Les récits de OUAT : Train to COP

Les récits de OUAT : Train to COP

Pour bien commencer l’année, on vous partage des récits de membres de l’association Once Upon A Train. Des voyages en train à travers l’Europe pour nous faire découvrir de nouvelles idées d’aventures sans voitures !
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Aujourd’hui, c’est le Train to Cop qui est à l’honneur. À l’instar du train du climat dans lequel des activistes de toute l’Europe se sont rendus à Glasgow pour la COP26, notre cher OUATee Mohamed Mezghani, Secrétaire Général de l’UITP a fait le voyage depuis Paris en empruntant les voies ferrées.

« Dès que j’ai pris la décision de participer à la COP, je me réjouissais à l’idée de prendre le train pour un tel voyage. En fait je devrais dire les trains. Ça a commencé avec le RER B un dimanche à midi entre Antony et la gare du Nord à Paris, pour culminer avec l’expérience d’une couchette individuelle du Caledonian Sleeper entre Glasgow et Londres, en passant par l’Eurostar, l’Azuma entre Londres et Edinburgh opéré par LNER, et le train de Scottish Rail entre Edinburgh et Glasgow sans oublier le métro de Glasgow qui fête ses 125 ans cette année. Bref une riche expérience ferroviaire … et humaine !
On a tendance à comparer le train à l’avion ou la voiture en ne considérant que la durée du voyage ou son coût. Ce sont peut-être des éléments tangibles mais ne considérer que ces éléments c’est passer à côté de l’expérience qu’offre le voyage. L’expérience du temps qui s’écoule et la manière avec laquelle on l’occupe. Il suffit de regarder les passagers des différents trains que j’ai pris pour s’en rendre compte. Ça va des occupations classiques – lire, écouter de la musique, dormir, travailler, discuter ou simplement rêver- à d’autres apparues plus récemment – regarder une vidéo ou participer à une réunion en ligne- ou simplement passer un moment de convivialité autour d’un verre au bar.
Le train est le lieu de convivialité par excellence. Elle se crée également dans les ‘carrés’ qui nous placent en face de quelqu’un ce qui rend la situation propice à entamer la discussion. La tablette qui sépare les personnes assises face à face est le terrain de toute sorte d’activités. Ceux qui y posent leur ordinateur et étalent des documents oublient qu’ils ne sont pas au bureau et ce n’est pas parce qu’on voyage pour le travail qu’on s’arroge tous les droits. A deux rangées de moi un couple avec sur la tablette un grand et beau bouquet de fleurs: c’est le train de la célébration. Anniversaire ou simplement le plaisir de se retrouver. Mes voisins eux jouent au ‘Shut the box’, je ne connais pas le jeu mais ça rigole bien. J’ai l’impression que l’un des deux essaie de tricher. Ils ne doivent pas se douter que j’écris sur eux.
Le voyage à bord du Caledonian Sleeper ponctue mon séjour écossais. J’ai terminé ma journée de travail, n’ai plus de chambre d’hôtel où me poser en attendant et doit trimballer ma valise car la consigne ferme trois heures avant le départ du train. Même s’il est très beau avec ses boiseries foncées et sa charpente métallique grise, le hall de Glasgow Central ne fait pas exception : il y fait froid en ce mois de novembre. Pour me réchauffer j’essaie d’imaginer le train que je vais prendre pour Londres, la cabine, le matelas, la couette. Je me dis qu’il doit y faire chaud. J’ai hâte de la découvrir. La dernière fois que j’ai pris un train de nuit c’était il y a 25 ans entre Almaty et Astana (maintenant Noursultan), capitale du Kazakhstan. J’y avais passé 18 heures avec pour seul paysage la steppe enneigée. Et à l’intérieur la chaleur humaine, les discussions interminables autour d’un thé chaud sans oublier la vodka qui se partage spontanément.

Je prends possession de mon compartiment. Il comprend deux couchettes superposées et un lavabo. Tiens, il y a une porte qui donne sur le compartiment voisin. Elle est fermée bien sûr. J’occupe seul cette cabine pour deux: c’est la règle sur ce train: si on ne réserve pas ensemble on ne se retrouve pas avec des inconnus. Pas de surprise possible qu’elle soit bonne ou mauvaise. Juste le temps de déposer mes affaires et me voilà en train de remonter le train passant d’une voiture à l’autre. J’ai hâte de le découvrir.

En fait il n’est pas si long: quatre voitures-couchettes, un restaurant et quelques sièges en plus pour ceux qui voyagent assis. Le couloir entre les cabines et la rangée de fenêtres est très étroit. Pas facile d’y passer avec des bagages ou quand on y croise une autre personne. Personne n’est debout pour regarder par la fenêtre. Ça c’était du temps où on se faisait accompagner jusque sur le quai à l’occasion d’un long voyage. Les adieux se passaient ainsi par fenêtre interposée.

Certains passagers sont déjà installés pour dîner, longtemps avant que le train ne commence à rouler. Il en sera de même à l’arrivée : on n’est pas obligé de descendre tout de suite, la voiture restaurant reste disponible en gare pour le petit déjeuner. Une manière de prolonger le plaisir et de profiter au maximum du train. Seuls les initiés semblent être au courant de cette convention. Pas moi en tout cas : j’avais diné avant de monter à bord et à cause de ma correspondance à l’arrivée je suis parti tout de suite.
La couchette est confortable et douillette. Elle m’offre la chaleur et le confort que je recherchais. Je ne tarde pas à m’endormir me laissant bercer par les mouvements du train. Nous atteignons Londres avec quarante minutes d’avance sur l’horaire prévu. Il n’y a aucune annonce, peut-être pour ne pas tirer brusquement les passagers de leur sommeil : on est censés comprendre que nous avons atteint notre terminus. J’avais mis mon réveil pour avoir le temps de me préparer. Juste le temps d’avaler un jus d’orange, offert à tous, et me voilà dehors.
Tout compte fait, le voyage est trop court pour un train de nuit : un peu de plus de sept heures. J’ai l’impression de ne pas avoir vraiment profité de l’expérience. Pas eu le temps de lire, d’écrire, pas eu l’occasion de papoter avec mes voisins qui comme moi restent enfermés dans leur cabine … Et comme je ne savais pas que le restaurant ouvrait avant et après le parcours, je n’en ai pas profité ni pour manger ni pour rencontrer d’autres passagers. Je suis encore débutant dans ce domaine. Alors j’ai envie d’apprendre, j’ai hâte de refaire un voyage en train de nuit. »

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