Montagne et transports : nos attentes avant les urnes

Après plusieurs articles et en complément du lancement de notre lettre ouverte, le moment est venu de parler de nos attentes en vue des régionales.
Que peut-on espérer ? Qu’est-ce qui nous semble urgent ?  
Les régions ayant chacune leurs spécificités, leurs projets en cours, leurs contraintes … l’idée n’est pas de donner une liste de mesures précises dans une région, mais de surligner certaines mesures globales et axes de réflexions à prendre en compte dans les programmes des candidat.e.s. 
Zoom sur nos attentes à travers quatre thématiques : Trains, vélos, route et montagne.

NB : Plusieurs organismes sont cités dans cet article. Nous rejoignons leur travail et leurs propositions en vue des régionales et mettons à disposition sous chaque partie des liens pour aller plus loin.

Le train

Comment ne pas commencer par le train ?   On a parlé dans notre dernier article (ici) du train de retard que la France avait sur la question du ferroviaire et de la nécessité de renverser la dynamique actuelle pour mener une transition sur la mobilité.  Moyen de transport incontournable de la transition et des politiques régionales, le train sera au cœur de nos attentes.  Voici quelques axes sur lesquels nous serons vigilants au moment d’aborder les programmes des candidat.e.s. 

Augmenter le trafic des TER 

Le trafic actuel ne suffit pas, des lignes sont fermées, d’autres sont réduites … il est urgent de redonner une place centrale au TER et ne pas se contenter des lignes à grande vitesse.  90 % des français résident à moins de 10km d’une gare, mais 30 % des gares ne desservent pas un service ferroviaire (source : Railcoop). Il faut inverser la tendance. 

Cela passe par exemple par :
– L’arrêt des fermetures de “petites lignes”
– La mise en place des plans de réouverture de lignes
– Relancer des projets régionaux pour dynamiser le réseau TER et améliorer le report modal du TER aux lignes à grande vitesse…
 

 

 

 

Shelter – Crédits: Jérôme Tanon

C’est une vision méprisante de dire les “petites lignes”. En région on ne peut pas les supprimer, sinon c’est la mort de la France. 1 

Bruno Gazeau

Président de la FNAUT

 Améliorer la fiabilité du réseau

En 2019, près d’un TER sur dix n’a pas pris le départ (9,7 %). Et pour ceux qui ont roulé, le taux de retard atteint 10 % 2 
Notre volonté n’est pas de dénigrer le réseau en mettant ces chiffres en avant, mais force est de constater que pour concurrence la voiture, le ferroviaire doit présenter une meilleure copie. Nous souhaitons donc que le TER devienne une solution plus crédible pour les utilisateurs quotidiens.
Cela passe par exemple par :
– Une augmentation de son taux de ponctualité
– Un renfort des bonus/malus liés à la qualité du service dans les contrats de délégation
– Instaurer un système de dédommagement des usagers plus juste

 

Une politique tarifaire plus incitative

Les tarifs pour prendre le train varient selon l’âge, les régions, l’heure, les abonnements … il est parfois difficile de s’y retrouver et le train est parfois loin d’être à la portée du plus grand nombre. 
Si certaines régions ont davantage avancé sur le sujet que d’autres, la politique tarifaire actuelle n’est pas assez incitative. Le train peut représenter un manque de fiabilité comme expliqué ci-dessus et peut être contraignant sur divers aspects par rapport à la voiture. Il est donc urgent de mettre en place différents tarifs et abonnements plus incitatifs, ainsi qu’une meilleure politique d’indemnisation en cas de problèmes (retards, annulations…), une meilleure flexibilité sur la possibilité de suspendre les abonnements…

Liens pour aller plus loin : 
https://www.fnaut.fr/la-fnaut-la-fub-et-lufc-appellent-a-une-nouvelle-donne-du-ter/ 
https://www.banquedesterritoires.fr/mobilite-urbaine-la-fnaut-deploie-ses-propositions-pour-une-ville-sereine 

 

Le train est un moyen de transport du passé qui a un bel avenir devant lui !

Alexandre Debaisieux

Directrice générale de Railcoop

Le vélo

Chez POW on aime le vélo, que ce soit en montagne ou en ville ! On va donc scruter attentivement la place du vélo dans les programmes électorales des candidat.es.
Avec +28 % de fréquentation enregistrée du 1er janvier au 2 mai 2021 par rapport à 2019, l’usage du vélo ne cesse de progresser, et ce quels que soient les milieux. Mais le chemin est encore long pour arriver à l’objectif de 12 % de part modal vélo en 2030.  La FUB et Vélo & Territoires ont lancé fin avril la plateforme Parlons Vélo 2021, que vous pouvez retrouver ici https://elections.parlons-velo.fr/  

20 propositions sont faites aux régions à travers 5 leviers d’action que vous pouvez retrouver ci-dessous. Parmi les propositions, nous pouvons retrouver :
– Confier la compétence vélo à 
un.e vice-président.e en charge des mobilités actives
– Structurer une filière économique autour de vélos et de services à forte valeur ajoutée
– Intégrer les itinéraires cyclables de tourisme et de loisir au SRDTL (schéma régional de développement du tourisme et des loisirs)
– Instaurer pour chaque lycée et université un Plan de Déplacement d’Etablissement ambitieux

Tous les détails à retrouver ici (https://www.fub.fr/sites/fub/files/fub/livre_blanc_regions_avec_infographie.pdf) et sur leur site.

