écologique. À l’époque, je bossais dans une entreprise qui fournissait des services aux aéroports, et le COVID a accéléré les choses : licenciement économique, déménagement à Annecy. J’ai repris possession de mon temps et de mon espace. En plus, j’ai été profondément marquée par la vision des stations de ski désertes pendant l’année blanche qui a suivi. Ça m’a frappée de voir à quel point on défigurait nos montagnes et l’impact que le ski a en termes de surconsommation des ressources. Ça m’a vraiment dégoûtée. C’est là que j’ai radicalement changé mes habitudes : j’ai intégré le vélo à mes trajets quotidiens et j’ai presque complètement laissé tomber le ski alpin pour le remplacer par le ski de randonnée. J’avais envie de réduire au maximum mon impact. Côté pro, j’ai aussi voulu faire bouger les choses, contribuer positivement à la société. En somme, pour moi, le vélo, c’est bien plus qu’un moyen de transport, c’est un outil extraordinaire pour les loisirs, les voyages, et l’aventure !

Un dernier message aux personnes qui vont te lire, peut-être à des gens qui hésitent à s’engager davantage en faveur du climat ? 

Je pense qu’il est urgent de mettre notre énergie et notre intelligence pour des entreprises à impacts qui sont alignées avec nos valeurs et nos enjeux. Le télétravail est un des héritages positifs du COVID et cela permet à des personnes comme moi de travailler depuis la Haute-Savoie sur des projets à impacts à l’échelle nationale. J’en suis ravie, il faut en profiter et ne pas hésiter à postuler dans des entreprises qui façonnent le nouveau monde de manière plus durable, avec des missions sociales justes. La transition écologique passe aussi par nos métiers au quotidien. Je serais ravie d’échanger avec vous sur ces sujets, vous pouvez me contacter via LinkedIn (Laura Dahan)🙂