La prochaine mandature sera la dernière ligne droite pour tenir le cap de la France à vélo 2030.
Les collectivités vont devoir se saisir des outils à leur disposition pour aller plus loin dans le développement des politiques cyclables. 

Chrystelle Beurier

Présidente de Vélo & Territoires , Vice-présidente du département de la Haute-Savoie

La route

Si l’on a pas mal parlé de l’omniprésence de la route dans la part des émissions de GES des régions, notamment à cause de la voiture individuelle, l’utilisation des bus ou le développement du covoiturage représentent des outils essentiels pour la mobilité

Le bus
Que ce soit pour être une alternative à la voiture dans les trajets du quotidien, pour être un chaînon de l’intermodalité permettant de faire le fameux « dernier kilomètre » lorsque l’on prend le train ou en tant que transports scolaires, le bus représente un moyen de transport incontournable aujourd’hui, particulièrement en milieu rural et chez les personnes n’ayant pas de voitures. 
Nous rejoignons les recommandations de la FNAUT sur la nécessité d’améliorer l’articulation trains-bus, d’augmenter la fréquence selon les territoires pour devenir une alternative crédible à la voiture, et de mutualiser encore plus avec le transport scolaire. 
https://www.fnaut.fr/region/pays-de-la-loire/les-cars-un-outil-essentiel-pour-la-mobilite/

Le covoiturage
La voiture reste obligatoire pour un grand nombre de personnes, que ce soit dans les trajets du quotidien ou pour partir en vacances. Et ce n’est pas en quelques coups de baguettes magiques que la situation changera. 
Il est donc nécessaire d’augmenter la part de covoiturage en France, car même si ce-dernier progresse ces dernière années, le covoiturage reste une option marginale.
Des choses sont et vont être mises en places, comme très récemment le Forfait Mobilités Durables 3 mais il reste un long chemin à parcourir. Surtout après une crise sanitaire qui a laissé des traces et qui n’était pas vraiment propice au fait de covoiturer avec d’autres usagers.
C’est pourquoi nous souhaitons voir des mesures arriver dans ce sens, comme : – La mise en place de réseaux et de stations de covoiturages
– Des voies dédiées au covoiturage
– Des incitations économiques au covoiturage et à l’autopartage
L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) a listé quatre grands leviers pour une politique de covoiturage : 

Et pour la montagne?

Au delà des mesures souhaitables à l’échelle du territoire national, c’est notre passion et l’impact du transport à destination de nos espaces favoris qui nous motivent à nous engager dans ces élections. On ne pouvait pas finir cet article sans tirer la couverture vers nous et sans faire part des attentes spécifiques à nos territoires de prédilection. Il y a bien sûr de nombreux axes sur lesquels agir pour la mobilité douce en montagne, on a choisit de vous présenter les quatre mesures suivantes car elles nous paraissent essentielles. 

Le covoiturage comme seconde nature
Comme mentionné dans le paragraphe précédent, le covoiturage est une des solutions les plus adaptées aux territoires ruraux et à faible densité. Pour la mobilité quotidienne des habitants de la montagne, cela nous apparait comme la solution la plus pertinente à court et moyen terme et la moins restrictive. Les régions pourraient en outre s’appuyer sur la solidarité des habitants de la montagne pour cadrer, organiser et encourager un tel service.

Des packs touristiques
On attend des régions qu’elles puissent encourager, faciliter et soutenir les destinations qui souhaiteraient mettre en palce des systèmes de gratification à destination des vacanciers qui viennent en transports bas carbone. Certaines destinations ont déjà emboité le pas avec des partenaires comme TicTacTrip, les régions doivent pouvoir participer aux déploiements de telles offres à une plus grande échelle. 

Horaires et fréquences adaptées aux pratiques
Nous sommes nombreu.se.s à vouloir intégrer les mobilités douces dans nos aventures, mais nous heurtons souvent à l’incompatibilité de nos pratiques et des horaires proposés. Ainsi il nous apparait important de voir les différents systèmes de transports proposer des aménagements horaires qui puissent nous permettre de partir en montagne à des heures plus adaptées aux pratiques montagnardes.

Aménagements spécifiques à l’équipement
Que ce soit pour des skis, un snowboard, un vélo ou la majeure partie des équipements de sport de plein air, les options limitées de stockage des bagages dans le train notamment restent un frein à une utilisation massive par notre communauté. Nous pensons qu’il serait opportun de réfléchir à des aménagements qui facilitent le transport de notre matériel chéri. On pense notamment aux casiers à ski que l’on retrouve dans certains trains suisses, ou des rames permettant le transport des vélos en plus grand nombre.

Berio Ski – Crédits: Alex Chambet